La conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie en 1066 selon Guillaumes de Jumièges
Par Ninoka • 2 Juillet 2018 • 6 558 Mots (27 Pages) • 705 Vues
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Le moine Normand précise que le roi Édouard envoie son beau-frère Harold Godwinson, (l.4) pour réaffirmer sa promesse faite à Guillaume « par des serments, selon le rite chrétien » (l.6). Harold est le comte de l'immense earldom (comté) du Wessex et s'impose comme étant un homme fort. Il est le fils de Godwine comte du Wessex, mort en 1053, qui était un « antinormand » et qui a réussi à chasser des Normands comme l'archevêque Robert en 1052 et l'a remplacé par Stigant. Cette famille est l'une des plus puissantes et plus riches familles d'Angleterre. Il part en 1064, « traversa la mer et débarqua à Ponthieu » (l.7), après une tempête, « où il tomba entre les mains de Guy, comte d'Abbeville »(l.7). Guy Ier de Ponthieu le fait prisonnier et « le garda étroitement enfermé »(l.8) mais Guillaume II de Normandie apprend la nouvelle et réussi à libérer l'ambassadeur et « le fit demeurer quelque temps avec lui »(l.10). Guillaume de Jumièges précise à la ligne dix que Harold a participé auprès du duc Normand à des campagnes militaires contre la Bretagne notamment face à Conan II où il a su montré sa bravoure comme nous le montre la tapisserie de Bayeux qui relate cette événement. Par la suite, Harold confirme « à diverses reprises ses serments de fidélité pour le royaume d'Angleterre » (l.11-12), sans que l'auteur nous donne des précisions, c'est-à-dire que le comte a prêté serments à plusieurs reprises notamment sur les reliques de Bayeux, ce qui rappelle le rite chrétien (l.6) et se fait vassal/représentant de Guillaume en Angleterre et lui assure que le royaume d'Angleterre le lui sera donné à la mort d’Édouard. L'auteur montre aussi qu'il y a un accord entre les deux, car en échange de ces serments, Guillaume lui donnerai la main de sa fille Adelise (ou plutôt Adélaïde) et partagerai le royaume avec lui (l.12) dont ce dernier point reste flou, mais on pourrait supposer que le duc Normand garantirai à Harold la propriété de ses domaines quand il sera fait roi. Harold repart chez lui en automne 1064, « chargé de nombreux présents » (l.13), et Guillaume retient en otage Ulfnoth (l.14), le plus jeune fils de Godwine, comme un gage du serment tenu par le comte du Wessex.
Nous avons pu voir que Guillaume de Normandie est, selon le moine de Jumièges, le seul prétendant au trône d'Angleterre choisi par Édouard et par la Providence, et garantit d'avoir la couronne anglaise grâce aux serments tenu par Harold, mais la santé du roi Édouard ne cesse de s'aggraver, la mort est proche. Cependant, le comte du Wessex, un homme puissant, s'emparera de la couronne, ce qui provoquera une guerre de succession.
B – Harold, un homme parjure mais puissant
Édouard est « arrivé au terme de sa vie, sortit de ce monde en l'année 1065 de l'Incarnation du Seigneur »(l.14-15). Guillaume de Jumièges date la mort du roi en 1065, mais erreur de sa part car ce dernier perd la vie le 5 janvier 1066. Il faisait peut-être allusion à la dédicace de l'abbaye de Westminster, lieu construit à la demande de souverain, du 28 décembre 1065, dont le roi n'a pu y participé pour des raisons de sa santé qui se dégrade de jours en jours. Sa mort marquera le début de la guerre de succession entre les prétendants au trône. L'auteur qualifie Harold comme étant le parjure («Harold s'empara aussitôt de son royaume, oubliant comme un parjure la foi qu'il avait jurée au duc » l.15-16), car en effet, au lendemain de la mort du roi, le 6 janvier 1066, est élu roi des Anglais par le Witanagemot (une assemblée des Grands anglo-saxons du royaume qui élisent le roi ou entérinent la nomination) car ce conseil n'aimerai pas voir un Normand sur le trône d'Angleterre. Est-ce que c'est légitime de la part d'Harold d'être nommé roi alors qu'il a prêté serment au duc Normand ? On suppose que Édouard, sur son lit de mort, aurait fait du comte son successeur et donc dans un sens, selon la coutume anglo-saxonne, cette héritage royal est légal. Guillaume, en apprenant la nouvelle, envoie une ambassade pour rappeler au nouveau roi ses serments qu'il a tenu à son égard, mais sans réponse (l.16-18). L'auteur précise que Harold « détourna du duc toute la nation des Anglais » (l.20) ce qui est faux car des Grands, notamment des Northumbriens, interprètent cette élection comme un coup de force, il ne fait l'unanimité au sein du royaume. Cependant, Guillaume de Jumièges décrit aussi Harold comme étant « le plus grand de tous les comtes de son royaume par ses richesses, ses dignités et sa puissance » (l.4-5) et il vrai car on lui reconnaît son courage et sa détermination, il est issu de l'une des familles les plus puissantes de l'Angleterre, les Godwinson, et occupe l'un des plus grands comtés du pays, le Wessex. Il mentionne « Grithfrid, roi du pays de Galles »(l.20) mort « sous un glaive ennemi » (l.21) et que Harold prend sa femme en tant qu'épouse qui marque la rupture avec Guillaume II. Ce roi Gallois, prénommé aussi Gruffydd ap Llewelyn, est un roi Gallois qui a réussi à unifier les royaumes du Pays Galles, allié avec « l'illustre » comte de Mercie Algar (ou Aelfgar) (l.22), qui est le père de Aldith (Édith) sa femme. Ce souverain menait des raids en Angleterre sous le règne d’Édouard et ce dernier laisse Harold mener l'armée pour battre Gruffydd. Le roi Gallois meurt en 1063 et Harold reçoit un prestige grâce à sa victoire. Cependant, Harold s'est bien marié avec Édith mais on ne sait pas quand. On suppose qu'il s'est marié avec elle pour des raisons politiques, pour avoir une alliance avec le frère de son épouse Edwine comte de Mercie (1062-1071) et Morcar comte de Northumbrie (1065-1066). Guillaume de Jumièges présente ainsi Harold comme un parjure pour avoir prit le trône d'Angleterre qu'était promis à Guillaume. Le duc de Normandie explique les faits au Pape Alexandre II et accuse Harold d'être un « parjure », dont seule l’Église peut condamner cette acte, qui le contraint à mener une guerre pour faire valoir ses droits de succession. Il sera excommunier et la papauté soutient l'entreprise de conquête de Guillaume de Normandie en lui offrant un étendard papal. L'auteur présente aussi Harold II roi d'Angleterre comme étant un homme riche, puissant et influent, grâce à ses victoires militaires, et qui a su formé une alliance avec des Grands anglo-saxons car, on pense qu'il savait que son couronnement aurait des répercussions à la fois politiques et militaires notamment la probable invasion de Guillaume en
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