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Chapitre 2 valeur d' un objet. CGE

Par   •  26 Novembre 2017  •  1 895 Mots (8 Pages)  •  623 Vues

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Mais au-delà de cette dimension biographique, les objets jouent un rôle identitaire. Loin de demeurer de simples témoins, les objets sont souvent de véritables jalons au point de devenir des acteurs à part entière de la vie de ceux qui les possèdent. (Selon le psychanalyste Serge Tisseron, Quand la vie vient aux objets) Supports de joies, déceptions ou terreurs, les objets, dotés d’une véritable vie, influencent leurs propriétaires au point, parfois, de déterminer des vocations. Les objets seraient ainsi pourvus d’une âme qui dialogue avec les aspirations les plus secrètes de chacun. Ainsi faut-il les considérer comme des partenaires à part entière.

Ce que chantait aussi Alphonse de Lamartine : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »…

Enfin, si un objet se définit aussi par ce que son possesseur y investit, pensons aux collectionneurs…. Le collectionneur est celui qui fait passer la valeur affective de l’objet avant toute autre valeur. Ce que définit le philosophe Walter Benjamin, qui fait du collectionneur celui qui oublie et refuse toute fonctionnalité de l’objet pour en faire l’objet suprême qui vaut plus que tout, l’objet possédant, de ce fait, une valeur plus symbolique que réelle. Paré d’une puissance magique et fantastique, l’objet collectionné fait figure de véritable talisman au point parfois de glisser vers le culte.

C°) Valeur religieuse de l’objet

Doter un objet d’une valeur affective revient souvent à lui conférer une valeur religieuse. C’est ce qu’observe Marcel Proust dans Les Plaisirs et les Jours ou dans sa célébrissime A la recherche du Temps perdu, pour qui les objets qui ont appartenu à un être aimé disparu sont les témoins privilégiés d’une intimité que l’amoureux ne pourra désormais plus partager. Au-delà de leur valeur sentimentale, ces objets du quotidien aussi banals qu’une simple brosse à cheveux deviennent l’occasion d’une adoration que l’affection seule n’explique pas. Sans doute ces objets sont-ils considérés comme les reliques d’une femme tant aimée qu’elle apparaît aux yeux de l’amant comme une véritable divinité. Les objets revêtent alors une dimension sacrée.

Mais la valeur proprement religieuse affectée à un objet naît quand l’amour se mue en véritable foi. L’objet adoré devient un objet de dévotion à part entière, dont la vocation première est de permettre aux fidèles de rendre hommage, dans le cadre d’un culte religieux, à un dieu, comme c’est le cas notamment dans la religion chrétienne et en particulier le catholicisme. Suaires, morceaux de la croix du Christ, chasubles de papes canonisés, crucifix, médailles bénies… autant de saintes reliques qui témoignent que les objets de dévotion sont des plus divers et des plus usuels, d’autant plus adorés qu’ils sont en apparence quelconques. L’objet de dévotion fascine le croyant car il se trouve au cœur d’un paradoxe : il est la preuve matérielle d’une présence spirituelle et de sa force. Signe d’un miracle, l’objet de dévotion renvoie à la part superstitieuse propre à tout amour des objets.

Sans doute est-ce dans cette part de superstition que réside l’ultime aspect de la valeur religieuse des objets. En effet, en contrepoint du culte des reliques, proprement religieux, naît progressivement, au cours du XXeme siècle, un culte païen des objets, et plus exactement l’expression « objet culte ».

Certains objets, comme le couteau Opinel ou le parfum Opium, à la tradition et à l’histoire longue et riche, sont les traces d’un savoir-faire qui force le respect et l’admiration. L’objet culte devient alors une icône des temps modernes, et témoigne, dans des temps matérialistes, d’une sacralisation des objets. Car ne faudrait-il pas considérer que l’objet culte, outre ses qualités intrinsèques, est devenu le signe d’une dévotion contemporaine sans fin pour la société de consommation, nouvelle religion profane ?...

D) La valeur esthétique d’un objet

La quatrième et ultime valeur d’un objet serait sans doute sa valeur esthétique. Outre ses qualités de fabrication et de production, un objet a souvent pour but de séduire un consommateur, qui, parfois sans savoir s’il va lui être utile, saura, dans tous les cas, lui plaire. Couleurs, matières, formes et originalité font le prix de l’objet en lui conférant une plus-value lui permettant de se distinguer des autres et de pousser à l’achat. C’est dans ce souci d’offrir à l’objet un raffinement esthétique et de le détacher de son caractère proprement usuel qu’est né le design, sous l’impulsion de figures charismatiques telles que Philippe Starck.

Dès lors, par les qualités esthétiques mises en jeu, la frontière entre design et art est mince : c’est elle qu’interroge Andy Wharol, à travers ses travaux plastiques. L’artiste américain n’a eu de cesse de questionner la valeur esthétique de l’objet moderne en signant notamment le design des boîtes de soupe Campbell qu’il a ensuite reproduites sur nombre de ses toiles. Où est l’œuvre d’art ? Le design est-il l’ouvre d’un artisan ou d’un artiste ? La question se pose…

Peut-être trouve-t-on un début de réponse en poésie, en particulier avec l’œuvre de Francis Ponge. Le propre de l’objet serait de posséder une valeur esthétique à même de ré enchanter le quotidien, de le transcender et de le sublimer. Loin de sombrer dans la routine et la monotonie, l’objet possède une part poétique qu’il transmet à la manière d’un don merveilleux à son propriétaire. L’objet devient alors un véritable hymne à la beauté sans même qu’il le sache.

C’est ce même goût pour la beauté qui guide les amateurs d’art à la Renaissance vers la constitution des « cabinets de curiosité » où ils rassemblent les objets dont les qualités esthétiques les ravissent le plus. Ancêtres de nos actuels musées, les cabinets de curiosité mettent en valeur les qualités esthétiques les plus insoupçonnées parmi les objets divers. Ceux-ci peuvent être collectionnés et collectés comme autant d’œuvres d’art, mais l’esthète qui prête tant de beauté à tout, n’entre-t-il pas, petit à petit, comme le personnage de DES ESSEINTES, le personnage principal du roman A rebours, de Huysmans,

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