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Vivre pour comprendre

Par   •  19 Octobre 2018  •  1 254 Mots (6 Pages)  •  547 Vues

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Elle décide alors de réécrire ce qu’elle avait perdu. Cependant, elle ne voulait plus simplement écrire un rapport scientifique, elle désirait que son expérience personnelle étaye son savoir. Elle était de plus en plus persuader que pour étudier les sciences humaines, seul le savoir ne suffisait pas et que l’expérience vécue constituait le socle de la connaissance d’une population.

En effet, pour Germaine Tillion, l’homme ne comprend vraiment que ce qu’il a vécu. Elle explique que sans s’observer soi-même, il n’est pas possible d’observer les autres. Elle pense que pour observer correctement, il faut « une remise en question, de fond en comble » de l’observateur. Pour l’auteure, l’observateur doit se regarder au plus profond de lui. Elle sous-entend qu’il doit pouvoir être objectif face à sa propre subjectivité. Elle pense que l’observateur doit être vigilant et éviter la confusion entre ce qu’il observe et les résonnances de son propre vécu.

Là encore, elle utilise une métaphore, celle de l’eau et de la flore, pour appuyer son argument. Pour Germaine Tillion, ce n’est qu’après s’être regardé et remis en question que l’observateur peut « regarder fonctionner une civilisation, et qu’il « peut distinguer ce qui, en elle, résistera aux ébranlements de la vie qui s’écoule – distinguer, dans le courant, les herbes que le flot incline et celles qu’il va déraciner ». Mieux l’observateur se connaîtra, plus juste sera l’observation.

Pour terminer son article, elle dénonce des scientifiques qui « se distinguent sans nulle hésitation de l’objet de leurs recherches » et qui ne s’attachent qu’à la manière très procédurière de les observer. Elle trouve que seuls les humanistes savent mettre en lien leurs observations, leurs ressentis et les éléments observés.

Cet extrait de texte nous laisse percevoir le lien étroit entre l’expérience et la connaissance (théorique et de soi) qui guide indiscutablement la vie et la pensée de Germaine Tillion.

La thèse de l’auteure est que toutes personnes qui décident de travailler dans le domaine des sciences humaines doit acquérir savoir, savoir-faire et savoir-être. Il faut donc apprendre à se connaître et avoir conscience que nos actions, nos émotions, nos postures…entraînent chez l’autre des réactions.

Apprendre à se connaître c’est aussi accéder à ses résonnances, ses limites avec lesquelles nous ne pouvons faire l’impasse de travailler lorsque l’on est au contact d’êtres humains.

Après relecture de mon analyse de « vivre pour comprendre », me revient en « boomerang » ma formation en intervention systémique que j’ai effectuée pendant 4 années. Cette dernière m’a permis de percevoir que ce que je mettais en place dans ma vie professionnelle découlait de mon histoire personnelle et donc de mon vécu. Il me fallut prendre conscience que dans un système, quel qu’il soit, j’occupe une place active. J’intègre le fait que ce que je ressens est plus important qu’il n’y parait et que cela a une fonction et un sens particulier dans un contexte donné, tant pour l’autre que pour moi.

Tout comme Germaine Tillion, j’ai moi aussi modifié ma pratique professionnelle après avoir appris à me regarder de l’intérieure et force est de constater que je ne vois plus de la même manière.

Cette analyse de texte m’a également amené à faire le lien avec la posture de cadre que je vais devoir apprendre à incarner. En effet, j’aimerais pouvoir analyser les situations rencontrées avec une dimension clinique mais également humaine. Est-il possible d’envisager avec une équipe d’être en co-découverte de l’information, en co-construction de la réalité et par conséquent en co-évolution ?

L’autre à des connaissances et des compétences que je n’ai pas et c’est pour moi, la mise en commun des siennes et des miennes qui permettra l’évolution.

En quoi passer d’un observateur qui observe à un observateur qui s’observe peut permettre de faire émerger une multitude d’informations tant pour l’autre que pour nous-même ?

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