Étudier la façon dont les entrepreneurs de morale instaurent les normes et les font appliquer dans des cas particuliers, c’est étudier la manière dont les catégories de statut supérieur maintiennent leurs positions.
Par Andrea • 5 Avril 2018 • 1 620 Mots (7 Pages) • 674 Vues
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Exemple : les policiers vont faire en sorte que la loi sur l’interdiction de consommer de la marijuana soit respectée car les fumeurs de marijuana sont considérés comme déviants et donc anormaux.
Au cours de cette première partie, on a pu observer comment les entrepreneurs de morale créaient les normes en jouissant de leur position de domination et appliquaient les normes. Le but est de convaincre le grand public qu’un tel phénomène est un acte de déviance qui doit être réprimandé et supprimé.
On va donc s’intéresser dans une seconde partie comment la société est structurée, quels sont les caractéristiques de chaque classe et comment maintenir sa position sociale. En effet, le maintien de la position sociale suppose pouvoir et légitimité.
II) Le maintien de la position sociale
De nos jours, on juge la grandeur des individus à l’aune de leur métier, à leur fonction exercée.
- L’habitus
C’est l’ensemble de dispositions produites et intériorisées liées à sa position et à sa trajectoire dans l’espace social. Selon Bourdieu, l’habitus fournit des schèmes de classement sociale structuré par la position de l’individu dans l’espace sociale (condition de vie, goûts, pratiques culturelles). Bourdieu définit 3 classes :
- La bourgeoisie avec un capital économique fort, sécurité matériel avec un goût très important pour la liberté qui pousse le bourgeois à se tourner vers des pratiques culturelles et esthétiques qui lui permettent d’affirmer sa supériorité. (exemple : patron d’entreprise)
- La classe populaire : son habitus est le goût de la nécessité, le sens du nécessaire. Ils vont plutôt s’intéresser à la praticité, plutôt la dimension pratique qu’esthétique. (exemple : les commerçants)
- La petite bourgeoisie ou classe moyenne : son habitus est celle de la bonne volonté culturelle. Elle n’a pas le capital culturel ni l’habitus pour parvenir à la distinction, et va donc se doter de certains signes extérieurs (exemple : les ouvriers)
Bourdieu observe qu’un esprit de compétition existe où les catégories supérieures cherchent à se distinguer de celle du bas et les catégories inférieures cherchent à imiter celles du haut.
- Les instruments de l’influence
Thomas Veblen montre l’émergence de la classe de « loisirs » : classe qui est à l’abris des besoins matériels et qui n’a pas besoin de travailler pour vire. Elle tente de se démarquer par sa consommation des autres groupes et le souci de « paraître » (cela concerne les habits, le dressage de table, le langage..)
Exemple : la manière de s’habiller, les dames de la bourgeoisie portent de hauts talons.
Goblot ajoute que c’est l’usage de la richesse qui permet de se distinguer des autres classes sociales, ces pratiques culturelles sont à la fois barrière (exclusion) et niveaux (uniformité au sein du groupe). La classe supérieure va donc perpétuellement chercher à innover pour maintenir sa position. Cette innovation passe par l’instauration de nouvelles normes. On peut alors retrouver le processus d’étiquetage pour exclure un membre de la classe sociale.
Les catégories supérieures jouissent et tirent profit de chaque type de capital (économique, culturel, symbolique, social) afin de maintenir leur position sociale. En effet, par ce capital les entrepreneurs de morale ont accès aux moyens d’information et de communication pour diffuser leur idée et convaincre l’opinion publique.
Pour convaincre l’opinion public, il faut souligner l’importance de la légitimité afin de convaincre la société. Hughes dans Boys in White montre que les groupes sociaux dominants grâce à leur bagage sociologique et culturel imposent leur point de vue aux autres étudiants car ils sont plus légitimes.
Exemple : les étudiants de l’université choisissent la méthode de travail des groupes dominants car ils sont jugés légitimes par leur capital culturel et sociologique.
Conclusion :
Le facteur clé dans le processus de création des normes est l’initiative suscitée par les intérêts personnels des entrepreneurs de morale soutenue par le fait de rendre publique l’infraction et de la rendre déviante au sein de la société. Il faut convaincre l’opinion publique par sa légitimité et son pouvoir. Les entrepreneurs de morale ont donc une capacité d’accès aux canaux d’information et de communication pour la diffusion de leurs idées afin de provoquer une prise de conscience publique sur le sujet. Ainsi, les entrepreneurs de morale peuvent signaler le danger de la déviance, proposer une solution et mettre la pression sur les représentants de la société afin d’élaborer ou de modifier une norme. Les catégories de statut supérieur tirent profit de leur position sociale afin de créer des normes dans le but de protéger leurs intérêts personnels notamment dans le maintien de leur position sociale.
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