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Guerre 20eme siecle cas

Par   •  26 Mars 2018  •  8 094 Mots (33 Pages)  •  427 Vues

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Certes, pour déterminer le caractère démocratique d'un régime le suffrage universel est une condition nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. D'autres conditions juridiques sont également nécessaires : l'Etat de droit, un Etat, institution qui regroupe l'ensemble des administrations publiques à l'échelle nationale, qui respecte les Droits de l'Homme, notamment les libertés d'opinion, d'expression, de presse, d'association et de réunion, l'égalité entre les hommes et les peuples ; la séparation des pouvoirs le pluralisme et l'indépendance des partis politiques, des syndicats et des médias le respect des minorités. La démocratie n'est pas la dictature de la majorité qui imposerait entièrement ses conceptions et ses volontés.

Au XIXe s., les socialistes ont développé parallèlement l'idée de démocratie sociale, d'actions visant à réduire les inégalités économiques et sociales entre travailleurs et propriétaires du capital. Le but de ces mesures est non seulement de réduire voire d'abolir la misère (économique, morale, intellectuelle, …) de la masse des pauvres, mais est également la condition nécessaire d'une démocratie réelle, où chaque individu pourrait exercer librement son jugement, grâce à l'éducation et à des conditions matérielles qui le rendent indépendants des citoyens les plus riches qui l'emploient comme salarié. Les penseurs socialistes considéraient que la seule violence juste était la lutte des classes, la lutte des prolétaires pour abolir la propriété privée des moyens de production (terre, machines) et mettre cette propriété en commun, alors que les guerres entre Etats servaient uniquement les intérêts des capitalistes tandis que la masse des combattants et des morts étaient des prolétaires.

Néanmoins, la démocratie ne s'arrête ni au domaine juridique ni au domaine social. Une condition nécessaire d'une démocratie réelle et vivante semble l'existence d'une classe moyenne urbaine qui ait une véritable culture démocratique, expérimentée dans toutes les activités sociales (école, associations, voire dans la famille, au travail ou à l'armée, …). Cette expérience démocratique, qui suppose l'exercice de l'esprit critique et du débat, est difficilement conciliable avec les traditions du modèle patriarcal de la famille, du modèle paternaliste ou fordiste du travail ou du modèle hiérarchique de l'armée ou des églises. La démocratie semble également impliquer un progrès, accompagner les évolutions sociales, et semble incompatible à long terme avec le conservatisme et les forces réactionnaires qui sont contraintes d'employer la violence physique ou la propagande plutôt que le débat rationnel pour imposer leurs modes de vie.

La problématique. Guerre et démocratie semblent donc inconciliables et exclusifs l'un de l'autre. Les gouvernements des régimes démocratiques doivent tenir compte de leur opinion publique, d'une population qui subit les souffrances des combats et qui est souvent rétive à l'entrée en guerre. Plus profondément encore, le respect des Droits de l'Homme et l'idéal de paix sont des éléments constitutifs de la démocratie moderne. Cette association entre paix et démocratie est récente. Dans l'Antiquité, les adversaires de la démocratie athénienne reprochaient à ce régime de favoriser la guerre, car les citoyens pauvres qui formaient la majorité du corps civique touchaient une solde pendant les combats et profitaient du tribut imposé aux ennemis vaincus. Au XIXe s., les adversaires de la république et de la démocratie rendaient ce régime responsables des guerres européennes et des guerres civiles révolutionnaires et impériales.

La coïncidence entre ces deux phénomènes marquants du XXe s. n'est-elle que fortuite ? La démocratie est-elle synonyme de paix et est-elle impossible en temps de guerre ? Au contraire, la victoire militaire des puissances disposant d’un régime démocratique lors des différentes guerres du XXe s. a-t-elle permis la diffusion de la démocratie dans le monde ?

Pour répondre à ces questions, nous verrons dans un premier temps que la démocratie a été un enjeu des principales guerres du XXe s., enjeu central ou secondaire, affirmé ou implicite. Puis, nous examinerons le comportement des puissances démocratiques ou qui s’affirment telles pendant les guerres, en distinguant le comportement des gouvernements et celui des opinions publiques afin de vérifier si nous pouvons distinguer la pratique de la guerre des démocraties et des dictatures autoritaires ou totalitaires.

I. Des guerres pour ou contre la démocratie ?

D'abord, la démocratie fut un enjeu idéologique majeur des principales guerres au XXe s., tant pour ses partisans que pour ses adversaires, chacun manipulant cette notion à son avantage. Dès l'Antiquité, les élites ont ressenti la nécessité de justifier les guerres qu'elles menaient auprès de leurs opinions publiques qui en subissaient les méfaits mais également envers leurs ennemis. Les justifications ont varié : respect du droit (révolte d'un vassal, félonie), conversion religieuse (croisades, guerres de religion, colonisation, …), …

Aux XVIIe-XVIIIe s., la défense et la diffusion de la liberté deviennent des raisons de faire la guerre, suite aux révolutions anglaises mais surtout de la révolution américaine ou de la révolution française à partir de 1792 qui ont un aspect démocratique affirmé. Au XXe s., les grandes puissances militaires occidentales (USA, RU, France) sont aussi des démocraties. La défense de la démocratie, la diffusion de ce modèle devient un enjeu pour ces puissances. Leurs adversaires se présentent également comme des adversaires de la démocratie ou les modèles d'une démocratie véritable, démocratie sociale égalitaire entre les classes sociales (URSS) ou entre les civilisations (Non-alignés).

A. La Première Guerre Mondiale, démocraties contre empires autoritaires ?

Dès la fin du XIXe s., les gouvernements de la France et du Royaume-Uni justifié leur alliance militaire par le caractère démocratique commun de leur régime, face à une Allemagne autoritaire, où l'empereur et la caste des officiers grands propriétaires (junkers) prussiens détenait l'essentiel du pouvoir, d'autant plus en temps de guerre. Pourtant, l'Empire allemand est aussi un régime parlementaire disposant du suffrage universel masculin et de lois sociales, le SPD allemand a soutenu la guerre

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