Rhinocéros, d’Eugène Ionesco
Par mawii • 22 Avril 2021 • Cours • 756 Mots (4 Pages) • 902 Vues
Dissertation
Littérature et imaginaire
Devoir 3H
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide s’installa entre les États-Unis et la Russie. Il est évident qu’au lendemain d’événements si importants et terrifiants, les répercussions se font nombreuses. Entre autres, la littérature du XXe siècle a pris la direction de s’engager socialement et politiquement. Simultanément, l’univers du théâtre propose des pièces absurdes dévoilant de troublantes vérités, en utilisant l’humour. Plus particulièrement, la pièce Rhinocéros, d’Eugène Ionesco, publiée en 1959, démontre que l’humain peut devenir un monstre en ayant de mauvaises valeurs et en suivant la tendance. Nous verrons d’abord comment un rhinocéros est perçu comme un monstre dans cette œuvre et nous terminerons en démontrant que la transformation des personnages est initiée par leur désir de le devenir.
Ionesco veut, tout au long de la lecture des actes, que ses lecteurs perçoivent le rhinocéros de façon semblable à un monstre. Il veut faire de la bête quelqu’un de féroce, effréné, hideux. Au courant de l’œuvre, l’auteur utilise à maintes reprises des adjectifs qui le qualifient négativement ; « Un quadrupède stupide... » (p. 28), « Et féroce en plus… » (p. 28) et « c’est un très gros animal, vilain! » (p. 65). Le dramaturge ne mâche pas ses mots en nous offrant la description de la créature. On y fait facilement des liens avec les caractéristiques présentes chez un monstre. De plus, il mentionne que les rhinocéros font des ravages partout où ils passent, en faisant énormément de bruit ; « Ils ont démoli les murs de la caserne des pompiers » (p. 140) et « On entend du dehors un grand bruit d’un troupeau de rhinocéros… » (p. 140). Ces passages démontrent que les bêtes ont des comportements ravageurs, agressifs et dangereux. La ressemblance avec un monstre devient donc flagrante. Il y a un certain parallèle à faire avec le temps de guerre très présent au moment de l’écriture de ces lignes. En effet, les soldats ne passaient pas inaperçus lors de leur passage et le peuple pouvait apercevoir les saccages sur les lieux longtemps après leur visite. En fait, Ionesco a convaincu ses lecteurs avec brio que l’animal avait des caractéristiques monstrueuses.
D’autre part, le dramaturge veut faire comprendre, au courant de la pièce, que les métamorphoses qui se produisent chez plusieurs personnages sont en fait des traits de caractère. Ils se transforment donc à mesure que leurs comportements et attitudes changent. Nous pouvons prendre l’exemple de Jean, qui lors de la conversation avec Bérenger, démontra son grand manque d’humanisme et son comportement agressif : « JEAN : L’humanisme est périmé! Vous êtes un vieux sentimental ridicule. » (p. 106) ou bien quand Bérenger affirma, en parlant de Jean : « Il ne supporte pas la contradiction. La moindre objection le fait écumer. » (p. 52). Ces passages à connotation plutôt négative démontrent que ce sont ceux ayant des propos colériques qui seront affectés par la transformation. Aussi, Eugène Ionesco permet aux lecteurs de comprendre que c’est un choix de devenir un rhinocéros, ça n’affecte donc pas les citoyens de façon aléatoire. Par exemple, Béranger qui tient absolument à ne pas être transformé : « Eh bien, malgré tout, je te le jure, je n’abdiquerai pas, moi, je n’abdiquerai pas. » (p. 158) ou de ce passage où Béranger parle de Botard : « C’est cela qui a dû précipiter sa décision » (p. 148). Ces extraits prouvent que c’est la décision de chacun de se métamorphoser ou non en monstre après tout. Il y a un effet de masse, ils y succombent les uns après les autres. Il y a un lien à faire avec ces personnes, qui décident, un jour, de changer leur comportement et perdre toutes formes d’humanisme. Ces gens sont perçus comme des monstres par la société. Bref, les personnages ont adopté un comportement monstrueux avant même leur transformation, c’était donc à leur demande.
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