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Commentaire, Capitulaire de Francfort.

Par   •  27 Mai 2018  •  1 725 Mots (7 Pages)  •  585 Vues

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Charlemagne s'impose donc ici comme le héros naturel de la chrétienté, ce à quoi il va ajouter une politique humaniste au sein de son royaume.

En effet, dans le quatrième capitulaire, Charles impose « que jamais aucun homme […] ne vende le grain que ce soit en période d'abondance ou de disette, plus cher que le muid défini » (l.33-35) (le muid étant une unité de poids de l'époque) et ce en réponse à la famine qui frappait le royaume depuis 792. Il en va de même pour le pain et « l'annone publique du seigneur roi » (l.39-40). C'est encore pour limiter les effets de la famine qu'il ordonne à ceux qui reçoivent un bénéfice, c'est à dire ses vassaux, clercs et laïcs, de faire en sorte « qu'aucun des esclaves dépendant de ce bénéfice ne meure de faim » et qu'ils vendent le reste en cas de surplus aux prix énoncés, permettant alors l'approvisionnement de plus de personnes.

Dans le dernier capitulaire, le roi donne les moyens à sa réforme d'aboutir puisqu'il déclare qu'« en tout lieu, en toute cité et en tout marché » (l.45-46), les nouveaux deniers à son effigie et avec lesquels il a fixé les prix, « sont acceptés par tous » (l.47-48). Il met de plus en place des sanctions (« qu'il compose à quinze sous pour le roi » (l.49) ; « qu'il perde l'affaire ou qu'il soit flagellé nu au pal » (l.50)) afin de s'assurer du respect de ses directives.

Il tient donc son royaume d'une main de fer et le prouve aussi à travers le cas de « Tassilon, jadis duc de Bavière, c'est à dire cousin du roi Charles » (l.16). Jadis, car Tassilon a été condamné à mort en 788 par Charlemagne lui-même, avant d'être gracié et envoyé au monastère avec sa famille en vertu du lien de parenté qui les unissait, à savoir que la mère de l'ancien duc était la fille naturelle de Charles Martel. Tassilon donc, « apparut en plein concile » (l.17) bien que l'on puisse affirmer qu'il y ai été amené à dessein puisqu'il était soumis à une clôture stricte au sein de l'abbaye Saint-Pierre-de-Jumièges, au Nord-Est de la Normandie actuelle, c'est à dire à environ 700 kilomètres de Francfort. Il demande grâce pour ses fautes « commises du temps de Pépin » (l.19) c'est à dire l'indépendance avec laquelle il avait gouverné son duché même après avoir juré fidélité à Pépin au concile de Compiègne en 757. Il demande aussi pardon pour « celles qu'il fit par la suite » (l.19) soit la même volonté d'indépendance qu'il avait manifesté sous le règne de Charlemagne, et ce encore après lui avoir prêté serment en 781 puisqu'il demanda l'aide du Pape en 787 pour se défaire de son emprise, lequel ne lui accorda pas. Charlemagne marcha alors avec trois armées sur la Bavière, suite à quoi Tassilon renouvela son serment de fidélité. Mais une fois de plus, ce dernier « avait scandaleusement rompu sa foi » en s'alliant aux Avars en 788 mais, trahi par son aristocratie, avait été dénoncé à Charlemagne ce qui aboutit sur la condamnation évoquée plus haut. Tassilon vient donc « supplier le roi » pour son pardon, en échange de quoi « tout ce qui aurait dû légitimement appartenir à lui ou à ses fils ou à ses filles dans le duché de Bavière, il le «déguerpit» » (l.24-25) « sans le moindre droit de reprise » (l.26). On comprend dans ce passage que Tassilon renonce volontairement à son pouvoir sur la Bavière, cependant celui-ci a déjà été perdu en même temps que la Bavière était conquise par Charlemagne six ans plus tôt, l'objectif est donc ici de légitimer l'intégration du duché aux yeux des destinataires, les grands du royaume.

Ce capitulaire a pour effet d'écarter les empereurs byzantins de la chrétienté et de souligner la piété et la détermination à la protéger de Charles. Il souligne aussi sa maîtrise des affaires du royaume et sa bonne volonté quant à l'amélioration des conditions de vie de ses sujets. Le texte est par ailleurs révélateur de par les déformations de la réalité qui y ont été introduites, toujours au bénéfice de Charles.

En somme, il le présente comme le monarque idéal, ce qui nous permet d'entrevoir la prétention au trône impérial, prétention qui sera finalement concrétisée le 25 décembre 800.

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