Rhinocéros - Ionesco.

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2) Montrez quels aspects du totalitarisme dévoile et dénonce cette pièce. (10 Pts)

Dans la pièce d’Eugène Ionesco, la population se transforme peu à peu en rhinocéros, symbole du totalitarisme (Leur couleur verte rappelle les uniformes militaire de l’armée nazie.) Cependant l’œuvre ne se limite pas à la critique du nazisme : l’œuvre dévoile et dénonce plusieurs aspects du totalitarisme.

Tout d’abord, c’est un type de régime politique dans lequel l’Etat cherche à tout contrôler, à obtenir la soumission et l’obéissance de toute la société par la propagande et la répression en imposant une forme de pensée unique (la rhinocérite), ne permettant aucune résistance « ils chantent... aussi ». Par ailleurs, le rhinocéros représente un animal borné, doté d’une solide carapace et incarne la vitesse malgré son poids massif. C’est également une force aveugle qui charge tête baissée, obstinée. L’idéologie de masse est dénoncée par l’allégorie du déplacement de masse des rhinocéros.

Tous les totalitarismes s’attaquent à la condition humaine et transforment en monstre le meilleur des hommes, l'intellectuel (comme « le Logicien ») ou le conformiste, comme Jean.

De plus, les pachydermes sont agressifs et cruels, comme nous le montre cette citation dans l’acte un : « Il a écrasé mon chat », un rhinocéros tue le chat de la Ménagère. Lors de la transformation de Jean, sa personnalité change. Il devient agressif, s’attaque à son ancien ami et se rapproche de plus en plus de l’idéologie nazie en tenant un discours racial : « Je suis sain d’esprit et de corps. Mon hérédité… ». Jean radicalise son discours en proposant de supprimer la morale et de mettre la loi du plus fort en place, il veut détruire le système de valeur. Jean prône également un retour à la nature et son comportement se rapproche de celui d’un animal sans morale : « La morale! Parlons-en de la morale, j'en ai assez de la morale, elle est belle la morale ! Il faut dépasser la morale. Que mettriez-vous à la place? La nature ! La nature? La nature a ses lois. La morale est antinaturelle. Si je comprends, vous voulez remplacer la loi morale par la loi de la jungle ! J'y vivrai, j'y vivrai ».

La pièce dénonce la facilité avec laquelle les gens adhèrent à une idéologie « On en signale un peu partout dans la ville. Ce matin, il y en avait sept, maintenant il y en a dix-sept ». En effet, les rhinocéros, d’abord craints, « Je vous ferai connaître le but et la signification de cette provocation », se révèlent être, par la suite, synonyme de normalité « l’humanisme est périmé ». L’humain devient alors anormal et cette différence provoque un sentiment de peur : « Après tout, c’est peut-être nous qui avons besoin d’être sauvés. C’est nous, peut-être, les anormaux ».

La citation « J’ai eu du mal à trouver de quoi manger [...] Ils dévorent tout. Une quantité d'autres boutiques sont fermées : Pour cause de transformation, est-il écrit sur les écriteaux » suggèrent les rationnements vécus pendant la guerre, le temps de l’Occupation nazie ou encore la collaboration : « Ne croyez pas que je prenne parti à fond pour les rhinocéros...».

Juste avant de se transformer en rhinocéros, Jean renie la notion d’humanité et d’homme : « L’humanité est périmé ! », il est devenu un nazi donc il se transforme.

Ensuite, Bérenger entend les rhinocéros passé dans la rue telle une armée : « Une armée de rhinocéros, ils dévalent l’avenue en pente ! », cette métaphore fait référence au grand défilé de l’armée dans les régimes totalitaires.

Dans le dernier acte, Bérenger veut agir pour contrer le mal qui se répand dans la ville. Il veut lutter contre la montée des rhinocéros en organisant la résistance, mais ses camarades sont trop passifs : « Laissez les autorités réagir d’elle-même ! ». Par ailleurs, on comprend comment se développe l’idéologie totalitaire : les gens se transforment pour être dans la norme. C’est un phénomène de masse comme avec la conversation de Dudard qui au début est contre les rhinocéros mais qui finalement accepte de les rejoindre car ils sont plus nombreux : « Je préfère la grande famille universelle à la petit ».

Enfin, les rhinocéros contrôlent ensuite la télé comme dans les régimes totalitaires avec la propagande et ils coupent le téléphone. Finalement même Daisy succombe au conformisme et devient rhinocéros : « En vois-tu d’autres de notre espèce ? », seul Bérenger résiste, il est le seul humain dans la ville de rhinocéros mais il continue de résister : « Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! ». S’il est le seul à ne pas se transformer en rhinocéros, c’est parce qu’il a son bon sens, il n’est pas conformiste comme tous ceux qui l’entourent.