Gerry de Gus Van Sant

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Une autre question est soulevée dans le film, la condition de l'Homme dans un espace qui n'est pas le sien, la Nature ,qui est à la fois le berceau de l'Homme mais aussi quelque chose qu'il ne connaît pas et donc quelque chose de dangereux pour lui.

Il est très intéressant de voir comment l'être humain ne peut survivre dans un endroit qu'il n'a pas apprivoisé. Il se rend compte de sa petitesse et de sa fragilité dans un milieu sauvage inapprivoisable.

Il y a de nombreuses interprétations autour du film. Ce film peut dénoncer l'errance de la jeunesse cherchant à échapper à leur condition. Cette interprétation est du à la séquence autour du feu où Gerry (joué par Casey Affleck) raconte son rêve de conquête de Thèbes. Il se positionne en tant ue conquérant alors que la suite du film le ramènera à sa condition de simple être humain.

Le film peut être interprété comme la recherche de soi et de sa personnalité et de ses limites. Il y a dans le film une certaine perversité des spectateurs car les deux personnages sont vus comme des cobayes lors d'une expérience sur la survie humaine. Le spectateur se questionne sur la limite de cette survie.

Le nom choisi pour les deux personnages n'est pas anodin. En effet, le terme « Gerry » signifie « raté ». Ce terme est utilisé plusieurs fois dans le film, c'est la manière dont les deux personnages se surnomment. En réalité, ce terme n'est pas le prénom des personnages, mais un surnom désignant des gens ratés ou bizarres.

Dans le film, nous voyons une multitudes d'indices indiquant la fin du film qui est la mort de Gerry (joué par Casey Affleck). Par exemple, Gerry (joué par Casey Affleck) est souvent situé derrière l'autre Gerry dans la structure des plans. Il marche souvent l'un derrière l'autre et pas l'un à côté de l'autre. Il est épuisé plus rapidement que l'autre Gerry et cette fatigue est montrée à l'écran. Par exemple, le panorama autour de Gerry (joué par Casey Affleck), sur la musique d'Arvo Pärt, montre bien que le personnage est à bout de force et qu'il sait, d'une certaine manière, ce qui l'attend. La condition de l'Homme dans la nature est bien montrée à travers ces deux personnages qui se retrouvent sans repères dans un espace qu'ils n'apprivoisent pas.

Que l'on aime ou que l'on n'aime pas ce film, il est impossible d'en sortir indemne. Il demande une attention et une écoute particulière et cela peut être vraiment difficile pour un public qui n'est pas averti. Les grands espaces du film servent alors à mettre le spectateur dans la même position que les deux protagonistes, c'est à dire dans le questionnement, la fatigue et l'angoisse. La vastité de cette Nature déboussole les deux personnages au même niveau qu'elle ne déboussole les spectateurs. Cela met le spectateur dans une position très inconfortable, mais cela est, certainement, le but du réalisateur.

« Lorsque la nature nous considéra comme son ennemi, rien ne pourra nous sauver. »

- Steve Lambert