Ecrit sur un parcours professionnel
Par Ninoka • 13 Octobre 2018 • 2 129 Mots (9 Pages) • 479 Vues
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La temporalité des acteurs de l’accompagnement social
Lors de cette formation, j’ai pu me questionner sur la temporalité des différents acteurs lors d’un accompagnement social.
Comme je l’ai dit précédemment, au début de ma formation j’étais dans une logique de réponse immédiate. Le travailleur social peut s’inscrire dans une logique de rapidité dans la constitution d’un dossier. Cette intervention peut se confronter au rythme de l’usager qui peut, quant à lui, avoir besoin d’un certain temps avant d’être en capacité de se mobiliser en ce sens. Par le biais de mes stages, j’ai pu comprendre que les personnes et les travailleurs sociaux n’étaient pas systématiquement sur les mêmes échelles de temps.
Lors de mon stage de première année, en Centre Communal d’Action Social, le travail sur lequel j’étais positionnée se déroulait dans une limite de temps assez courte. Au delà de la réponse donnée, nous ne revoyions plus l’usager car son dossier était terminé. En lien avec le dispositif de réussite, ce stage avait pour objectif d’accompagner l’usager dans une difficulté rencontrée à un moment donné de sa vie. Si à la fin de l’accompagnement, j’ai pu remarquer que les usagers étaient satisfaits, ou pas, d’avoir eu réponse à leur question, je me questionne sur l’impact que celui-ci pouvait avoir sur eux. Au contraire, lors de mon stage de troisième année à l’aide sociale à l’enfance, j’ai pu remarquer des parents d’enfants placés qui étaient accompagnés depuis plusieurs années. Je me suis questionnée sur l’efficacité du soutien à la parentalité pour des parents n’ayant pas de déficiences qui justifient qu’aucune amélioration permettant le retour de l’enfant ne se fasse. Il est, je pense, nécessaire de régulièrement questionner les objectifs avec les parents lors de longs placements, afin de permettre une évolution positive de la mesure.
Je pense qu’il est nécessaire de prendre en compte les besoins des personnes en terme de temporalité en trouvant un juste milieu sans les brusquer, ni faire attendre plus que nécessaire. Je pense également qu’il est important de pouvoir adapter les dispositifs aux besoins des personnes et à leur demande. Par exemple, nous aurions pu, lors de mon stage de première année, proposer des rencontres régulières aux usagers quelques temps après la clôture du dossier pour continuer le travail, si le temps qui leur a été accordé n’aurait pas suffit. Ainsi, l’accompagnement serait plus adapté, en terme de temps et à la singularité de la personne.
La rencontre entre la personne accompagnée et l’assistante de service social
Je pense que ce qui m’a le plus questionné tout au long de ces trois années de formation, est la subjectivité sur laquelle repose le travail social. Bien que celui-ci soit guidé par des lois et des dispositifs aux modalités précises, l’accompagnement social aura toujours un aspect subjectif en lien avec la rencontre entre la personne et le travailleur social. Selon le dictionnaire Larousse, le subjectif est ce « qui relève du sujet défini comme être pensant, comme conscience individuelle » et se dit aussi « de ce qui est individuel et susceptible de varier en fonction de la personnalité de chacun ». En effet, l’accompagnement social repose sur une relation d’humain à humain. Cela signifie que les deux participants (l’usager et le travailleur social) amènent avec eux toute leur histoire personnelle, leur représentation et leur personnalité en général.
Si au début de ma formation, je pensais qu’il était nécessaire d’être neutre et d’accompagner les personnes de façon identique, je me suis rapidement rendue compte que cela était impossible. Il est évident qu’une certaine objectivité est nécessaire afin de permettre une égalité aux personnes disposant de mêmes droits. Cependant, une neutralité est selon moi impossible à atteindre et peut être négative au travail social. Je pense qu’être dans une logique de service identique déshumaniserait le travail social car cela ne reposerait que sur une logique de réponse automatique à une demande de la personne. Cela supprimerait la dimension humaine d’écoute et de soutien que peut procurer l’assistante sociale.
L’accompagnement social repose énormément sur un lien de confiance entre la personne et le travailleur social. Bien que la personne soit « protégée » par le secret professionnel et la déontologie de l’assistante sociale, il lui livre tout de même une partie de sa vie et de son intimité. Il est alors nécessaire que l’assistante sociale respecte ce que la personne apporte et construise avec elle l’accompagnement. Cette relation de confiance diverge selon la singularité des personnes. Certaines personnes peuvent avoir besoin de se sentir dans un lien privilégié avec leur assistante sociale, alors que d’autres seront plus réservés. Dans tous les cas, la personnalité de l’usager et les problématiques qu’il apporte feront écho à la personnalité de l’assistante sociale et à son histoire personnelle. Pendant cette formation, j’ai énormément appris à travailler selon qui j’étais. J’appréhendais énormément de m’attacher à des personnes et de ne pas avoir la distance professionnelle suffisante. Grace aux ateliers d’ISAP et d’ISIC pendant lesquels, j’ai pu échanger sur ma pratique avec les référents d’ateliers et mes collègues de promotion, je me suis rendue compte qu’il était normal que mon accompagnement diffère selon les personnes et leurs problématiques. Je pense, aujourd’hui, qu’il est important, en tant qu’assistante de service social, de témoigner de qui je suis, et de ne pas essayer de le cacher lors de mes accompagnements, tout en respectant la personne et le cadre de mes missions. La rencontre avec l’humain était ce que je recherchais en m’orientant dans cette filière. Cacher mon humanité dégraderait mes accompagnements, les rendant moins bienveillants.
Conclusion
Je pense que la formation d’assistant de service social bouleverse autant sur le plan professionnel que sur le plan privé. Cette formation m’a énormément ouvert l’esprit sur des réalités de la société dont je n’avais pas forcément conscience auparavant. Par la rédaction de cette auto-évaluation, je me rends compte que cette formation a vraiment suscité énormément de questionnement dont je n’ai pas pu partager l’intégralité ici. Je pense que ces remises en questions perpétuelles m’ont permis d’affiner ma pratique professionnelle
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