Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix
Par Matt • 29 Août 2018 • 1 407 Mots (6 Pages) • 542 Vues
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des couleurs du drapeau. Il saigne sur le pavé et se redresse à la vue de la Liberté.
Au 1er plan, à gauche, le cadavre d’un homme dénudé, dépouillé de son pantalon, les bras étendus et la tunique retroussée. On retrouve là aussi les couleurs du drapeau (ses chaussettes bleues) A droite sur le dos, le cadavre d’un garde suisse, en tenue de combat et face contre terre un cuirassier. La foule marche sur un monticule de cadavres, prix à payer pour que le peuple gagne sa liberté.
L’homme au 2ème plan, en chapeau haut de forme. C’est peut-être un bourgeois, ou même Delacroix ou l’un de ses amis. Il est vêtu à la mode de ces années là. Il porte un pantalon large et une ceinture rouge. Il a une arme à la main. Il se peut que Delacroix se soit représenté au côté de la Liberté. On aperçoit derrière lui le bicorne d’un polytechnicien.
II. Interprétation
Le tableau montre une révolution :
qui se fait au nom de la liberté → le titre,
qui rassemble toutes les catégories sociales → le bourgeois à coté de l’ouvrier,
qui se fait dans la violence → les cadavres au premier plan et la fumée des armes à feu à l’arrière plan,
qui est en train de gagner le combat → le mouvement des personnages qui avancent
Ce tableau est à la fois une peinture de la réalité et une allégorie*. C’est une peinture d’histoire et une image d’actualité.
La femme du peuple est symbole de la liberté, les combattants, ouvrier, artisan, bourgeois, gamin des rues, représentent toutes les couches sociales du peuple en armes. Dans un mélange de réalisme et d’idéalisme, de description crue et d’héroïsme. La toile est militante… Cependant, on peut se demander l’objectif de Delacroix : critique et caricature de la démocratie? Ou bien éloge? La question peut être posée, car l’impression qui se dégage de ce tableau est surtout la violence et l’impression de peuple incontrôlable dont il faut se méfier.
Le tableau est très ambigu. Delacroix à 32 ans, est un peintre reconnu, soutenu par le gouvernement. Il a assisté aux combats de ses fenêtres. Il est rassuré par l’arrivée au pouvoir de Louis-Philippe. Il est d’ailleurs décoré de la légion d’honneur et reçoit de nombreuses commandes. Mais en même temps, le tableau fait rapidement peur dans sa mise en scène même. Car le peuple se libère lui-même, sans chef à sa tête, sinon l’allégorie de la Liberté. Le mouvement semble sans fin, on ne sait pas où il va, ce qu’a voulu Delacroix. C’est la Révolution en marche, sans fin, perpétuelle. Ce tableau réveille le patriotisme, par l’emploi récurent des couleurs tricolores. C’est ainsi que l’on peut comprendre que ce tableau fait partie de notre imaginaire, car la figure de la Liberté symbolise désormais La Marianne, personnification de la République française.
Pour conclure nous pouvons dire que L’allégorie de la Liberté, coiffée du bonnet phrygien, adopté par les sans-culottes de la révolution de 1789 et brandissant le drapeau tricolore (interdit depuis l’exil de Napoléon en 1815) symbole de cette même Révolution, est devenue la Marianne française emblème de la République. L’épisode des Trois Glorieuses n’est pas le plus connu du peuple français et sera on le sait, un échec puisque suivi par la Monarchie de Juillet avec Louis-Philippe 1er. Ceci dit cet épisode de révolte contribua à l’ascension du peuple français vers plus de libertés. Louis-Philippe gardera d’ailleurs le drapeau tricolore, symbole d’une répartition équitable du pouvoir entre la Nation (les couleurs de la ville de Paris étaient le rouge et le bleu) et le roi (le blanc). Au fil du temps, l’œuvre de Delacroix est devenu un symbole républicain et son effigie féminine l’icône de la République. Le symbole s’est banalisée au point de figurer à partir de 1978 sur nos anciens billets de 100 francs et ce jusqu’en 1995. Les timbres d’usage courant transformèrent le profil de la Liberté en celui de Marianne à partir de 1982. Le tableau est devenu la bannière de moult combats, revendications ou causes. Plus que la liberté, il incarne l’idéal révolutionnaire.
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