Portrait de Catilina, Salluste
Par Orhan • 7 Octobre 2018 • 1 498 Mots (6 Pages) • 603 Vues
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3. Commentaire
1. Un portrait négatif mais nuancé
Tout d’abord, il fait des concessions de qualités.
C’est un homme noble « nobili genere natus » = « né d’une noble famille » et comme beaucoup de romains, il se prétendait d’une famille de la création de Rome : la « gens Servia », famille issue de Sergeste, compagnon d’Enée. César, lui, appartient à la « gens Julia » qui prétend venir d’Enée et c’est une origine noble car fondatrice de Rome.
Salluste, lui, reconnaît des qualités qui sont celles qu’on attend d’un bon romain et d’un bon soldat. Elles sont repris à la ligne 4 « corpus patiens inediae, algoris, vigiliae » = « un corps endurci au jeûne, au froid, à la veille ».
Il utilise des procédés comme l’énumération (comme juste au dessus) et d’une hyperbole « supra quam cuiquam credibile est » = « au delà de ce qu’il est croyable à quelqu’un ».
On est dans l’éloge des qualités physiques de Catilina et Salluste lui reconnaît aussi une forme d’intelligence « animus audax » = « un esprit audacieux », il lui attribue la qualité de l’éloquence « satis eloquentia » = « assez d’éloquence » qui est important pour un romain, un patricien.
Malheureusement, ces qualités ne sont pas mises au service d’un comportement honnête.
Ces qualités sont normalement associés à la « virtus » qui dans un 1er sens a un sens physique qui l’a et dans un deuxième sens a un sens morale qu’il ne l’a pas, c’est un personnage dépourvu de moralité.
L’immoralité du personnage est désigné dès la ligne 2 « ingenio malo provoque » = « une part d’innée dans son vice » mais à la ligne 3, on s’aperçoit que ses tendances ont été renforcés dès l’adolescence par les pratiques mauvaises énumérées ligne 2 et 3 « adulescentia », « juvententutem », « malus » et « pravus » évoquent le mal et « pravus » est l’idée de prendre une mauvaise direction.
Il parle à la ligne 4 de « corpus » = « corps » et ensuite l’auteur reprend « animus » = « esprit ».
Il va passer du positif au négatif. Pour l’esprit « animus », seul le mot « audax » = « audacieux » est positif. L’adjectif « vastus » = « insatiable » dénonce un défaut de Catilina d’excès, « ferox » = « fougueux » se rapporte à l’animal, proche de l’acharnement animal. On dit ensuite qu’il a peu de sagesse, ceci est accentué par le chiasme ligne 6 et 7 « satis eloquentiae sapientiae parum » = « assez d’éloquence, de sagesse peu » et par le fait que l’adjectif « parum » finisse la phrase.
Salluste évoque au début du texte à la ligne 2 et 3, de manière allusive, les crimes de Catilina, on le soupçonne d’avoir tué son frère, son beau frère, son beau fils (pendant la dictature de Sylla) et « rapinae » = « pillages » fait référence au fait qu’il a récupéré le bien des proscrits pendant la dictature de Sylla et les pillages quand il était gouverneur en Afrique. Salluste ne les mentionne pas car ils sont connus et il ne s’intéresse pas à ça, son but est de faire un portrait moral.
2. Un portrait lié à son époque
Salluste donne une cause du comportement de Catilina : Catilina est d’une famille noble qui s’est appauvrie « inopia rei familiaris » = « à cause de la situation désastreuse de son patrimoine ».
Dès le début, Salluste fait référence à la situation politique de l’époque où Catilina peut plus faire facilement ses « bella intestina » = « les guerres intérieures » ou ses « discordia civilis » = « la discorde civile ». Les guerres intestines sont les guerres entre Marius et Sylla où Sylla devient dictateur mais durablement donc c’est un pouvoir tyrannique puis il y a une lutte entre Pompée et César et César va exercer une forme de dictature.
Salluste montre des traits de comportement contradictoires « sui profusus » = « prodigue du sien » et « alieni adpetens » = « avide du bien d’autrui » contre « luxuria atque avaritia » = « l’amour du luxe et l’avidité » et Salluste réaffirme cette opposition « ac diversa interse » = « et opposés entre eux ». Ces mots sont révélateurs de la décadence de l’époque où un homme romain est avant tout un « pater familias » dont les qualités sont de veiller au maintien du patrimoine et de la fortune et l’avidité et la cupidité de Catilina est contraire à la « virtus » romaine.
Catilina est donc le reflet de la société.
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