Le Mariage de Figaro ou la folle journée, Beaumarchais
Par Raze • 3 Mai 2018 • 2 350 Mots (10 Pages) • 700 Vues
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« Hé mais…. Je ne sais ce que je dis ! » (19)
« En cédant ta place au jardin, tu n’y vas pas mon cœur » (20)
« C’est que je ne suis qu’une étourdie » (23)
La didascalie :
« Elle lui baise au front » (24) (La Comtesse baise Suzanne au front)
L’emploie du nom « mon cœur » de la part de la Comtesse envers Suzanne marque le retour à leur amitié et leur complicité : ce mot témoigne de l’affection de la Comtesse, ainsi que de sa désolation.
Réaction de Suzanne :
Les propos de la Comtesse sont très blessants pour Suzanne comme le souligne les didascalies et les expressions :
- Didascalies :
« se jette à genoux » (15)
« la relève » (19)
Suzanne apparait comme une héroïne tragique qui souffre comme le traduit les exclamations et les expressions qui font penser à la tragédie :
« Bonté divine » (8)
« Au nom du ciel, espoir de tous » (15)
« Comme vous m’avez affligée !» (22)
« Vous ne savez pas Madame, le mal que vous faîtes à Suzanne ! » (17)
Il est intéressant de regarder comme le metteur en scène représente ce tragique en plein comédie.
L’éloignement de leur relation et l’aspect tragique se manifeste particulièrement par le fait que Suzanne parle d’elle-même à la 3ème personne. En effet, la tragédie est notamment présente au travers de l’expression :
« Vous ne savez pas, Madame, le mal que vous faites à Suzanne ! « (17)
Puisque Suzanne révèle toute la profondeur et la violence des propos agressifs de la Comtesse envers Suzanne qui provoquent chez elle une vive blessure. Suzanne parle d’elle-même à la 3ème personne afin de se protéger en s’éloignant des événements, de la situation et de la Comtesse. Elle se protège en s’éloignant des mots de la Comtesse par l’emploi de « Madame » (17), le vouvoiement avec « vous » (17) et sa prise de parole à la 3ème personne.
Suzanne est franche et elle exprime la douleur qu’elle ressent, causée par les propos agressifs et violents de la Comtesse à son égard.
Néanmoins, la Comtesse se rend compte de son malentendu. La fin du malentendu se révèle l’emploi du passé composé dans l’expression « Que vous m’avez affligée ! » (21) qui suggère alors que le malentendu est passé.
Suzanne prend donc assez facilement du recul vis-à-vis des accusations de la Comtesse et de la situation.
Suzanne rappelle les qualités de la Comtesse avec le groupe nominal :
« Après vous bontés continuelles » (17)
« (…) et la dot que vous me donnez » (17)
Ce qui permet à la Comtesse de se rendre compte des injures qu’elle dit au sujet de Suzanne à cause de sa colère. Elle se rend alors compte du malentendu qui aiguise les tensions entre ces deux personnages pourtant complices. Elle sort alors du tragique comme le montre l’expression exclamative :
« Hé mais…. Je ne sais ce que je dis ! » (19)
La Comtesse redevient donc lucide.
II/ Le malentendu dissipé, la Comtesse agit comme un metteur en scène
Après la réaction de Suzanne qui permet à la Comtesse de prendre conscience des injures et des atrocités qu’elles prononcent à l’égard de Suzanne, la Comtesse sort du tragique qui l’enfermait et elle redevient lucide, ce qui lui permet de comprendre la situation et d’agir en conséquence comme le suggère l’expression :
« En cédant ta place au jardin, tu n’y vas pas, mon cœur » (20)
« (…) tu tiens parole à ton mari ; tu m’aides à ramener le mien » (21)
L’emploi de « mon cœur » (20) traduit une complicité et une affection retrouvée entre les deux femmes. Cette affection retrouvée se retrouve ensuite avec les didascalies de tendresse :
La Comtesse : « Elle lui baise au front » (23)
Suzanne : « Elle lui baise la main » (25) qui traduit également la différence de hiérarchie entre ces deux personnages.
Le malentendu est donc bien dissipé et le projet de la Comtesse peut alors de nouveau avoir lieu. Il reprend de plus belle grâce à la détermination de la Comtesse. En effet, elle comprend que son objectif de reconquérir son mari peut avoir lieu, en prenant le rôle de Suzanne au moment du rendez-vous avec le Comte. Elles envisagent alors d’échanger leur costume et leur rôle pour tromper le Comte, et lui donner ainsi une bonne leçon.
La Comtesse agit comme un metteur en scène puisqu’elle organise le rendez-vous de Suzanne avec le Comte afin d’échanger leur costumes afin de faire passer la Comtesse pour Suzanne, lui permettant ainsi de donner une bonne leçon au Comte, tout en récupérant son amour (du Comte). En effet, elle fixe le lieu du rendez-vous comme le montre :
« Où est ton rendez-vous ? » (24)
En agissant comme metteur en scène, la Comtesse apparait autoritaire puisqu’elle donne des ordres nettes et précis à Suzanne qui les exécutent comme le révèle les verbes à l’impératif :
- « Prends cette plume » (27)
- « (…) fixons un endroit » (28)
- « Il le faut » (30)
- « dépêche » (40)
- « Ecris sur le revers » (41)
- « Prends celle-ci » (46)
- Etc…
Néanmoins, Suzanne émet une petite tentative de résistance avec son exclamation :
« Lui écrire
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