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Commentaire rédigé Joel pommerat

Par   •  7 Mars 2018  •  1 726 Mots (7 Pages)  •  432 Vues

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De plus, le dialogue est une forme au service d'une argumentation plus ou moins dissimulée.

En effet, par le dialogue, Mme de Grancey essaye de convaincre l'abbé de Chateauneuf.

Tout d'abord, elle argumente ses propos en évoquant nos origines (référence à Dieu) : " la nature nous a fait des organes différents de ceux des hommes; mais en nous rendant nécessaire les uns les autres, elle n'a pas prétendu que l'union format un esclavage" à la ligne 33 . Elle affirme que les hommes et femmes sont différents mais complémentaires et donc égaux, c'est pourquoi elle rejette le fait que la femme soit inférieure à l'homme. Elle remet ainsi en question les traditions religieuses de façon irrespectueuse. L'abbé, choqué, réagit en disant que ce sont les épîtres de Saint Paul, s’appuyant ainsi sur l’idée qu’on ne discute pas un texte biblique.

Ensuite, l'auteur utilise le procédé de l'ironie pour souligner la ruse de la femme - " parce qu'un homme a le menton couvert d'un vilain poil rude[...] et que mon menton est né rasé" de la ligne 39 à 40. En effet, elle évoque des éléments pour dévaloriser l'homme et ridiculiser les arguments de l’abbé.

De plus, la femme prouve que la seule force supérieure des hommes sont leurs avantages physiques mais que ce n'est pas une supériorité intellectuelle : « [...] ils peuvent donner un coup de poing mieux appliqué : j'ai bien peur que ce ne soit là l'origine de leur supériorité" aux lignes 48 à 50.

Dès lors, elle défend donc la femme intelligemment, et ainsi remet en cause l'intelligence de l'homme.

Mme de Grancey a donc pour but de contredire chacun des arguments de la thèse adverse.

Par ailleurs, l'utilisation de son expérience individuelle permet d'être représentative de toutes les autres : l’époux n'a pas à posséder sa femme ni à la dominer : "Quand j'épousais M.Grancey, nous nous promîmes d'être fidèles: je n'ai pas trop gardé ma parole, ni lui la sienne; mais ni lui ni moi de promîmes d'obéir. » aux lignes 24-25.

De même, l'auteur cherche à accentuer la difficulté d'être une femme par les propos de Mme de Grancey: "N'est-ce pas assez qu'un homme, après m'avoir épousée, ait le droit de me donner une maladie de neuf moi, qui quelquefois est mortelle?" aux lignes 28-29. L'évocation de la souffrance ressentie durant la grossesse permet de manifester le fait que les femmes souffrent déjà assez et qu'elles n'ont pas besoin, en plus, d'être soumises. Mme De Grancey affirme donc un fort tempérament en dénonçant la bêtise des femmes de l'époque à accepter ces conditions de vie.

En fin de compte, on perçoit que Mme de Grancey maîtrise totalement l'art de convaincre sans trop vraiment sans rendre compte.

Ensuite, nous pouvons voir comment Mme de Grancey essaie de persuader son interlocuteur (et comment, derrière tout cela, Voltaire pousse son lecteur à la réflexion).

En effet, en jouant avec les émotions, grâce à différents propos, Madame de Grancey ridiculise les hommes afin de les réduire à un physique, c'est à dire qu'aucune de leur qualité intellectuelle n'est citée.

Pour cela, elle en appelle à la sensibilité et aux sentiments en mettant en avant ce que subissent les femmes : "très-grandes douleurs" ; "incommodités très-désagréables" aux lignes 28 et 30.

Le discours de la femme est essentiellement à la première personne ce qui l'implique donc personnellement. Cependant, c’ est une représentation de toutes les femmes qui est aussi donnée à lire ici. L'auteur utilise pour cela des questions rhétoriques afin d’amener le lecteur à se poser des questions sur la condition de la femme et veut persuader par des arguments valables que la cause que Mme de Grancey défend est juste.

L'utilisation d'hyperboles force alors le jugement de l'abbé et le pousse à compatir au sort des femmes comme lorsqu'elle évoque les "très-grande douleur" de l'accouchement. L’exploitation d'une image saisissante permet de heurter l'imaginaire de l'interlocuteur et dévoile une quête d’empathie à l'égard du statut de la femme et de ses conditions. Dans son discours, le personnage recherche également une implication de la part de l'interlocuteur en l'invitant à confirmer ses propos comme à la ligne 23 où la Maréchale termine sa phrase par "s'il vous plaît" qui n'est pas ici une formule de politesse.

Enfin, l'auteur passe subtilement du JE au NOUS : Mme de Grancey parle donc au nom des femmes, et prouve qu'elle n'est pas seule à soutenir et à penser ces idées.

En somme, on perçoit que Mme de Grancey a totalement l'art de persuader.

Pour conclure, le dialogue est bien une forme permettant de montrer que Madame de Grancey est une femme de caractère étant donné qu'elle possède une parole spontanée et franche. L'auteur, fait d'elle une femme libérée ce qui lui permet aussi de dénoncer les conditions de vie de la femme en général au XVIIIème siècle. Par ailleurs, grâce au dialogue, elle convainc et persuade son interlocuteur avec des arguments plus ou moins dissimulés. En résumé, le dialogue permet donc bien ici à Voltaire de dénoncer les conditions de la femme.

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