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Depuis le poète latin Horace, on considère que la comédie a pour but de "corriger les mœurs par le rire". Pensez-vous que les comédies ou les extraits de comédies du 17ème que vous avez lus, ont pour seule fonction de "corriger les mœurs pa

Par   •  24 Avril 2018  •  2 226 Mots (9 Pages)  •  905 Vues

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Le monomaniaque est un révélateur des tensions sociales puisque c’est en critiquant des caractères et des groupes sociaux qui existent réellement que l’auteur dramatique montre les problèmes au sein de la société. En effet la présence de faux dévots par exemple en ai un. Dans Le Misanthrope, la porté de la satire d’ Alceste est non seulement morale et sociale, mais aussi politique.

Le monomaniaque est confronté à l'honnête homme. En effet, durant la période classique, les contemporains s’opposent à tout excès, démesure, et aux passions destructrices qui nous détruisent et détruisent les autres en instaurant un idéal de vie dans la société et un modèle à suivre qu’est l'honnête homme. Il est courageux, pieux, calme, cultivé, humble, respecte les liens du sang et sait dominer ses émotions. Par cette norme on condamne certains travers et comportements dans la société. Le moraliste Molière utilise dans la comédie l’idéal de l'honnête homme dans le but de mieux critiquer le monomaniaque et mieux dénoncer ses vices et travers.

Corriger les moeurs pas le rire permettrait de rendre les hommes plus vertueux et la société plus policée. Mais il faut tout de même garder en tête que le but premier de la comédie de caractère n’est pas de nous montrer ce que nous devons être mais plutôt ce que nous ne devons pas être.

La comédie ne corrige pas forcément les moeurs par le rire, ce n’est pas son seul but.

La base de la comédie de moeurs et de caractère est la caricature. En effet dans chacune de ses pièces, Molière caricature des monomaniaques et des groupes sociaux. Néanmoins la caricature poussée à l’extrême peut ne plus avoir la vision moralisatrice souhaitée. Si le but premier de la comédie est de corriger les moeurs par le rire, le spectateur doit se reconnaître dans le ridicule des personnages critiqués. Mais un avare prêt à se suicider à cause de la perte de son argent, ou bien un misanthrope qui par sa monomanie refuse l’amour ne sont pas des personnages dans lesquels les spectateurs se reconnaissent. Ainsi l’effet de la comédie n’est plus de corriger les moeurs par le rire puisque les spectateurs ne verront dans les personnages que des êtres ridicules et non pas le miroir de ce que sont certains spectateurs. Cette caricature est également rendue possible grâce à la comparaison à l’honnête homme.

Cette norme permet de rire des travers puisque tout ce qui ne la respecte pas est sujet de moqueries. Mais si nous n’adhérons pas à cette norme nous ne rions plus et ne corrigeons donc pas nos moeurs par le rire. Ainsi il devient plus efficace de faire une leçon de morale.

L’honnête homme qui est au centre des comédies du moraliste Molière permet de corriger les moeurs par le rire mais lorsqu’il n’y a plus la présence de cette norme la comédie a pour simple but de divertir. Selon Molière, >, et donc pas seulement faire rire mais aussi divertir comme le fait comprendre Dorante, le porte parole de Molière, lors de La critique de L’École des Femmes: > Cette idée de divertissement est la base de la farce.

Dans les farces il n’est absolument pas question de moraliser le spectateur mais plutôt de le divertir. Nous rions pour le rire, non dans le but de nous améliorer, donc nous ne corrigeons pas nos moeurs par le rire. Nous allons donc voir des farces dans le seul but de nous divertir, de passer un bon moment. Au 17e, la farce est grossière et populaire et s’adresse donc généralement à des spectateurs qui n’ont pas la préoccupation philosophique de remédier à leurs travers. De plus la farce ne fait appel à aucune norme donc il lui est impossible de moraliser puisqu’elle ridiculise tous ou presque tous les personnages quelque soit leur caractère, bon ou méchant, avare ou généreux, et ne présente pas d’alternative.

Le théâtre du 17e s'adresse à un large public très composite. Les nobles, les bourgeois et le peuple ne rient pas pour les mêmes raison. Un noble rira plus qu’un bourgeois lorsque le bourgeois est tourné en ridicule comme dans Le Bourgeois Gentilhomme, lorsque M. Jourdain apprend à prononcer les voyelles et découvre ce que sont la prose et les vers, et parce que durant toute la scène il essaye de ressembler à un noble. Lorsqu’un valet s’oppose à son maître ou lui joue un tour comme dans Les Fourberies de Scapin, c’est le peuple qui est le plus amusé. Ainsi la comédie n’a pas une visée moralisatrice pour tous ses spectateurs. Dans Les Fourberies de Scapin, il y a de nombreuses scènes avec des coups et injures dont le public ris, et cela par simple divertissement. Les farces sont destinées à un public populaire puisqu’elles ne nécessitent pas un réflexion philosophique.

La fonction « catharsique » de la comédie y est illustrée. En effet, en assistant à l’inversion des rôles entre le valet qui prend le dessus sur son maître, le public se libère de ses propres pulsions, c’est l’épuration des passions. Il vit à travers les personnages sur scène comme un désir caché. Nous pouvons donc dire que le rire naît de cette libération qui apporte au spectateur le plaisir de voir s’accomplir sur scène ce qui est impossible dans la réalité.

Si la comédie corrigeait réellement les moeurs par le rire alors la société serait parfaite. Or au 19e siècle la société est loin d’être idéale. En effet l’hypocrisie est maître au sein de la cours puisque très peu de gens sont honnêtes dans le but d’être appréciés de tous. Mais en réalité tout le monde fait semblant et personne ne s’apprécie. Et c’est exactement ce qui est dénoncé dans Le Misanthrope.

Aujourd’hui encore nous allons voir des pièces de Molière pour nous divertir ou bien à titre historique, pour avoir une vision, quoique déformée, des personnes et du fonctionnement la société du 17e. La notoriété de ce dramaturge est telle que chaque année nous jouons ses pièces à La Comédie Française et au festival d’Avignon. Mais le fait de corriger les moeurs pas le rire dans les comédies du 17e n’est plus valable au 21e puisque notre société est totalement différente de celle des contemporains de Molière, nous n’avons donc pas la même réception des pièces au 21e qu’au 17e. En effet il n’y a plus de hiérarchisation de l’Ancien Ordre ni d’idéal d’honnête homme, et certains monomaniaques ne peuvent ne pas l’être pour nous. Par exemple, aujourd’hui, contrairement au contemporains du 17e, nous pouvons facilement adhérer aux idées d’Alceste dans Le Mysanthrope et lui donner raison face à Philinte qui est pourtant un honnête homme.

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