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Commentaire la duchesse de Langeais

Par   •  15 Octobre 2018  •  2 745 Mots (11 Pages)  •  880 Vues

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La dramatisation de la pièce rend le dialogue vivant, mais donne aussi part du caractère polémique de l’échange. La tension est traduite est entre autres traduite par la modalité des phrases exclamatives comme « Je veux ! » ou par les indications qui permettent au lecteur de les imaginer telles-quelles : « s’écria-t-il ». Toutefois, les phrases exclamatives caractéristiques à la dispute ne dominent pas le dialogue. En effet, l’affrontement verbal a lieu entre deux personnes de rang qui se doivent de respecter la bienséance. Après l’entrée du général, la duchesse rétablit immédiatement l’ordre en réintroduisant le vouvoiement à l’échange. Mais les formes polies ne font que cacher la brutalité de l’échange : « je vous prierai de me laisser tranquille ». L’affrontement entre les deux aristocrates se déroule majoritairement à travers les phrases interrogatives, qui dominent amplement le dialogue. Les interrogations rhétoriques telle « Puis, que signifie votre je veux » prennent une tournure ironique. La duchesse reprend les paroles du général afin de remettre en question le général et de le déstabiliser. Elle se moque, l’insulte même en qualifiant son « je veux » de « très ridicule, parfaitement ridicule ». La répétition du mot amplifie d’autant plus le caractère blessant de cette remarque. Les questions rhétoriques sont parfois aussi menaçantes : « Et si, me fiant à vos promesses, je l’exigeais ? » ou traduisent un défi : « je serais charmée de savoir comment vous vous y prendriez ». Cette réplique est une véritable provocation envers Armand de Montriveau, à laquelle le général répond « en riant de façon à effrayer la duchesse ». Chaque attaque verbale par un des amants est d’emblée répondue par une autre. La pensée d’Armand à la fin du dialogue explicite clairement la bataille verbale qu’a été le dialogue, et le début d’un combat plus large qu’il a marqué : « nous allons jouer maintenant une partie d’échec ».

Balzac dramatise ici la rencontre entre la duchesse et le général, qui s’affrontent dans une véritable bataille de mots. Mais ce dialogue polémique est aussi l’occasion de dévoiler la forte personnalité des deux personnages et la particularité de leur relation amoureuse.

La duchesse aime séduire et faire céder les hommes à ces caprices, mais sans pour autant elle même succomber aux désirs de ses amants. Elle se comporte en amour comme une demoiselle dont le chevalier doit faire la conquête en surmontant de multiples obstacles. Très vite elle fait comprendre sa vision de la démarche de séduction que doit suivre la gente masculine : « les duchesses pouvaient bien se prêter à l’amour, mais ne s’y donnaient pas, et que leur conquête était plus difficile à faire que ne l’avait été celle de l’Europe. » La conquête de l’Europe renvoie évidemment au grade de général d’Armand de Montriveau, mais aussi au mythe où Zeus se transforme en taureau pour séduire la jeune Europe. La volonté de domination d’Antoinette se fait d’emblée ressentir en rétablissant le vouvoiement afin de maintenir des distances avec Armand qui l’avait lestement tutoyé. La duchesse se révèle être une vraie stratège dans son combat avec le général, comme en témoigne l’antithèse « le repoussant avec force et calme » qui montre la subtilité de son geste en réalité brusque. Elle devine les pensées en lisant « sur le front d’Armand » et sait quand agir au bon moment lorsqu’elle « juge que l’instant (est) venu ». Avec le mot « maîtresse », elle joue sur le double sens en l’utilisant ici comme le féminin du terme maître et nom pour signifier amante. Le général est tout de suite mis en garde par Antoinette qui s’affirme être supérieure à travers les ordres qu’elle lui adresse comme l’impératif « ne me compromettez pas » et « respectez-moi ». Elle le menace implicitement d’’appeler sa femme de chambre : »Ma femme de chambre pourrait vous entendre » ce qu’elle fera et lui donnera incontestablement le dessus sur le rapport de force. C’est à ce moment que le général comprend que la duchesse n’hésite pas à faire souffrir ses amants pour continuer à les dominer, et qu’elle est en réalité une « femme froide et tranchante plus que l’acier ».

Le général ne se laisse toutefois pas abattre et relève lui aussi d’un fort tempérament. Tout comme la duchesse, il souhaite être le dominant dans la relation amoureuse, comme en témoigne le champ lexical de la volonté : « je veux », « j’exigeais », « exigences ». On retrouve son rang de général dans son rapport à la duchesse, qu’il veut faire se soumettre : « Vous ne me céderiez rein sur ce point ? ». Il ne doute pas de sa victoire qu’il affirme même avec certitude : « « Quand je voudrai sérieusement ce dont nous parlions tout à l'heure, je l'aurai. » Le militaire est la représentation même de la force impulsive. Tant il est impatient de faire céder Antoinette à son désir qu’il oublie le vouvoiement propre à son statut social : « si tu disais vrai ». Le général se montre cependant moins subtil qu’Antoinette. Il utilise des stratégies beaucoup plus directes pour que la duchesse s’offre à lui. Il en vient presque à l’en forcer physiquement : « il voulut s’élancer », et la menace :directement « je l’aurai ». Il comprend q’il ne réussira pas par la violence, et tente en riant « de façon à effrayer la duchesse » de la déstabiliser malgré avoir perdu la première bataille. Mais la métaphore finale marque la détermination du général, qui s’engage sans hésiter dans la « partie d’échec » que propose la duchesse. Armand de Montriveau a accepté le combat stratégique que représente sa conquête amoureuse. Le lecteur ressent que le militaire orgueilleux ne laissera pas cette défaite impunie, et la vengeance s’annonce terrible.

Balzac dépeint à travers cet affrontement la relation amoureuse entre les deux protagonistes à fortes personnalités, mais dépeint à travers eux aussi sa vision du monde de l’époque.

A travers Antoinette de Langeais, Balzac donne image l’aristocratie su 19eme siècle. La duchesse mène une vie mondaine : elle dispose d’un « boudoir », est servie par une « femme de chambre » et a des prétendants comme « monsieur de Marsay » qui l’invitent au bal. Son langage est propre à celle des aristocrates, qui se doivent de vouvoyer et de parler de manière distinguée en employant des formules de politesse tel « je vous prie ». Mais elle considère aussi mériter du respect pour son rang et n’hésite pas a se montrer en tant que figure d’autorité : « Respecter-moi ». Antoinette de Langeais se sent supérieure

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