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Voltaire, Memnon ou La sagesse humaine

Par   •  15 Octobre 2018  •  1 960 Mots (8 Pages)  •  977 Vues

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extérieurs auquels le lecteur ne se fie pas. Le narrateur rend donc le lecteur complice. => Nous avons le cliché de la jeune belle rusée qui s’adonne à une comédie larmoyante pour extorquer de l’argent à un amant.

Memnon est caractérisé par des adjectifs négatifs: "honteux et désespéré" (l.48), "outré" (l.62), "pétrifié d’étonnement et navré de douleur" (l.52) et "disgrâcié physiquement" => connotations négatives qui soulignent ses insuffisances. Memnon est devenu en outre une sorte de néant social et sa misère évoque celle de Job dans l’ancien testament, qui fini aussi par recevoir une punition divine pour avoir été trop orgueuilleux. "Il se couche sur de la paille" (ligne 84). Cette situation extrême permet d’introduire le bon génie puisqu’il s’endort désespéré en ayant le songe. Celui-ci est désigné par des periphrases humoristiques tel que "l’habitant de l’étoile" (l.95), "l’animal de l’étoile" (l.109), "le philosophe de là-haut" (l.121) qui semblent indiquer une certaine distance du narrateur par rapport à son personnage.

Le génie, impossible de se figurer cette créature dotée d’ailes dépourvue de "tête, de pieds, de queue". Voltaire suggère avec humour que le bon génie ne "ressemble à rien" (l.87). Le monde de Sirius dont il vient apparaît comme une espèce de monde inversé ainsi qu’en témoigne les nombreuses formules négatives qui scandent son discours: "nous en avons point" (l.96), "nous ne faisons point" (l.96), "nous ne mangeons point" (l.97), "il n’y a ni.. ni.. ni.. ni.." (l.98). Le personnage se place ainsi tout entier sous le signe du manque: ni femme, ni aliments, ni or, ni argent, pas de corps et pas de satrapes (ministre ou personnage grossier). Dans ce monde désincarné règne cependant une égalité de fête: "tout le monde est égal" (l.100).

Les personnages secondaires:

La jeune fille représente la fausse ingénue (cf: Marivaux), les amis représentent ses pires adversaires (il doit la perte de son oeil à l’un d’eux). La sphère du pouvoir est représenté par un roi indifférent, qui se décharge sur autrui de l’exercice de la justice: "il donne le mémoire à un de ses sacrapes" (l.70). Le satrape prototype du courtisan corronpu, son titre renvoie à un dignité orientale, mais aussi, le terme désigne un individu grossier et malfaisant.

III. L’enseignement délivré par le texte.

Le conte philosophique tel que le conçoit Voltaire s’adresse à l’imagination mais aussi à l’entendement (l’intelligence). Il a deux fonctions: divertir et enseigner.

Le contenu de la morale: la morale du texte est significative de l’hésitation philosophique dans laquelle se trouve Voltaire en 1756. Après l’optimisme du Mondain, après le tremblement de Terre de Lisbonne et le début de la guerre de 7 ans, Voltaire n’est plus du tout dans cette philosophie de l’optimisme, elle va changer. La réflexion morale se trouve dans le dialogue entre Memnon et le bon génie, ce dernier assure au héros un changement de situation, déclaration sur un ton prophétique: "ton sort changera" (l.109). Cependant il met une condition à la prophétie: "pourvu que tu ne fasses jamais le sot projet d’être parfaitement sage" (l.110). Donc la quête de la sagesse est discrédité une dernière fois et qualifiée de "sot projet". Surtout le bon génie, stigmatise la prétention à la perfection dans quelque domaine que ce soit, comme le souligne l’accumulation avec la répétition de l’adverbe "parfaitement" (l.112-113). La morale dit que la perfection, si elle existe, n’est assurément pas de ce monde. La sagesse existe dans l’univers mais pas dans la Terre.

Le texte s’achève sur la question de l’optimisme, peut-on dire réellement que tout est bien comme le dit le génie à la ligne 120 ? Or, l’histoire de Memnon, est démenti à la philophie de l’optimisme: si tout est bien dans l’univers, le mal est sur Terre. Et Voltaire s’emploiera à démontrer ceci, trois ans plus tard, dans Candide.

Les procédés satiriques (de l’ironie Voltairienne):

- l’antithèse: l’ironie naît de la pratique de l’antithèse qui rapproche des réalités opposées notamment dans le discours de Memnon (qui oppose la gorge (poitrine) ronde de la jeune fille à la poitrine plate et pendante de la veille: l.6).

- hyperbole: il s’agit d’évoquer des réalités géographiques, exemple: 500 milions de lieux du Soleil.

- l’ironie apparait également dans le rythme du texte: "l’asyndète" (absence de liaisons entre deux termes, deux phrases, qui sont cependant dans un rapport étroit). => effet d’accélérer le rythme (l.52 à 58), il s’agit de montrer la succession rapide et presque irréelle de l’épisode.

- Les nombreuses interventions de Voltaire se fonde sur la redondance, notamment dans le paragraphe de transition (l.76 à 85): énumération, duo d’adjectifs "trompé/volé", etc... Tout ceci insiste lourdement sur l’empleur des défaites de Memnon qui fini sur la paille.

La dimension ludique de l’écriture du conte:

- L’autotextualité: texte qui renvoit à un autre texte mais d’un même auteur. Le conte joue sur des effets d’autotextualité puisque c’est le laboratoire de l’oeuvre à venir: Candide (publié 3 ans plus tard). Notamment l’histoire avec la jeune fille rappelle les retrouvailles de Candide et de Cunégonde. Le bon génie a des liens avec un autre conte de Voltaire qui s’appelle Micromégas.

- l’intertextualité: texte qui renvoit à un autre texte d’un autre auteur. Elle est présente dans le conte, notamment dans la scène de séduction qui renvoie au roman Manon Lescaut, de L’Abbé Prévost, dans lequel le couple est comdamné à la déportation en Louisiane. Plus heureux Memnon échappe à l’Amérique qui n’a pas encore été découverte comme le souligne ironiquement Voltaire.

Conclusion: Avec ce conte, il convient de mettre en évidence l’aspect plaisant de la fiction: l’enchainement et la multiplicité des actions, la caractérisation des personnages qui sont stylisés mais qui incarnent les fonctions variés du merveilleux. => divertir: première fonction de l’apologue.

L’autre dimension étudiée fait appel à la fonction de l’enseignement, puisqu’il fait passer une morale, à savoir: la perfection

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