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Commentaire corrigé: le grand renfermement des pauvres

Par   •  24 Octobre 2018  •  3 094 Mots (13 Pages)  •  442 Vues

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- Un phénomène endémique

Au début des annnées1610, le nombre des pauvres lyonnais grossit tellement que les remèdes traditionnels (l.6) se révèlent inefficaces (l.7). Ces réponses traditionnelles consistent en la distribution de vivres dans différents quartiers de la ville (l.4-5). A Lyon, la distribution est apparue dès 1631, deux ans après cette ? (= émeutes qui suivent la crise frumentaire s’accompagnes de rumeurs de spéculations). Ces distributions apparaissent à l’initiative des conseillers de ville grâce aux dons de quelques riches marchands. C’est de cette 1ere initiative qu’est née en 1633-34, l’Hôpital général. C’est une création laïque alors que l’assistance publique est traditionnellement une fonction de l’Eglise (l.5). Emanant de l’aristocratie marchande lyonnaise, elle procède donc à des distributions générales et gratuites de pain dans les moments de disette mais assiste aussi en permanence les plus nécessiteux et recueille des orphelins dans 2 hôpitaux de la ville.

Dans les 1eres années du XVIIe siècle, cette forme classique d’assistance ne suffit plus à enrailler le gonflement continu du nombre d’indigents. Le document ne fournit que peu d’indices sur le nombre de pauvres présents à Lyon dans les années de création de l’Hôpital. Nous savons simplement que le 1er établissement, la Maison St Laurent en avait plus de 500 dès 1614 (l.12), tandis que 6 ans plus tard, le nouvel hôpital en abrite entre 1200 et 1500 (l.32 et 50). Il ne s’agit peut-être là que des pauvres originaires de Lyon car on dit qu’il n’accepte pas les étrangers (=venus des campagnes alentours) et qui répondaient aux critères d’appel de l’établissement. L’effectif global des nécessiteux à Lyon, à la charnière des XVI et XVIIe siècles, reste très difficile à estimer même si les comptes de l’Aumône générale permettent d’esquisser un ordre de grandeur : rien au printemps 1597, l’Aumône nourrit plus 6700 pauvres, ce qui signifie que c’est 10 à 14% de la population lyonnaise qui est exposée au dénuement et qui a recours aux distributions de vivres.

- Une maladie du corps social

Ce phénomène explique en fait que vienne, peu à peu et en parallèle, une dégradation de la société et de l’image du corps nettement détaillée dans le vocabulaire employé par le texte. La mendicité y est présentée comme un fléau à bannir (l.7, 15, 5, 16) car il fait partie d’un des 7 péchés capitaux, l’oisiveté. On est là, bien loin, de l’image médiévale du pauvre comme un membre souffrant de Jésus Christ ; ils sont ici plutôt dénoncés comme un danger pour l’ordre social et la santé publique. L’isolement au sein du nouvel hôpital de pauvres « suspects de quelques maladies communicables » (l.36) rappellent que les mendiants et vagabonds passent alors pour des porteurs de maladies contagieuses. Or Lyon a été, à de nombreuses reprises, frappée par la peste. C’est donc une mise en quarantaine (« éprouver »).

Quant à la crainte du désordre, exprimée à la ligne 8, elle révèle qu’il y a, dans la psychologie des gens de l’époque, l’idée que le pauvre présente un danger pour la paix publique.

Désacraliser le pauvre c’est donc transformer, peu à peu, en un objet d’assistance soit de répression. C’est à ces deux objectifs que répond la création en 1614 de l’Hôpital.

- LA FONDATION DE L’HOPITAL DE LA CHARITE

- Une institution laïque

Le document relate en détails le processus de création de l’Hôpital. En 1613, c’est le gonflement de la masse des pauvres qui conduit les recteurs de l’Aumône générale à prendre la décision de leur enfermement sur le modèle parisien (l.1-3). En effet, depuis sa création (1533-34), l’Aumône n’hébergeait que les enfants tout en pratiquant l’emprisonnement des mendiants considérés « incorrigibles ». En 1591, 1er d’enfermement mentionné mais cela n’aboutit pas. Par ailleurs, dès le Moyen-Age, les hôpitaux, qui sont soit fondés par l’Eglise soit par des particuliers comme ici accueillaient dans les villes ou campagnes, les pauvres malades de lieux et passants. L’Hôpital se distingue de ces établissements par 2 nouveautés fondamentales :

- Il s’agit d’une institution qui s’adresse exclusivement aux pauvres lyonnais

- Il est dirigé par des laïques, ce qui renvoie à un contexte plus général de laïcisation de l’assistance.

Ces mentions de l’assistance divine apportée à cette entreprise se retrouvent à plusieurs reprises dans le texte (l.30, 44 et 47). Les 16 recteurs, placés à la tête de l’Hôpital, sont en fait l’émanation d’une élite urbaine : ils comptent un Comte de Lyon, un officier du Roi, un avocat et un ex-consul. Les autres bourgeoisies par mis les principaux notables, bourgeois et commerçants de la ville sont renouveler par cooptation, sont bénévoles et participent souvent aux dépenses de l’Aumône.

- Du 1er hôpital au second

Rapidement, l’initiative prise par les recteurs va bénéficier d’une très haute protection.

Au mois de janvier 1613, un recteur propose d’imiter l’enfermement parisien de 1611-12.

En novembre, après consultation de l’Archevêque, on décide d’enfermer et de nourrir les pauvres.

Le 6 février 1614, le Consulat et les recteurs de l’Hôtel-Dieu vont remettre, pour 3 ans, l’Hôpital de Saint-Laurent et de Gardanne, à l’Aumône générale (l.10). Plusieurs notables offrent des fonds tandis que des règlements vont être élaborés, ils sont soumis aux différents corps de la ville, laïque ou ecclésiastiques (l.9). Ils sont confirmés par 2 Ordonnances : 1 émanant du Consulat de la ville et l’autre de la sénéchaussée (mars 1614). Ensuite, ces règlements sont approuvés par lettres patentes de Louis XIII en décembre 1614 (l.9-10).

Très vite, l’augmentation des pauvres enfermés (l.13-14, 21-23) va rendre les locaux de l’Hôpital St Laurent, loué pour 3 ans, trop exiguë (l.23).

A la fin de 1614, les recteurs vont examiner plusieurs emplacements pour construire un nouvel hôpital et de nouveaux bâtiments. On opte finalement pour un terrain sur la presqu’île, près de la Place Belle Cour, retenu et acheté (l.24-25).

Parmi les plans proposés, c’est

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