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Commentaire de L'Idée de du Bellay.

Par   •  29 Mai 2018  •  1 527 Mots (7 Pages)  •  738 Vues

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» à « l’éternel », la « journée » évoquant la brièveté de la vie humaine, et l’éternel, symbolisant l’infini du temps, renforcé par le rejet au début du vers 2. Le « moins que » accentue cette insignifiance de la vie humaine.

Puis dans les vers 2 et 3, il révèle l’irréversibilité du temps vécu. L’homme ne peut revivre le temps passé. Il personnifie alors le temps par les verbes « faire le tour » et « chasser », qui souligne cette cruauté du temps envers l’homme. Le passage de « « l’an » aux « jours » renforce cette prise de conscience pour l’homme du temps qui s’amenuise jusqu’à la mort. Si la révolution que fait la terre en un an se répète, il n’en va pas de même pour la vie de l’homme. La rime intérieure « jours », « sans espoir de retour » insiste sur cet aspect irréversible du temps.

Enfin, le dernier vers du premier quatrain insiste sur le caractère irrémédiable de la mort. L’inversion de « périssable » accentue la mort et oppose « chose née » à périssable ». L’homme nait pour mourir. Et l’adjectif indéfini « toute », souligne bien que rien n’échappe à la mort.

2. Un monde d’obscurité

La vie terrestre n’est donc qu’un monde obscur, comme le souligne Du Bellay par l’emploi de l’adjectif substantivé « l’obscur » (v.6). Ces adjectifs substantivés sont des créations de La Pléiade pour enrichir la langue française au XVIème siècle. (cf Défense et Illustration de la langue française du même auteur Du Bellay.). « Obscur » et « jour » forment de plus un oxymore qui accentue cette dualité platonicienne de l’homme, qui est aussi marquée par l’antithèse « obscur » et « clair séjour ». L’âme humaine vit dans deux mondes totalement opposés !

L’emprisonnement renforce cette idée d’obscurité. L’âme est emprisonnée dans le corps humain et dans ce monde terrestre puisqu’elle aspire à un monde idéal dont elle a la nostalgie. Le participe passé « emprisonnéé » insiste sur cette passivité de l’âme.

Du Bellay reproche à son âme de se contenter de cette vie humaine. Ce double reproche se traduit par deux interrogatives rhétoriques qui constituent le second quatrain. « Que songes-tu… ? (v.5) Pourquoi te plaît… ? » (v.6). Il dénonce la laideur du monde et révèle en même temps le pouvoir élévateur de l’âme rendu par l’image « Tu as au dos l’aile bien empennée » (v.8), image reprise à Platon. Les âmes ont des ailes pour pouvoir remonter dans le monde des idées. « Empennée » est là aussi un mot inventé par La Pléiade pour enrichir la langue française et pouvoir en faire une langue poétique.

B. L’atteinte de l’absolu

C’est donc une peinture de l’idéal que veut atteindre Du Bellay dans ce sonnet.

Cet idéal est une aspiration universellement partagée. Les articles définis soulignent bien la perfection de ce monde : « le bien, le repos, l’amour, le plaisir, L’Idée » Tous ces termes mélioratifs révèlent l’atteinte d’un bonheur suprême recherché par l’homme, et par tout homme. La répétition de « tout esprit » (v.9), « tout le monde » (v.10) généralise ce désir humain.

C’est donc un monde de sérénité qui cumule les valeurs de bonheur, mais c’est un bonheur abstrait puisqu’il appartient au monde des Idées, monde platonicien de l’intelligible inaccessible à l’homme mais dont il peut percevoir certains échos dans le sensible. La majuscule du mot « Idée » révèle bien cette connotation philosophique platonicienne et son inaccessibilité. Ce dépassement du réel est aussi évoqué par l’enjambement « l’Idée/de la beauté » qui met en valeur cette recherche poétique de l’esthétique. Si c’est le philosophe, chez Platon, qui peut comprendre ce monde des Idées au-delà de ce monde terrestre de l’apparence, c’est le poète, pour Du Bellay qui peut atteindre l’esthétique pure au-delà du beau terrestre qui n’est que l’apparence de l’Idée du Beau. C’est d’ailleurs ce qu’il exprime dans le dernier vers du poème : « l’Idée/de la beauté qu’en ce monde j’adore. »

CONCLUSION :

Ce sonnet est donc l’expression d’un idéal. Idéal humaniste par sa forme construite de sonnet et son inspiration platonicienne. Il reprend en effet la dualité de l’univers par un jeu d’opposition : clarté/obscurité ; fuite du temps/éternité ; monde terrestre, prison de l’âme/monde des Idées, mais il est aussi la quête d’un idéal esthétique dont le monde terrestre n’est qu’une représentation d’apparences. Il lance donc ainsi une idée capitale qui sera reprise ensuite aux XIXème et XXème siècles : le poète doit porter un autre regard sur le monde pour voir au-delà des apparences. Il deviendra même ensuite un « Voyant » ( cf Rimbaud) devant percevoir, par sa sensibilité, ce que le commun des mortels ne

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