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Les utopies sociales : comparaison France/Angleterre au XIXème siècle

Par   •  4 Juin 2018  •  6 334 Mots (26 Pages)  •  540 Vues

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A l’instar de Marx des années plus tard, Saint-Simon s’appuie sur le principe de la lutte des classes, qui est selon lui le trait distinctif des sociétés humaines. Saint-Simon, comme Marx, étudie la genèse historique de la lutte des classes et le résultat de cette étude est qu'au fil du temps l'industrie a pris le pas sur le pouvoir féodalo-militaire (celui de la classe féodale).

Mais il faut toutefois nuancer ce concept de classe industrielle qui n'était pas une classe totalement homogène. Si les chefs des travaux industriels furent avantagés par l’avènement du nouveau régime une fois la Révolution finie, les producteurs sont différents de l'unité qui s'était levée contre les privilégiés en 1789, ce qui remet en cause son idée de classe industrielle. Dans la Lettre à messieurs les ouvriers, il écrit : « Vous êtes riches et nous sommes pauvres. Vous travaillez de la tête et nous des bras. Il résulte de ces deux différences fondamentales que nous sommes et devons être subordonnés. » Pour lui, la classe ouvrière est subordonnée aux chefs des travaux industriels.

Concernant la place de la religion dans son projet social, elle y est présente, bien qu'il soit athée ; il explique que toute religion quelle qu'elle soit est une conception scientifique matérialisée, une application de la science.

Pour Saint-Simon, son idéal de la société libre va s'imposer inéluctablement sans aucun recours à la violence, c'est une fatalité. Il assimile les classes intermédiaires aux bourgeois, au sens général du terme : ils constituent une caste qui soutient l’Etat et est donc à supprimer. Il souhaite la création d'une société non oppressive, d'une communauté libre sans être entravée par un gouvernement et par de la bureaucratie.

Il critique les gouvernements qui selon lui gèrent les affaires générales non pas dans l’intérêt des peuples mais avant tout dans le leur. Pour lui, l’État doit servir la nation travaillante, il est subordonné à ce que le réel et le peuple lui demandent de faire. Il faut laisser la place au « gouvernement des choses » l’Etat devant s’effacer au maximum si le peuple a compris le but d'amélioration vers lequel il doit tendre.

Par ailleurs, Saint-Simon souhaite l’amélioration des conditions de vie des prolétaires, car c'est la classe la plus pauvre ; il faut l’aider, elle ne doit pas à avoir à s'aider elle-même. Dans son dernier ouvrage paru en 1825, pour lui le paradis est terrestre et non pas après la mort ; il souhaite l’avènement d'une société fondée sur l'amour (le christianisme définitif l'avait annoncé auparavant), son but n'était pas d'éliminer les classes (du moins certaines) mais les conflits qui les opposent.

De son vivant, Saint-Simon fut très peu lu, il ne vivait pas grâce à ses idées mais grâce à l'aide de sa famille puis à l'aide de Olinde Rodrigues, un banquier qui deviendra son disciple. Il est à noter qu'il fut l'un des créateurs de la pensée anarchiste.

B- Charles Fourier

Charles Fourier est né dans un milieu aisé le 7 avril 1772. Il fut marqué par la situation des Canuts (ouvriers de la soie à Lyon qui vont se révolter plus tard en 1831) et souhaita aider la lutte contre la misère ouvrière.

La pensée de Fourier est fondée sur l'idée de l'épanouissement des passions : l'analyse de la production n'est pas sa priorité, il s'intéresse plus à l'harmonie universelle. Il faut laisser les individus extérioriser leur passion librement. La passion est fruit de l'harmonie et de ce fait parfaite ; il ne faut donc pas la freiner avec de la modération et de la répression. Il existe selon lui douze passions : cinq sensuelles liées aux 5 sens, quatre affectueuses que sont l'amitié, l'ambition, l'amour et la passion familiale ; trois mécanisantes ( la papillonne qui est le besoin de variété périodique, la composite qui est le plaisir dualisé qui réunit le bonheur des sens et de l’âme, la cabaliste qui est le besoin d'intrigue qui est à l’opposé du « calme plat »).

Pour lui, l'humanité a connu l’Éden, la Sauvagerie, le Patriarcat, la Barbarie (début du capitalisme) et en est donc au cinquième stade de son histoire, celui du capitalisme et l'étape suivante est celle de l'Harmonie.

Il critique la civilisation à travers le commerce notamment la concurrence et le monopole qui s’oppose à l'harmonie et leur opposition est vaine car l'un et l'autre se succèdent toujours.

Le commerce engendre du vice, du désordre, de l'anarchie, de l'incohérence selon lui.

Contrairement à Saint-Simon, il n'a pas confiance en l'essor de la technique et de la production qui ne profite pas à tout le monde. En effet, les prolétaires sont exclus de la redistribution des profits donc plus il y a d’abondance industrielle plus le prolétaire s'appauvrit et l'écart de richesse s'agrandit.

Cela va à l'encontre de la satisfaction du désir qui est selon lui le moteur de l'activité humaine.

Pour lui, la vie en ménage et le mariage sont immoraux car ils s'opposent aux passions mécanisantes (la papillonne, la composite), pour lui la mariage empêche le libre essor de l'amour. C'était un partisan de la polygamie.

Dans son idée du phalanstère, la polygamie sera étendue à tous mais tout sera réglé au préalable, jusqu'à la façon de s'habiller.

Pour Fourier, la société parfaite doit être formée par des séries de groupes d'individus en recherchant une alchimie des caractères et des goûts et chacun devrait effectuer une activité en rapport avec ses goûts.

Elle n'est pas le produit de la lutte des classes, il explique que les révoltes des peuples résultent avant tout d'un état de tension permanent, elles sont donc irraisonnées et au final non productives.

En effet, c'est la nature contrariée qui s'exprime dans ces révoltes et non le peuple en lui même.

Pour lui, la Révolution Française est un échec car elle n'a pas pris en compte la question de la passion.

L'idée de ses phalanstères est de regrouper 810 caractères différents des deux sexes (soit 1620 personnes au total) qui représentent l'âme

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