Kiss & Cry
Par Orhan • 17 Mars 2018 • 1 210 Mots (5 Pages) • 512 Vues
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On est également dans un rapport au cinéma très évident. La scène est entourée de plusieurs caméras, avec des personnes donnant les effets de lumière, de fumée, d'atmosphère, de couleur, d'éléments, de contraste en direct. Le résultat se veut réaliste, avec des situations comme par exemple la maison entrain d'être enneigée, ou cette même maison sur laquelle une pluie et un orage torrentiel vient s'abattre. Un autre élément récurant de la pièce est la scène du train circulant, produisant de la vapeur, avec ou sans personnage à l'intérieur. On à l'impression d'assister à un tournage de film, où chacun des acteurs, figurants ou assistants techniques à une tache précise qu'on lui incombe pré-tournage. Chacun doit doser comme convenu son rôle et son intervention, et chacun se doit d'être très précis au niveau de la temporalité, du timing. Il s'agit même d'être plus précis qu'un film, car ici, il n'y a qu'une seule chance pour chaque action engagée. Aucun des intervenants sur scène n'a le droit à l’erreur. Il faut que tous les accessoires se trouvent à des endroits qu'ils connaissent par cœur et que personne ne puisse faire tomber quoi que ce soit, ni produire un bruit différent du scénario prévu.
Vient à tous ces éléments scénique présents sur scène, le son et les bruitages. Tout ce qui est sur scène, l'écoulement de l'eau, le vent, le train, les klaxons de voitures, l'orage, la musique pour la scène de la danse disco, la mer etc. est sonorisé. Chaque scène et événement à son son réaliste associé. Des thèmes musicaux reviennent souvent, comme cette musique très nostalgique de type presque country, soulignant vraiment, presque de manière trop littérale, le souvenir, le fait d'être perdu dans ses pensées, la relation, la tristesse et la mélancolie. Cette intention de « paramusiquer » les scènes par les même thèmes musicaux, donne peut être un coté redondant, mais apporte aussi une solidité, et une meilleure compréhension. La musique de la pièce parle comme un texte, elle nous informe et nous induit à ressentir tel ou tel sentiment.
Je trouve que ce jeu, cette intention de mêler interventions de « technicien/acteur », de représentation visuelle et sonore s'opère bien. Ce qui se passe entre les interventions sur les maquettes et l'écran est intéressant et bien réalisé. On aurait pu penser que cela serait gênant de voir les techniciens tout changer rapidement, courir, faire glisser la camera sur les rails et que le résultat de leur manœuvre ait pour objectif d'être montré à l'écran ; mais non, le tout est loin d'être gênant, et au contraire, il apporte un grand plus au récit et à la monstration de la scène. Je me souviens d'ailleurs d'un détail, où deux « danseurs de mains » s’enlaçaient corporellement alors même que leurs corps n'étaient pas filmé, et que seules les mains étaient représentés à l'écran. Cette scène là m'a montré que ce qui n'est pas forcément représenté sur l'écran est tout aussi important. C'est une atmosphère générale qui se dégage, pas seulement sur un des deux tableaux. L'un des éléments doit avoir une ligne de conduite correspondant à l'autre.
La scène existe dans plusieurs sens et on laisse guider notre regard ici et là pendant la représentation. La représentation existe à plusieurs endroits en même temps. Il n'y a pas qu'un point de repère, pas qu'une seule scène mais deux. L'écran, unique, nous immerge d'avantage que la scène, mais la scène nous plonge dans une complexité et dans un jeu d'acteur plus général. Chacune des parties apportent quelque chose de nouveau et de différent de l'autre.
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