Commentaire aragon
Par Ninoka • 13 Mars 2018 • 1 045 Mots (5 Pages) • 523 Vues
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sont justes connotés : dans ce contexte, ils permettent d’associer l’idée de la mort : talus, dans la terre, inscription, ramassé, termina, âme = il y a une sorte de détour dans l’évocation de la mort, quelque chose d’allusif qui est troublant.
B.Un récit enchâssé
Cette mort se vérifie dans deux sizains bien distincts : la mort du joueur d’ocarina et celle de l’enfant.
Récit enchâssé : le retour en arrière se fait à partir du moment où Aragon voit les tombes : le souvenir, c’est celui qu’il a eu à ce moment-là. Le décrochage temporel de la réminiscence se poursuit donc.
Ces deux morts sont décrites de façon très poétique : la mort est personnifiée « la mort qui vint à tire-d’aile/Entre ses doigts le termina » (métaphore de la balle dans « à tire-d’aile » ?) ; son âme a joué la belle = personnification : terme d’argot pour dire s’échapper ; l’âme comparé à l’oiseau. Magnifique passage ! Mais pathétique.
La mort, prétexte au récit, puisqu’on s’arrête voir les tombes, se diffuse dans tout le poème. Le souvenir des camarades tués est merveilleusement sublimé dans la poésie.
III.La mort d’Aragon
Pourtant la vision des tombes et le souvenir des camarades entraînent Aragon dans une expérience limite qui le porte à la confusion : la découverte de sa propre tombe.
A.La confusion du poète
Quatrième sizain : quatre tournures interrogatives : le jugement de l’énonciateur est mis en suspens, le doute l’étreint. + jeu sur l’oralité, le bredouillage « J’ai-t-il mal vu j’ai-t-il mal lu »
Le poète refuse d’y croire, mais doit se confronter à la réalité : c’est « pourtant »
Le dernier sizain : un tableau : immobilité, car il n’y a pas de verbe avant le dernier vers. Reprise des éléments de la première strophe : arrêt sur image de la stupéfaction.
Quel est celui qu’on prend pour moi ?
B.L’expérience limite
Mon nom, ma demeure = Aragon découvre sa propre tombe parmi les tombes neuves.
Le cœur muet les yeux au ciel = qqun est enterré là, position du corps
Deux lectures possibles : une lecture littérale : on a cru Aragon mort, et quelqu’un est là sous la terre qui porte son nom. / une lecture symbolique : Aragon n’est pas mort, mais il est semblable à un mort : ce mort, c’est Aragon : depuis 6 semaines deux mois (durée imprécise parce qu’on perd ses repères). Même le doute du dernier vers peut-être interprété dans ce sens : Aragon est-il encore Aragon, est-il lui-même ?
Le souvenir se construit dans un récit vécu au présent par le poète, qui revit le traumatisme d’un instant terrible. Cet instant convoque la mort. Mais nous ne pouvons nous attendre, pas plus que lui, à une telle découverte : c’est la mort d’Aragon lui-même qui nous est donnée à voir. Cette mort, nous ne pouvons la lire que de façon symbolique. Pour autant, elle n’en reste pas moins tout à fait efficace : Aragon, le jeune homme enjoué et rêveur, disparaît à tout jamais. « Je suis mort en août mil neuf cent dix-huit sur coin de terroir », écrit-il au début du poème suivant. Seul l’amour d’Elsa, et une nouvelle foi en l’humanité, pourra le faire renaître
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