Les évolutions du travail ouvrier en France au milieu du XIXème siècle à nos jours.
Par Plum05 • 18 Septembre 2018 • 3 232 Mots (13 Pages) • 705 Vues
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Leurs conditions de vie sont aussi très difficiles, ils ont des logements misérables, la nourriture est à peine suffisante, ils n'ont pas de protection sociale.
Les ouvriers sont d'ailleurs considérés comme une menace car très nombreux dans les usines, soudés ils représentent une force. Cette main d'oeuvre au début docile malgré une certaine « exploitation » va peu à peu prendre conscience de sa force. Des voix vont s'élever pour lutter ensemble afin d' obtenir des droits et un meilleur traitement.
Néanmoins, leurs premières manifestations sont sévèrement réprimées comme celle des Canuts à Lyon en 1831. Les Canuts contestaient contre le nouvel ordre social qui se mettait en place à leur détriment. Leur savoir-faire n'était pas pris en compte et ils étaient considérés comme une simple force de travail.
Toutefois, à partir des années 1880, les ouvriers vont s'organiser en syndicat. En 1884, la loi Waldeck-Rousseau va marquer une rupture. Les syndicats auparavant fortement réprimés et combattus durant la majeure partie du XIXème siècle, sont désormais autorisés. De nombreuses grèves vont se dérouler dans le but d'obtenir de meilleures conditions de travail. La CGT, la confédération générale du travail est crée en 1895. Elle espère voir disparaître le patronat et vante l'autogestion des usines par les ouvriers eux-mêmes.
Une identité ouvrière va dès lors se fonder. Autour d'activités qu'ils partagent, comme le sport ou les loisirs cinématographiques. Une identité sociale et culturelle va les rapprocher. Un nouveau prolétariat se forme.
Mais une nouvelle organisation va apparaître dans les usines afin d'accroitre encore plus les bénéfices.
Le taylorisme qui prend place dans les usines aux Etats-Unis va instaurer l'OST, une nouvelle organisation scientifique du travail, qui comprend l'ensemble des procédés et des moyens de production mis en œuvre dans les usines afin d'accroitre la production et la productivité. Elle se développe tout au long du XXème siècle et va connaître un large succès durant tout le siècle, qui sera également marquée par de fortes révoltes du monde ouvrier compte tenu de la difficulté du travail à la chaîne.
En 1908, Renault instaure le principe de l'OST dans ses usines et grâce auquel le groupe double sa production en 18 mois. L'OST est une méthode de gestion, qui repose sur une division du travail. Selon Frederik Winslow Taylor, la productivité d'une entreprise ne peut être améliorée qu'en décomposant les différentes étapes d'un travail. Le but est ainsi de chercher les gestes les plus efficaces et rapides. Chaque tâche va être observée afin de déterminer la meilleure méthode et de supprimer les opérations inutiles. On va alors déterminer pour chaque ouvrier un poste bien précis, selon ses compétences. Leur travail est désormais chronométré afin d'attribuer à chaque tâche un temps minimal pour la réaliser. Grâce à ce nouveau mode de production, les entreprises se développent, et imposent de nouveaux rythmes aux ouvriers. Les ouvriers sont surveillés par un contremaître qui les incite à aller toujours plus vite. Des ingénieurs vendent leurs innovations au patron de l'entreprise qui les fera fabriquer par les ouvriers dans son usine. Le patron, propriétaire du capital et détenteur des moyens de production, est le « chef-roi », il possède tous les droits et exerce une forte autorité.
L'entrée en guerre en 1914, va bouleverser le monde ouvrier avec l'arrivée en masse des femmes dans les usines qui se sont vidées des hommes partis pour le front. C'est ainsi que pour faire tourner les usines d'armement, on fait appel aux « munitionnettes». Après la guerre, le mouvement, d'ailleurs restera et ce travail des femmes participera à leur émancipation.
En 1918, il faut reconstruire le pays ! Les usines embauchent. Le nombre d'immigrés augmentent dans la population ouvrière. Nous sommes dans les « années folles ». En 1926, l'Industrie et le bâtiment deviennent les premiers secteurs d'activité en France. L'OST, entraîne l'augmentation du nombre d'ouvriers spécialisés dans les usines .En 1930, 60% des ouvriers chez Renault sont des ouvriers sans qualification.
Les ouvriers, face à ce nouveau mode d'organisation, qui leur impose des cadences infernales et les réduit à de simples exécutants d'une tâche très précise, se révoltent par le biais de nombreuses grèves.
Le paternalisme se développe face au turn-over, mouvement du personnel, qui accepte un poste et le quitte rapidement. Ce renouvellement rapide des ouvriers entraine des pertes pour les patrons, qui ont besoin de fidéliser les postes. Le paternalisme permet ainsi aux ouvriers de bénéficier de nombreux avantages en nature, des logements, du chauffage, une cantine d'entreprise et des aides de toutes sortes. Ces avantages les incitent à rester dans l'usine.
La crise des années 1930 n'arrange pas les choses, l'Etat augmente les impôts et les salaires baissent dans le même temps. Le chômage augmente de 40%. Les femmes et les immigrés sont les premiers concernés.
Les conditions des ouvriers dans les usines sont toujours très difficiles. Ils doivent répéter sans cesse la même tâche et ne pas quitter leur travail des yeux. L'ambiance y est froide, un silence règne, ils sont en permanence sous le contrôle du contremaitre ou des ingénieurs.
En mai 1936, le Front Populaire, une alliance entre les partis de gauche, gagne les élections législatives. Cette victoire donne de l'espoir aux ouvriers. Le 4 juin 1936, Léon Blum devient Président du Conseil des ministres. Cette élection provoque une vague de grèves qui se déclenchent dans tout le pays pour soutenir le Front Populaire. Les ouvriers occupent les usines, et pour la première fois , ils ont l'impression qu'il y a un réel changement. L'ambiance dans les usines durant ces quelques jours, devient joyeuse, familiale, chaleureuse. Ces grèves seront surnommées, « les grèves de la joie ». La grève s'étend au Havre, puis à Toulouse, et à Paris. Le 28 mai, les ouvriers des usines Renault à Boulogne-Billancourt sont en grève. Les accords Matignon sont alors signés le 7 juin 1936 dans le but de mettre fin à ses nombreuses grèves. Ils permettent l'augmentation des salaires, mettent à disposition des ouvriers un délégué du personnel, et interdisent les sanctions contre les grévistes. Des lois sociales suivent.
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