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 C’est du roman ! 

Par   •  28 Novembre 2018  •  1 388 Mots (6 Pages)  •  531 Vues

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romanesque est souvent un être sans qualités particulières. [Exemples] Frédéric Moreau (Flaubert, L’Éducation sentimentale), Gervaise (Zola, L’Assommoir), Meursault (Camus, L’Étranger).

Immergé dans la vie quotidienne, il suit une trajectoire « ordinaire » et plausible. Le lecteur s’y intéresse parce qu’il y croit. Il s’identifie à celui qui lui ressemble et représente, comme en un miroir, l’humanité moyenne. Balzac veut « faire concurrence à l’état civil ».

Il est représentatif de la société (en tant que personnage-type) et permet au romancier de faire passer sa vison de la société. [Exemple] Georges Duroy dans Bel-Ami se caractérise par des préoccupations matérielles, un milieu et une existence ordinaires. Ainsi, il est un type social du roman réaliste. Il nous intéresse parce qu’il permet de mieux comprendre notre monde.

2. Une morale « incarnée » à notre portée

Son destin ne propose pas un idéal inaccessible, mais des objectifs que l’on peut atteindre. Ainsi, il peut donner de l’optimisme [exemples personnels].

Il illustre les défaites de l’existence d’autrui et fait que le lecteur se sent moins seul en partageant les déboires d’un personnage ordinaire [exemples personnels].

La proximité avec le personnage permet de mieux faire passer aux lecteurs le message du romancier [exemples personnels].

III. Une fausse alternative ?

Enfermer le personnage de roman dans une alternative (doit-il être admirable ou ordinaire ?) ne rend pas compte de la complexité du roman et de ce qui suscite l’intérêt du lecteur.

1. La transfiguration d’un personnage banal en personnage admirable

Des événements personnels ou historiques (l’intrigue du roman imaginée par le romancier) peuvent transformer un homme en héros, en révélant un caractère et un destin extraordinaires. [Exemples] J. A Suter (Cendrars, L’Or), Angelo (Giono, Le Hussard sur le toit).

Des personnages qui vont au bout de leur destin, par exemple en accomplissant des choix difficiles, se chargent d’une aura de grandeur. Simenon dit bien : « un personnage de roman, c’est n’importe qui dans la rue, mais qui va jusqu’au bout de lui même. » [Exemple] Jean Valjean devient admirable (Hugo, Les Misérables).

Le roman révèle la part d’héroïsme cachée dans la banalité de la vie de chacun. À travers des êtres humbles, le romancier permet à l’homme de mieux connaître ses potentialités et sa part d’exception. [Exemples] Le héros du Père Goriot de Balzac, « Christ de la paternité » ; le narrateur de À la Recherche du temps perdu de Proust découvrant sa vocation d’artiste.

2. Héros ou commun des mortels ? Tout dépend…

Le choix de l’héroïsme ou de la banalité du personnage dépend de ce que l’on attend de la lecture d’un roman et de la mission que se fixe le romancier.

Si le lecteur attend que le roman le fasse rêver, si le romancier veut exalter son lecteur, leur choix se portera sur les héros admirables.

Si le lecteur cherche un moyen de mieux comprendre le monde qui l’entoure, si le roman est pour l’écrivain un instrument d’exploration, s’il veut « peindre » le monde tel qu’il est et l’expliquer (roman réaliste et naturaliste) ou encore dénoncer ses travers (roman engagé), le roman sera peuplé de personnages donnant une (presque) parfaite illusion de la réalité.

3. Combiner des êtres d’exception et des êtres ordinaires

Rien n’empêche de faire cohabiter ces deux types de personnages. [Exemple] Malraux, La Condition humaine (Kyo, le héros ; Clappique, homme de l’humanité moyenne).

Cela permet au romancier de donner une image plus fidèle de la réalité où personnages admirables et hommes ordinaires coexistent. 

Cela permet de mettre en valeur les uns par les autres, par contraste. [Exemples] Les Thénardier mettent en valeur Jean Valjean ; Grand et Cottard mettent en valeur Rieux (Camus, La Peste).

Être complexe et protéiforme, le personnage de roman ne saurait se réduire à une définition trop schématique. C’est en fonction de son lectorat, de sa conception du roman que l’écrivain choisit de faire de ses personnages des êtres admirables ou des hommes ordinaires. Mais faut-il s’étonner que le roman propose des types de personnages aussi divers ? [Ouverture] Rien de surprenant, puisque le roman est une œuvre artistique, au même titre que la peinture. Or, l’art est un « miroir » qui déforme, mais, par là même, nous révèle à nous-mêmes, plus « vrais que nature ».

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