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Commentaire Vinaver

Par   •  14 Avril 2018  •  1 347 Mots (6 Pages)  •  408 Vues

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Seule Sue parle en termes concrets de « viande » qu’elle a découpée pendant la nuit mais ne précise pas sa provenance, qui est connue de tous. Ed parle de « ça » à la ligne 17 ; Nan, croyant entre les paroles de son père, dit « faites-le » à la ligne 29, et Bess évoque « ce qu’elle a fait » à la ligne 37. Personne ne met un nom sur la chose, personne ne prononce le mot d’anthropophagie, comme si le dire donnera de la vie, du concret, du réel à la chose. Sue évoque cet acte avec humour, comme pour se distancier de l’acte, niant le fait d’être bouchère mais maniant la viande avec dextérité, ce qui rend le tout quelque peu comique. Elle parle de ces « quelques tranches de viandes », se veut anodine mais ne l’est pas. La brièveté des répliques, hormis celles de Bess qui traduit son exaspération, contribue à créer une atmosphère grave et tendue. On se prépare à une osrte de rituel de transgression où une forme d’humour noir se glisse cependant : le « tissu des muscles » des survivants fait écho à la viande des corps des morts.

Les deux dernières répliques sont lourdes de sens dans leur brièveté même. Pat affirme qu’une seule chose est sacrée « la vie » ; elle donne ainsi sont sentiment sur cette décision qui apparait à un moment aussi infranchissable que le sommet qui les sépare des secours, le sommet à atteindre dans la hiérarchie, le dépassement physique et morale pour s’en sortir. Elle semble aller dans le sens de Bess mais l’infirme en réalité. Ensuite, dans la diachronie du texte, on remarque que plus la situation est critique, plus l’humour est décalé. Le sérieux laisse place à une légèreté des propos qui fait contraste avec la situation dans laquelle ils se trouvent tous, et de par ce contraste, Vinaver transgresse l’éthique.

Vinaver se sert de l’humour, mais ne veut pas rendre sa pièce burlesque. Il veut mener à une réflexion sur la société actuelle dans le monde des affaires et à la valeur de la vie. Le risque de cette pièce est donc de faire un contre-sens en faisant rire le spectateur, simplement comme pour une comédie. Il dit lui-même de sa propre représentation, qu’il aura dirigé en co-metteur en scène « Ce n’est pas un de nos meilleurs souvenirs. Nous sommes d’accord pour penser que nous nous sommes trompés sur la scénographie, avec des conséquences incontrôlables sur le jeu. » Alain Françon lui-même déplore « l’hyper naturalisme de la mise en scène qui avait nui à la représentation du texte […] et occultait les vrais enjeux de la fable et de la parole », ce qui nous mène au controverser débat du « théâtre est-il fait pour être lu ou joué ? ».

Tournant en dérision le raisonnable, rendant ce qui l’était déraisonnable, inversant la hiérarchie complète et transgressant le tabou en donnant une dimension sacrée à la vie, Vinaver traite donc ce moment crucial en banalisant le tabou et en renverse l’éthique à travers ses personnages tous plus représentatifs de la sociétés actuels qu’on ne pourrait le croire.

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