Gil Blas de Santillane
Par Junecooper • 23 Août 2018 • 1 873 Mots (8 Pages) • 518 Vues
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Dans leur discussion entre homme et noble, ils expriment une autre forme de mépris : un mépris de classe, un mépris envers la bourgeoise. Elle est la fille d'un docteur en droit, c'est une bourgeoise et Aurore utilise cet argument, appuie sur ce bouton-là, pour justifier de la maltraiter. Il y a une critique nobiliaire, il n'est pas tout à fait normal de jouer ainsi avec les gens et de les traiter différemment en fonction de leur classe sociale.
2) Le trouble du travestissement.
L'ensemble de la comédie amoureuse consiste à séduire un homme sous une double identité et donc en lui mentant, en jouant un rôle pour faire en sorte de l'amener là où on veut. On est censé voir l'ironie car c'est une femme déguisée en homme qui dénonce les femmes qui se cachent derrière des masques. Dédoublement du personnage, du sexe, du rôle. Elle n'est pas moins déguisée quand elle est Aurore que quand elle est Don Luis. Il y a une scène où elle se change. On la voit enlever des choses et on la voit remettre des choses : elle se remaquille et met des hauts talons qui font qu'elle est plus grande qu'au naturel. Il n'y a pas de moment où il y a la vraie Aurore car on la voit enlever un costume pour en remettre un autre. Il y a tout un jeu de trouble, de miroir qui s'établit entre les 3 personnages. Don Luis trouve Don Félix très beau, jeu de ressemblance entre Don Luis et Aurore car c'est la même personne. On a un effet de miroir généralisé où chacun se reconnaît et se séduit dans la ressemblance avec l'autre.
III. La vie comme jeu.
1) Le théâtre du monde.
Le vocabulaire du théâtre est omniprésent dans ce texte, il est inratable comme dans les propositions du projet. Le projet nous est présenté comme un théâtre, l'intrigue comme une comédie alors qu'ils vont jouer sur le théâtre du monde ; ils ne vont pas se produire sur une scène.
Le théâtre du monde est une métaphore très présente pour l'époque baroque ; c'est le fait que chacun a le sentiment que le monde est un théâtre et qu'il faut jouer un rôle ; on a un rôle social à jouer. L'image du théâtre du monde va se prêter à des images du monde comme manipulée. Le picaresque qui écrit à l'époque baroque illustre ce motif du théâtre du monde et le dénonce de l'intérieur. Le picaro qui est un personnage mobile permet de faire voir à chaque fois l'envers de la société.
L'autre motif qui se rattache à notre théâtre du monde dans le récit c'est le mariage d'Aurore ; mariage = éclosion d'un sentiment vrai qui est appelé à être stable sort ici de l'inconstance, de la manipulation. Il y a dans ce chapitre l'idée paradoxale que pour atteindre le vrai il faut traverser le faux. Cette traversée des choses illusoires nous explique qu'il faut passer au-dessus du faux pour atteindre le vrai. On est tous en train de jouer des rôles mais ce n'est que comme ça que la vérité peut sortir de tout ça.
2) Gil ou la prise de distance.
Personnage qui ne joue pas le jeu, qui fait constamment un pas en arrière par rapport à ce théâtre du monde ; il n'est pas dedans alors que normalement on y est tous. Gil lui est un personnage qui est dégagé de ce jeu omniprésent et ça permet de porter sur lui un regard plus distant, plus détaché. Il ne cesse de produire une évaluation morale et critique sur ce qu'il assiste. Il dénonce la frontière qu'il y a entre acteurs et escrocs. Il dénonce la fourberie car derrière la comédie sentimentale il y a quelque chose qui peut se rapprocher du récit picaresque. Ces nobles, comédiens ce sont des faux, des escrocs eux aussi. Gil nous montre toutes les conséquences qu'il y a derrière ce théâtre du monde, derrière ce jeu. Gil lui se tient à l'écart et nous dit qu'il est semblable aux acteurs qui ne paraissent qu'au dernier acte. Il a un rôle très secondaire et disparaît aussitôt la pièce terminée. Ce chapitre nous annonce un changement de condition, Gil quitte cette scène et il n'a été tout du long qu'un personnage secondaire, un personnage d'acteur malgré lui et plus témoin, moraliste, portant un regard critique sur ce qui se jouait devant lui. Donc cela n'est pas baroque.
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