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Réflexion sur la question juive (1946), Sartre

Par   •  1 Novembre 2018  •  1 873 Mots (8 Pages)  •  533 Vues

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Sartre expose ici trois notions qui se veulent complémentaires, et étroitement liées. Il s’agit du raisonnement, de la vérité et du soi-même. A trois reprises, il parlera de la peur de chacune, qui induit également la peur des deux autres. En effet, d’après Sartre, la vérité nécessite un raisonnement, qui lui-même dépend d’un soi-même, qui cherche donc à raisonner. On retrouve donc le schéma du texte : l’homme est sensé car il se pose des questions –il raisonne- et cherche donc la vérité. Ainsi, l’homme insensé, qui refuse de voir la vérité, qui la fuit, qui en a peur, c’est finalement de lui-même qu’il a peur, une peur de soi originelle. A ce titre, il évite donc également le raisonnement, la méthode même de raisonner, car ils ne veulent pas produire un travail pour arriver à une vérité. L’idée même d’un effort les contraint à l’ignorance. Ces hommes vivent dans la jouissance totale et immédiate : ainsi, puisqu’il faut produire un effort de pensée, pour emmètre une opinion, cella est inutile, et l’esprit s’en débarrasse : il reste atone car c’est ce qu’il désire. Contrairement à cela, celui qui cherche, qui prend le temps de penser, est un homme sensé, chercheur de vérités. Ici est l’opposition entre le deux types d’hommes décrits du texte : il y a les jouisseurs immédiats, qui ne veulent que de l’acquis et pour qui le raisonnement et la recherche de la vérité n’a que peu de sens, si ce n’est pas du tout, et de l’autre côté les hommes sensés, qui dédient leur vie à la recherche de la vérité et du bon raisonnement. Les insensés se complaisent dans ce qu’ils sont déjà : ils aiment ce qui est innés pour eux, ce qu’ils possèdent déjà. On rejoint l’idée de la première partie, ils ont peur du changement, car ils veulent vivre dans leur monde où la recherche n’est que secondaire, où le progrès n’est pas indispensable, car l’immuabilité est leur maître-mot. Selon eux, il n’y a rien de plus à chercher, à découvrir ou à savoir que ce que nous ne connaissons déjà. Ils remettent donc en cause les fondements même de la science et de la philosophie : puisqu’il n’y a rien de plus que ce que nous connaissons déjà à apprendre, ces domaines n’ont pas lieu d’être. Ces hommes sont donc persuader que leur confort intérieur, que leur fainéantise intellectuelle, sont les bases d’une monde immobile, et donc meilleur à celui qui existe. La base de ce raisonnement peut de nouveau se résumer à une instance religieuse. Si tout est basé sur un livre saint, sur la Bible, alors toutes les réponses sont apportées par le livre sacré. Il n’y a donc plus d’intérêt de produire un quelconque raisonnement, puisque la vérité est immuable. Ainsi, par glissement, comme vu précédemment, s’il n’y plus de vérité, et plus de raisonnement, alors il n’y a plus à proprement parler de soi-même. Notre individualité n’est plus, et notre vie ressemblerait à celle de tout autre : elle n’est serait que appauvrie. Ainsi se dégage une sorte de fanatisme religieux, qui tend à remplacer tout notre savoir, notre raisonnement, par des immuabilités inconsistances, propre à l’oisiveté intellectuelle que propose la religion. Implicitement, ce que nous enseigne ce texte, c’est que pour prévenir contre la bassesse intellectuelle de ce r raisonnement, si tenté qu’on puisse appeler ceci raisonnement, il faut éduquer la population. En effet, les insensés choisissent de raisonner faux car ils ne connaissent rien à la beauté et à l’attrait que représente la recherche de la vérité. Ils se murent dans leurs acquis, en les admettant comme vérités fondamentales. Ainsi, s’ils pouvaient être éduqués à la philosophie et aux sciences, ils pourraient se sortir de leur passion irrationnelle pour l’immuable. Avec des connaissances dans ces domaines, ils ouvriraient leur esprit : leur soi-même serait capable d’emmètre un raisonnement, en quête d’une vérité, tel le philosophe. Sartre exprime donc ici son point de vue quant à l’éducation des hommes : les hommes instruits choisiraient naturellement le bon raisonnement, et rejetteraient l’idée même de raisonner faux.

Raisonner faux n’est un problème qu’aux yeux des hommes sensés, qui, eux, sont sur le chemin de la vérité. Renoncer au progrès, au développement personnel, pour se contenter uniquement des vains enseignements que peuvent apporter une courte expérience de vie ou les doctrines saintes relèvent d’une paresse intellectuelle hors-norme. Il est effectivement agréable de se murer dans le connu, de préférer ce que l’on connait déjà, car c’est un réflexe intrinsèque au comportement humain, aujourd’hui mieux compris, et appelé le biais de statu quo. Ce biais cognitif est exactement défini par cette situation : nous préférons toujours ce que nous connaissons à ce que nous ne connaissons pas : ceci peut être également, dans une certaine mesure, appelé nostalgie. Tout le monde est affecté par ce biais, mais avec l’éducation des sciences et de la philosophie, l’homme « sensé » sait s’en défaire et avancer sur le chemin du raisonnement et de la vérité. Cela lui permet un développement personnel important, et nécessaire pour vivre dans la réalité telle qu’elle est. Le titre de l’ouvrage dont est tiré cet extrait est Réflexion sur la question juive, paru en 1946. L’idée sous-jacente de l’extrait tend donc à dénoncer des vices, les vices de la seconde guerre mondiale. Il n’est pas impossible de penser que Sartre parle de l’antisémite, qui a perdu tout raisonnement, au profit d’un endoctrinement, qui lui a enlevé la quête de la vérité. Il tient comme acquis une haine profonde, sans pour autant prendre le temps de raisonner, de se questionner quant à la légitimité de ses actes. Finalement, ce qu’il a choisi, c’est

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