Commentaire d'histoire Thucydide
Par Andrea • 11 Mars 2018 • 3 659 Mots (15 Pages) • 647 Vues
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En traitant de cette affaire, importante bien sûr pour l'histoire de cette expédition, Thucydide fait aussi une présentation historique des affaires d'impiété. Il rappelle tout de même que l'affaire des Hermocopides est aussi et surtout une affaire religieuse. Nous le notons notamment par les termes religieux tels que « sacrilège » ou « présage ». Le sacrilège renvoie avant tout à la profanation, à l'irrespect du sacré. Ce qui est effectivement le cas ici puisque ces statues étaient une offrande au dieu Hermès, et il a été mutilé. Et puisque toute catastrophe est signe de la colère des dieux, les athéniens considèrent cet événement comme un mauvais présage pour l'expédition à venir. En effet le présage est un signe avant coureur d'un événement, il a nécessairement un rapport avec le futur. Les Athéniens étaient persuadés que l'expédition ne se déroulerait pas bien et que cet incident était un avertissement des dieux. Selon Jean Rudhardt dans Les dieux, le féminin, le pouvoir. Enquêtes d’un historien des religions, les auteurs qui ont traité de cette affaire ont attribué un raisonnement aux Athéniens, tout comme Thucydide ici. Mais il avance surtout que la réaction des Grecs est très intuitive, sans réflexion : un sacrilège est une atteinte à la cité entière. Les Grecs ne distinguaient pas le politique de la cité du religieux, tout était une seule entité.
Tous ces faits nous amènent finalement à nous demander en quoi la mutilation des Hermès est aussi une affaire politique. Thucydide parle de « complot monté à des fins révolutionnaires », de « régime démocratique ». Plusieurs interprétation sont possibles. Le régime démocratique dont Thucydide parle est assez fragile à ce moment là. Plusieurs révolutions ont lieu à la fin du V° siècle, ce qui montre bien que ce régime ne plaît pas à tous, notamment aux partisans de l'oligarchie. Dans un tel contexte, le peuple conscient du danger va interpréter tout événement comme un signe de menace contre la démocratie. En ce qui concerne le peuple, leurs suppositions ont presque même frôlé une sorte de paranoïa. En effet, Hermès est une divinité populaire, ils ont donc supposé que la mutilation était un acte des aristocrates comme une menace de prise de pouvoir. Mais il faut préciser qu'il n'y a aucune preuve historique à ces suppositions, elles relèvent essentiellement de la croyance populaire. Mais il est bien sûr intéressant de l'ajouter au propos de Thucydide, car celui-ci a résumé les faits, pour ne dire que l'essentiel et le suffisant.
Les accusations et les dénonciations vont être tout d'abord un signe d'inquiétude. Bien sûr de l'inquiétude pour les éléments que nous avons évoqué : le mauvais présage, le complot contre la démocratie. Mais aussi car les dénonciations vont révéler d'autres crimes encore, qui vont aggravé l'affaire d'impiété. Cependant cette inquiétude se révèle lorsque d'autres crimes sont mis à jour. Il s'agit des parodies des Mystères. Ces Mystères sont les Mystères d'Eleusis, était un culte à mystères, de nature ésotérique, c'est-à-dire que c'est un enseignement sacré réservé aux initiés, et c'est un prêtre appelé hiérophante qui préside et explique les mystère du sacré. La particularité des Mystères d'Eleusis est qu'ils sont consacrés à Déméter et sa fille Perséphone, dans le temple de Déméter à Éleusis. De plus, c'est un culte initiatique, auquel tout homme ou femme, libre ou esclave peut y participé. Finalement, tout comme la mutilation des Hermès, les parodies de ce culte est considéré comme une impiété totale. Dans cette société très pieuse, cet événement suscite obligatoirement l'inquiétude. Les soupçons pour ces affaires on été portés sur des jeunes gens pris de boisson. Un métèque du nom de Teucros dénonce en tout 18 personnes, et un certain Dioclidas annonce avoir vu un groupe de 300 personne et d'en avoir reconnu 42. Mais Thucydide évoque très rapidement Alcibiade, qui est directement mis en cause dans ces incidents. C'est pour toute ces raisons que l'affaire a eu tant de répercussions sur la vie de la cité, et qu'elle a déclenchée un tel engouement, quelque soit le coupable.
Il est tout de même primordial de se demander pourquoi Alcibiade est victime de ces accusations en rapport à son statut, non pas concernant l'affaire dans un premier temps. Thucydide parle d'Alcibiade, et surtout de son « mépris des usages et du caractère peut démocratique de tout son comportement ». Nous avons donc l'impression d'avoir affaire à un homme qui n'est pas très bien intégré dans sa société. En d'autres termes, il est montré par Thucydide comme un marginal anti-régime, donc susceptible d'avoir commis ces crimes. Pour tenter d'expliquer ces accusations, nous pouvons constater que Alcibiade a manqué d'être ostraciser. En effet, le fait qu'il existait des rivalités entre Nicias et Alcibiade créait aussi des divisions dans la population, néfastes à l'idée pacifique et communautaire de la cité. De fait, il est menacé d'ostracisme en 417 par Hypebolos. Ce dernier semblait avoir des rancunes contre Alcibiade car il l'empêchait de prendre la tête de la faction rurale. Finalement, grâce à une coalition entre Nicias et Alcibiade c'est Hyperbolos qui est contraint à ostracisme. Mais ces accusations sont elles valables ? Il est difficiles de l'affirmer car elles sont basées non seulement sur la rivalité avec Hyperbolos, un « homme méprisable » et « malhonnête qui déshonorait la cité » d'après Thucydide, mais aussi sur une concurrence avec des ennemis. C'est ici que Thucydide, pour sa part, a omis de citer les noms des dénonciateurs, de ceux qui pourraient en vouloir à Alcibiade. Nous rencontrons notamment Diocleidas et Teucros. On peut dès lors se demander s'il n'y a pas un abus sur la dénonciation, qui est un moyen pour recevoir de l'argent, et aussi de se débarrasser d'Alcibiade. Il est donc important de se demander si ces accusations, et celle des Hermocopides ne sont pas fausses.
Nous remarquons que l'explication apportée dans le second paragraphe est bien celle de Thucydide. L'affaire est grave certes, mais même Thucydide avance que les ennemis de Alcibiade « exagérèrent la gravité de la chose et firent tout un vacarme ». Il est avant tout important de souligner que de la ligne 21 à la ligne 33 du texte, nous lisons l'explication que donne Thucydide, c'est-à-dire qu'il donne l'explication la plus probable qu'il
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