Éloge funèbre d'Emile Zola Anatole France 1902

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a eu à supporter cette polémique autour du « puissant écrivain » (l.10)

D’ailleurs, la conclusion de ce paragraphe « et l’œuvre allait grandissant » , en dépit des blâmes ------- consacre définitivement la grandeur de cette œuvre

TRANSITION :

Aussi, ce discours va-t-il prendre un tour un peu spécial. En effet, s’il s’agit d’un éloge, il n’en a pas moins les allures d’un plaidoyer (défense passionnée orale ou écrite d’une personne ou d’une cause)

II/ ELOGE FUNEBRE SOUS FORME DE PLAIDOYER

Tout se passe dans cet éloge comme si Anatole procédait à la défense de Zola contre ses détracteurs

1/ Eloge de la personnalité de Zola

Trois champs lexicaux semblent se côtoyer dans le dernier paragraphe

Celui de la bonté « bonté/bon/candeur/Simplicité/grandes âmes » (l.13), « est profondément moral »(l.14), « main vertueuse » (l.14), « optimisme réel » (l.15), « une foi obstinée », « progrès/justice » (l.15, « amour fervent de l’humanité » (l.20) pour une « société meilleure » (l.21)

Celui du combat : « poursuivit d’une haine vigoureuse » (l.16), « combattit le mal du temps » (l.17) et « combattit le mal social » (l.19)

Celui de l’aliénation (asservissement ou dépossession de soi) : rythme binaire « les servitudes de l’ignorance, les dangers de l’alcool » (l.18), « imbécile et sans défense » (l.18/19), et rythme ternaire « à toutes les oppressions, à toutes les misères, à toutes les hontes » (l.19) et enfin « mal social » (l.19) --------------- l’alliance de ces trois champs lexicaux est mise au service d’une argumentation subtile puisque toutes les affirmations sont présentées comme de simples vérités sans qu’il soit possible pour l’auditoire de les remettre en cause.

---------- Ce discours faisant plus appel à leurs émotions est plus destiné à persuader qu’à convaincre.

Transition : L’éloge de la personnalité de Zola englobe également l’éloge de son engagement

2/ Eloge de son engagement

L’accumulation de certaines réalités sociales sont désignées de manière voilée aux lignes 16 et 17 « dans ses romans qui sont des études sociales, il poursuivit d’une haine vigoureuse une société oisive, une aristocratie basse et nuisible, il combattit le mal du temps : la puissance de l’argent » ----------- cela évite à Anatole France de désigner explicitement les dures réalités sociales, économiques et politiques de l’époque que Zola a décliné dans tous ses romans : quelques exemples : prolétariat naissant à Paris (L’Assommoir), la lutte des classes avec Etienne Lantier dans (Germinal) , l’enrichissement démesuré de Saccard avec les travaux Haussmanniens dans Paris (La Curée)

Engagement à l’égard du peuple « Démocrate, il ne flatta jamais le peuple et il s’efforça de lui montrer les servitudes de l’ignorance, les dangers de l’alcool qui le livre imbécile et sans défense à toutes les oppressions, à toutes les misères, à toutes les hontes » (l.17/19) --------- l’alcoolisme semble être une cause et non une conséquence de la misère ----------- point de vue en distorsion avec ce que Zola cherchait à montrer dans ses romans considérant l’alcoolisme comme un fléau social. En effet, les personnages de Zola trouvent le plus souvent dans l’alcool refuse contre la misère.

Anatole France passe sous silence cependant toute la dimension politique de l’œuvre de Zola qui a précisément prêté à polémique

Dans cet éloge funèbre en faveur de Zola, l’orateur a tout d’abord présenté comme il est fait traditionnellement dans un discours les réactions suscitées par le personnage autour de l’œuvre et de son auteur avant que de porter son propre jugement. C’est pourquoi, A. France a essentiellement axé son discours sur la personnalité de Zola, caractérisé par sa bonté et son engagement voire même combat en faveur de la classe démunie, donnant à ce discours des allures de plaidoyer. Plus que des arguments, ce discours s’appuie sur des affirmations présentées presque sous forme de récit, de manière à solliciter l’émotion de l’auditoire. Mais force est de constater qu’un pan de l’œuvre de Zola a été passé sous silence, celui d’un engagement féroce à travers la dénonciation et le blâme d’une classe dirigeante caractérisée par son inhumanité et sa vénalité. Cet engagement politique a donc été oublié volontairement ou non ? pour gagner le consensus pour un homme alors très controversé.