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La « République des députés » ou les opportunistes organisent et consolident la République (1879-1885)

Par   •  4 Décembre 2018  •  9 226 Mots (37 Pages)  •  565 Vues

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pour la pérenniser. On parle non plus au citoyen mais à l’individu. On en exclut toujours les femmes, considérées comme proches de l’église et donc conservatrices. ON s’adresse aux pensées et sentiments des hommes en mettant en place une symbolique qui se calque sur le précédent monarchique : la royauté a tenu grâce à l’alliance trône/autel, le politique doit entrer dans les cœurs et les pensées par un attachement à des valeurs et des symboles.

Quelle référence choisir ? Le socle de pensée devient la Révolution Française. Ce n’est plus un socle religieux mais historique. C’est avec la RF que la nation s’est forgée, le ciment de la République.

Quelle date choisir ? 1793 correspond à la Terreur. On choisit la Révolution de 1789, fondée sur la Liberté, concept qui peut être partagé par tous. Base idéologique. Afin de se démarquer des monarchistes, les républicains envoient des signes forts vers la population : on quitte Versailles (toutes les institutions y siégeaient) pour rejoindre Paris. Versailles reste le lieu de l’élection du Président de la République. En deux ans, on met en place tous les symboles de la République (tout est fait en 81). 1879 : la Marseillaise devient hymne national. 1880 : institution d’une Fête Nationale. On cherche une allégorie, on choisit une figure féminine en 1880 (on cherche à atteindre des hommes).

1) Le choix d’un hymne (1879)

Se pose après 1875. 1878 : Exposition Universelle à Paris. Grand moment, il s’agit de montrer au monde entier que la France a recouvré sa puissance, qu’elle s’est vite et bien relevée de la guerre avec la Prusse. Elle convie le monde entier à venir admirer ses prouesses : elle réintègre le concert international. Mac Mahon passe commande (il ne supporte pas la Marseillaise, jugée trop agressive et révolutionnaire) à Charles Gounod et Paul Déroulède d’un hymne national qui serait joué lors de l’inauguration. L’hymne s’appelle « Vive la France », il est joué, et aucun écho n’en sort. Pire, le public réclame à l’orchestre qu’il exécute la Marseillaise, et il s’exécute. Mac Mahon est furieux. C’est la première tentative pour donner à la France un hymne.

L’année suivante, en 1879, la République devient République des Députés, et la question de l’hymne revient. 14 février : « remise en vigueur du décret du 26 Messidor An II » (=15 juillet 1795, convention Thermidor), qui décidait que la Marseillaise était hymne de la France et n’avait jamais été aboli. L’hymne de la France devient ce chant composé en 1792 par Rouget de Lisle. Le pays est encore une Monarchie Constitutionnelle, qui en avril déclare la guerre à l’Autriche. Les frontières orientales sont alors menacées, et les quelques troupes sont envoyées vers le Rhin. Le capitaine Claude-Joseph Rouget de Lisle attend avec les troupes à Strasbourg. Dans la nuit du 25 au 26 avril, il compose sur ses tablettes ce chant qui s’appelle « Chant de guerre pour l’armée du Rhin », pour tenter de galvaniser l’esprit des troupes, par des paroles fortes et une musique entraînante. Quelques jours plus tard, les frontières sont enfoncées, Paris déclare la « patrie en danger » : les troupes foncent vers la capitale, si elle tombe, la Révolution est finie. On demande aux hommes de toutes les provinces de se fédérer avec des volontaires et de monter vers Paris. Le 30 juillet 1792, quand les fédérés marseillais font leur entrée aux Tuileries, ils chantent ce chant plus fort que les autres. => L’hymne devient la Marseillaise.

En votant pour remettre en vigueur le décret, les députés pensent que la Marseillaise est l’hymne dont la France a besoin. Pourquoi ? Ce passé est très « présent » : la France a perdu l’Alsace et la Lorraine et veut les récupérer, l’hymne colle à cet esprit de revanche. LA France sort de la « phase de recueillement ».

2) Le choix d’une fête nationale

Choix particulier, vote qui se fait furtivement sur une proposition faite par le député Raspail en juin 1880. Raspail était connu comme artiste (c’est un peintre et graveur) et comme politique. Il est député républicain (très, très, très à gauche) de la Seine, et maire d’Arcueil.

Au mois de juillet, députés et sénateurs décident que la fête nationale sera le 14 juillet, sans préciser ce qu’on célèbre. Léger débat, le choix se fonde sur le 14 juillet 1790, date de la Fête de la Fédération, qui réconciliait tous les Français (60 000 députés des 83 départements), réunis autour de leur roi et de l’Eglise (célébration d’une messe par Talleyrand).

Mais après le vote, on se rend compte de l’ampleur de la décision. On était plongé dans les débats sur la réconciliation de la Nation, qui passait par le vote d’une loi d’amnistie en faveur des Communards. Une partie des députés considérait qu’on ne pourrait maintenir la nation si on conservait des ennemis. L’amnistie est votée, les débats prennent toute l’attention, aussi le 14 juillet est-il passé inaperçu. On considère d’autres dates, le 20 juin 1789 (serment du jeu de Paume), le 4 août, 22 septembre 1792 (proclamation de la Ie République), 24 février 1848 (abdication de Louis-Philippe, proclamation de la IIe République). Débat inutile car le vote a été fait. On ne propose pas le 4 septembre 1870 (défaite de Sedan).

Le 14 juillet se veut réconciliateur : on gomme les différends, la nation se retrouve, ce qui exclut 1789. 14 juillet 1880 : première fête, on voit des défilés des politiques, de l’armée. Dans le fond de certaines gravures, on voit le bateau La Loire, qui amène les communards amnistiés (la nation réconciliée), ou la prise de la Bastille (qu’on ne devrait pas voir) : dans l’esprit des Français, le 14 juillet est le 14 juillet 1789 => décalage députés/Français. Réconciliateur dans l’esprit des députés, fête de la nation qui s’impose pour le peuple. Pour eux, la nation s’est construite en détruisant l’absolutisme.

Fête Nationale à deux volets : militaire et civil, qui se sont maintenus jusqu’à aujourd’hui. En 1880 (une semaine après la loi, ce qui implique que tout était prêt), la fête militaire se déroule sur l’hippodrome de Longchamp avec une revue en présence de tout le gouvernement, du président Grévy, du président de la chambre des députés Gambetta, du président du Sénat Say, de l’armée sur le champ de course. Grandiose célébration, remise par le président Grévy des drapeaux & étendards aux régiments. Cérémonie comprise par tous comme un grand moment : il s’agit d’effacer un traumatisme, la perte des drapeaux lors de la

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