La comédie a pour fonction de corriger les mœurs par le rire - Horace
Par Junecooper • 16 Septembre 2017 • 2 492 Mots (10 Pages) • 2 342 Vues
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c. le comique de mots
Molière utilise un autre procédé comique, le comique de mots. Il réussit au travers des répliques des personnages à provoquer le rire des spectateurs. Les répétitions soulignent les obsessions qui se sont emparées de l’esprit de ses héros monomaniaques, tel Orgon dans Tartuffe avec « Et Tartuffe ? » et « Le pauvre homme ». Molière touche ici à l'absurde, comme lorsque ses personnages se coupent la parole, se répondent en écho. Le langage, qui donne à l'homme son entière dimension, se vide alors de sa fonction première, permettre de communiquer. Il n'est plus qu'un son vide de sens. Mais il se fait aussi mensonge, il trahit la vérité profonde des êtres lorsque ceux-ci s'en servent comme d'un masque. Tout le théâtre de Molière s'emploie ainsi à faire tomber ces masques, à rendre évident aux yeux du public le mensonge des âmes, celui de Tartuffe qui, par exemple dans ses aveux à Elmire, mêle le langage de la dévotion chrétienne et celui de la préciosité (acte III scène 3). Le public rit encore, mais d’un rire jaune car pour un « Tartuffe » démasqué sur scène, il imagine d'autres imposteurs inconnus. Ce comique fait rire des mots pour mieux faire prendre conscience au public en révéler le dangereux pouvoir.
- d. le comique de geste
Molière introduit un comique de geste qui est explicité au travers de ses didascalies. Il met en scène tout un jeu de gestuelle pour faire rire le public et mettre ses personnages dans un instant de ridicule. Il utilise notamment les gifles dans le Tartuffe dans l'acte II scène 2. Ce comique est intensifié lorsque Orgon souhaite gifler Dorine mais que finalement, cette gifle n'atteint pas son but. Le geste d'Orgon est dédramatisé, il perd son sérieux et devient ridicule. Molière utilise aussi ce procédé lors de l'acte II scène 4. C'est un jeu entre Valère et Mariane. Ils ne cessent de faire et refaire les mêmes aller-retour, des mouvements répétitifs. Le spectateur rit du jeu des acteurs, la scène est triste, les deux amants vont être séparés à cause du mariage forcé de Marianne. Ce procédé dédramatise la scène, le spectateur la retourne avec de l'humour et rit de la situation ridicule.
- le monomaniaque et l'honnête homme (la norme) et le moraliste Molière.
a. le personnage confronté à l'honnête homme
Corriger les mœurs impliquent qu'il y a une norme, un idéal de vie en société et qu'il y a un modèle à imiter. Les personnages des comédies permettent de mettre en avant un vice ou un travers de la société. Le courtisan du XVIIème siècle doit vivre selon l’idéal mondain de la noblesse et la royauté. Il cherche à plaire, à briller en société. Il doit séduire, être agréable, en montrant qu’il cultive l’art de la conversation. Il montre son altruisme, sa capacité à dominer son amour-propre. L'honnête a un bon sens de l'humour, il est très cultivé. Le personnage monomaniaque qui dénonce un travers particulier ne suis pas cette norme de l'idéal de l'honnête. Or, chaque courtisan veut en être un ; il ne veut pas ressembler aux personnages ridicules sur scène. Molière dénonce ce fait de vouloir être intégré dans la société et d'être hypocrite pour remplir les conditions de l'honnête homme avec son personnage du Misanthrope, Alceste. Ce dernier dénonce cette hypocrisie à vouloir à tout prix être accepté de tout le monde, avoir une vie sociale et sa place dans la société.
b. le monomaniaque, un révélateur de tensions sociales
Les personnages moliéresques sont souvent révélateurs de tensions sociales. Grâce au comique de mots, Molière fait passer certains de ses personnages bourgeois comme des personnages issus de la noblesse. Le dramaturge s'amuse avec les différents sociolectes de chaque rang social pour se moquer de la place de chacun dans la société. Il dénonce le fait que la bourgeoisie tend à imiter les manières et la vie de la noblesse ; qu'ils deviennent de faux nobles. Or, la noblesse ne peut qu'affirmer cette vérité dans les pièces et en rit.
c. la fonction de la comédie, la catharsis
La catharsis est une méthode de « purgation des passions », ou de purification émotionnelle. La catharsis fait donc intervenir une représentation d'un acte réprimé, et c'est cette représentation qui permet au spectateur de se « défouler ». Ainsi, le spectateur qui va assister à la représentation d'une comédie au théâtre, pourra rire de tout et évacuer les émotions et les idées négatives qui le taraudent. La comédie est un moyen de se libérer de toute pensée néfaste ; c'est un loisir purificateur.
ANTITHESE
La comédie n'a pas pour seule et unique fonction de corriger les mœurs par le rire. La conception d'Horace est restreinte, elle ne rend pas compte de la diversité des comédies.
La comédie de Molière n'a pas pour unique fonction de faire rire pour moraliser. Les farces moliéresque ont été faites pour faire rire, mais n'ont aucune fonction moralisatrice. Le but est de faire rire le public au moyen d'un comique grossier. Les spectateurs assistent aux farces simplement pour se divertir ; ils savent qu'ils vont s'amuser. De plus, au XVIIème siècle, les farces sont populaires et grossières, elles ne s'adressent pas au même public ; ils n'ont pas de préoccupations philosophiques, comme comment corriger les mœurs. Contrairement à la comédie de mœurs et de caractère, la farce ne fait appel à aucune norme, tous les personnages ou presque sont ridiculisés.
Molière est aussi l'auteur de comédies-ballets pour satisfaire les goûts du roi. Mêlant la musique et la danse, la comédie-ballet traite des sujets contemporains et montre des personnages ordinaires de la vie quotidienne. Il arrive aussi que le rire corresponde à une attitude d’indulgence amusée à l'égard de la faiblesse de l’homme, notamment dans les moments où l’apparition de la musique et de la danse dans les comédies-ballets suscite une certaine ivresse.
Le théâtre du XVIIème siècle s'adresse à un large public composite. En effet, tout le monde ne rit pas pour les mêmes raisons. Dans une pièce avec un noble et un bourgeois, lorsque le noble sera ridiculisé, le bourgeois
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