L’administration de la province de Bretagne par Agricola

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Dans quelle mesure l’éloge funèbre d’Agricola fournit-il à Tacite, revenant sur la carrière de son beau-père en Bretagne, l’occasion de dresser à travers cet exemplum le portrait idéal du bon gouverneur ?

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Plan de la Vie d’Agricola de Tacite

Exorde - Difficulté d’écrire aujourd’hui une biographie (1). La tyrannie, sous Domitien, a opprimé les esprits (2). La renaissance, sous Nerva et Trajan, encourage Tacite dans son pieux dessein (3).

Première partie – la vie d’Agricola jusqu’à son gouvernement de Bretagne (40-77 ap. J.-C.) - Naissance et éducation (4). Apprentissage militaire en Bretagne (5). Mariage et premières magistratures : questeur en Asie en 64, tribunat de la plèbe, recenseur des richesses des temples sous Galba (6). Agricola perd sa mère ; il se rallie à Vespasien ; il reçoit le commandement d’une légion en Bretagne (7-8). Gouvernement d’Aquitaine ; consulat ; gouvernement de Bretagne (9).

Deuxième partie – le gouvernement de Bretagne (77-84 ap. J.-C.)

- Description de la Bretagne. Géographie physique (10). Ethnographie (11). Activité militaire et politique ; climat et productions (12).

- La conquête de la Bretagne avant Agricola. Premières tentatives (13). Les premiers gouverneurs (14). La révolte de 61 ap. J.-C. (15). La fin de la révolte ; la suite des gouverneurs (16-17).

- Gouvernement d’Agricola. Campagne de 77 (18). Réformes administratives (19). Seconde année de campagne : été 78 (20). Hiver 78-79 (21). Troisième année de campagne : 79 (22). Quatrième année de campagne : 80 (23). Cinquième année de campagne : 81 (24). Sixième année de campagne : 82 ; offensive calédonienne (25). Contre-attaque romaine (26). Levée en masse des Calédoniens (27). Odyssée d’une cohorte d’Usipiens (28).

Septième année de campagne : 83 ; coalition des Calédoniens (29). Discours de Calgacus aux troupes

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- J. COUSIN, « Histoire et rhétorique dans l’Agricola », Revue des études latines, 1936, pp.326 sqq.

- Quintilien, Institution oratoire, III, 7.

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calédoniennes (30-32). Discours d’Agricola aux soldats romains (33-34). Dispositif des deux armées (35). Bataille (36). Victoire (37). Conséquences de la victoire (38).[pic 4]

Troisième partie – la vie d’Agricola après son rappel de Bretagne (84-93 ap. J.-C.) - Défiance de

Domitien (39). Rappel d’Agricola (40). Hostilité de Domitien (41). Modération d’Agricola (42). Mort d’Agricola

(43).

Épilogue

I. – La Bretagne à l’époque d’Agricola : la mise en ordre militaire d’une province lointaine

1) Un demi-siècle de conquête inachevée

« La paix, que la négligence ou l’intransigeance de ses prédécesseurs faisait redouter autant que la guerre ».

La Bretagne fut conquise entre 43 et 44 de notre ère sous le règne de Claude. La partie de la Bretagne conquise devint une province impériale dont le premier légat propréteur fut A. Plautius. Le deuxième gouverneur de la province, P. Ostorius Scapula, avait dû intervenir pour réprimer des révoltes, et voulut désarmer certains peuples, ce qui fit se soulever les Iceni (occupant le Norfolk et le Suffolk). Après les avoir vaincus, Scapula attaqua les Deceangli au nord-est du pays de Galles. Ostorius Scapula reçut les ornements triomphaux mais mourut en combattant les Silures.

Son successeur C. Suetonius Paulinus débarqua en Bretagne au début de 58. Il remporta pendant deux ans des succès dans le nord du pays de Galles, puis décida en 61 d’attaquer l’île de Mona (Anglesey). Les Romains écrasèrent leurs adversaires, rasèrent leurs bois sacrés où l’on offrait des sacrifices humains. C’est alors que Suetonius Paulinus apprit la révolte de Boudicca. Les révoltés détruisirent d’abord la colonie de Camulodunum, puis marchèrent sur Londinium, centre commercial important. En route, ils taillèrent en pièce les soldats du légat Q. Petilius Cerialis. Le procurateur Catus s’enfuit en Gaule, Suetonius réussit à gagner Londinium, mais la ville n’ayant pas de fortifications, elle ne pouvait être défendue, et donc il l’évacua. Les révoltés massacrèrent les habitants de Londinium et du municipe voisin de Verulamium (Saint-Alban). 70 000 citoyens et alliés périrent, certains sacrifiés aux dieux. La retraite de Suetonius lui permit de réunir une légion, des détachements d’une autre et des auxiliaires ; mais il devait faire face aux 230 000 combattants de Boudicca. Suetonius remporta sur les révoltés une grande victoire dans les Midlands. Boudicca mourut peu après. Suetonius reçut des renforts, ravagea les territoires des peuples révoltés qui subirent également la famine.

Le nouveau procurateur impérial Iulius Classicianus s’opposait à ces représailles et adressait de mauvais rapports sur la politique de Suetonius ; Néron envoya un affranchi impérial, Polyclitos, faire une enquête qui semble avoir été favorable à Suetonius. Ce dernier fut rappelé peu après. Son successeur

P. Petronius Turpilianus mena une politique d’apaisement qui fut poursuivie pendant tout le règne de Néron. Il n’y eut jamais d’autres soulèvements dans le sud de la Bretagne romaine.

2) Expéditions militaires et explorations d’Agricola

Après avoir servi comme tribun militaire sous Suetonius Paulinus, gouverneur de la Bretagne (59-61), Agricola fut successivement questeur en Asie (64), tribun de la plèbe (66) et préteur (68). Dans la guerre civile de 69, il prit parti pour Vespasien, qui le désigna à un commandement en Bretagne. Il acquit la dignité de patricien à son retour à Rome en 73 et remplit les fonctions de gouverneur d’Aquitaine (74-77). Désigné consul en 77, il fut fait ensuite gouverneur de Bretagne.

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« Il se multipliait