La Seconde République

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Louis Napoléon Bonaparte lui, se soucie de son avenir. Il sillonne la France pour soigner sa popularité, et, dès l’été 1850, il pose la question de la prorogation de son mandat, ce qu’interdit la Constitution. Au printemps 1851 il orchestre une nouvelle campagne pour obtenir une révision constitutionnelle. Mais il n’arrive pas à obtenir les ¾ des voix favorables à l’Assemblée. Dès lors, lui et ses proches préparent un coup d’État.

- B. Vers le coup d’État

Des hommes sûrs se placent sur des postes stratégiques (général Saint-Arnaud commandant de la place de Paris, Maupas à la préfecture). L’Assemblée sent le coup d’État proche. Le 17 novembre certains députés, républicains et libéraux votent une proposition de loi visant à assurer au président de l’Assemblée le droit d’en appeler aux forces armées pour prévenir un danger contre le régime → échec. Dès lors la date du coup d’État est fixée au 2 décembre (Austerlitz).

Dans la nuit du 1 au 2décembre, l’imprimerie nationale est occupée (proclamations affichées dans les rues de Paris). Elles annoncent dissolution de l’Assemblée, élaboration prochaine d’une nouvelle constitution, rétablissement du suffrage universel (loi 31 mai 1850), consultation du peuple sur la nouvelle constitution (par plébiscite). Le demi-frère de Louis Napoléon Bonaparte, Morny, s’installe au ministère de l’intérieur, et les opposants les plus dangereux sont arrêtés. Les 220 parlementaires en liberté qui se réunissent dans une mairie d’arrondissement et votent la destitution du président sont aussi arrêtés. Quant aux députés républicains (comité de résistance), ils publient la décision de l’Assemblée, et tentent de soulever Paris le 3décembre mais la fusillade sanglante des boulevards, le 4 décembre, plonge la bourgeoisie dans la stupeur (dans la soirée l’ordre règne).

Il faut plus de temps pour mettre la province au pas. Une campagne républicaine qui enveloppe l’est du massif central, et le Midi méditerranéen, se découvre et résiste. Parfois de petites villes tombent aux mains des insurgés, comme Auch, Digne, Béziers. Mais elles sont vite reprises et la répression menée par les commissions mixtes départementales est sévère.

- C. Du coup d’Etat à l’Empire

La nouvelle constitution étend le mandat du président à 10 ans, et réduit le rôle de la chambre des députés au vote de la loi. Le 14 janvier 1852 une nouvelle constitution entre en vigueur. En septembre Louis Napoléon Bonaparte fait un tour de France, qu’il conclut à Bordeaux par un discours célèbre où il annonce « l’Empire c’est la paix ». A son retour à Paris, des députés le prient de proclamer l’Empire. Ce qu’il fait le 2 décembre 1852.

- Un éveil à la démocratie

- A. Un moment fort de la pédagogie démocratique

Les élections à l’Assemblée constituante d’avril 1848 mettent en place le suffrage universel (restent gravées dans la mémoire des contemporains). Elles sont suivies des présidentielles de décembre 1848, et des législatives du printemps 1849. Cela provoque un changement radical du jeu politique → avant le gros de la population restait exclu de la participation politique. Maintenant, la démocratie entre au village. Certains républicains craignent ce vote rural. Les élections présidentielles sont un triomphe pour Bonaparte, les législatives du printemps pour les monarchistes. Une bonne partie des ruraux vivent sous la coupe des autorités traditionnelles, nobiliaires, cléricales, et propriétaires.

- B. Les progrès de l’idée républicaine

Cependant une France « rouge » se révèle lors des législatives du printemps 1849, et lors de la résistance au coup d’État de décembre 1851. Cette France « démocratique socialiste » est urbaine certes (Paris donne encore 3 sièges aux Républicains lors des élections législatives de 1852), mais aussi rurale. Du Jura au Tarn, en passant par la Bourgogne, le Beaujolais, l’Ardèche, les Cévennes, l’arc méditerranéen, apparaît une France bien rurale, et pourtant ardemment républicaine. Cette géographie du vote conservateur, avec ses bastions de l’Ouest, et du Nord-Est, et du vote de gauche, concentré dans l’Est et dans le Midi restera une donné structurelle de la vie politique française jusqu’aux dernières décennies du XXe siècle.

La Seconde République est un moment fort de diffusion de la culture démocratique en France. L’instauration du suffrage universel permet l’entrée des catégories populaires et particulièrement des ruraux, qui sont les plus nombreux dans le jeu politique. Elle permet aussi de voir s’affirmer une France républicaine.