ATTACHE DE SANTE
Par Junecooper • 9 Février 2018 • 21 815 Mots (88 Pages) • 585 Vues
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Conscient de cette situation, l’Etat burkinabè a souscrit à l’initiative maternité sans risque à Niamey en 1989, et a entrepris certaines actions au nombre desquelles la surveillance prénatale figure en bonne place [11].
Si l’un des objectifs spécifiques de ce plan est de rendre disponibles et accessibles les soins prénatals dans 100% des formations sanitaires au profit de 100% des femmes enceintes, force est de constater que son opérationnalisation n’est pas sans embûches dans les structures sanitaires du pays. Cette surveillance prénatale est caractérisée par une multitude d’insuffisances qui sont:
- une faible couverture en C .P.N. (années 2006, 2007 et 2008 la couverture en C.P.N2 était respectivement de 61,2%, 69,9% et 75,22%) ;
- la participation tardive des femmes en grossesse à la consultation prénatale. (années 2006, 2007 et 2008 la proportion des femmes enceintes vues au premier trimestre de la grossesse se situait respectivement de 18,5%, 19,31% et 23,02%) ;
- la discontinuité des soins prénatals (le non-respect du calendrier prénatal par les clientes à savoir les quatre consultations recommandées) ;
- les insuffisances techniques des prestataires dans la prise en charge des clientes aussi bien pendant la grossesse qu’à l’accouchement [12].
Au regard de cette situation, d’énormes efforts sont déployés pour y remédier et permettre d’améliorer la couverture obstétricale. Ces actions sont :
- l’élargissement de l’accès aux soins prénatals à travers les constructions d’infrastructures sanitaires ;
- l’accroissement de l’utilisation des consultations prénatales à travers la gratuité des activités préventives et promotionnelles en faveur de la S.R. ;
- l’élaboration et la diffusion dans les services de santé, des politiques, normes et protocoles en matière de la santé de la reproduction ;
- la formation pour une mise à niveau du personnel en SONU ;
- la subvention SONU.
En dépit des efforts des autorités sanitaires pour répondre aux besoins des femmes enceintes aussi bien en ville qu’en zone rurale, des insuffisances perdurent dans la prise en charge de la grossesse.
A l’image de la situation nationale, le C.S.P.S. de Coalla dans le district sanitaire de Manni (D.S.M.) ne présente guère des performances meilleures en matière de soins obstétricaux. En effet, au cours de l’année 2008, seuls 19,32% des gestantes ont été vues au premier trimestre de la grossesse et 61,52% ont pu bénéficier de deux visites prénatales.
Selon les mêmes sources, au cours de la même année, 263 femmes enceintes ont souffert d’un paludisme simple tandis que 86 ont été hospitalisées pour paludisme grave. Les bébés nés de faible poids représentaient 7,71%, tandis que le taux de mortinatalité s’estimait à 1,12% soit 8 bébés mort-nés [13]. Ces indicateurs parmi tant d’autres, témoignent des insuffisances que rencontre la formation sanitaire de Coalla en matière de soins obstétricaux.
Face à ces insuffisances, des stratégies ont été développées au niveau local pour améliorer la couverture des soins obstétricaux qui sont entre autres :
- L’application effective des mesures de la gratuité des CPN à travers:
- une mise à disposition gratuite des carnets de consultation, des fiches CPN, du fer acide folique, de la Sulfadoxine-Pyriméthamine, des moustiquaires imprégnées d’insecticides, et des réactifs d’albumine-sucre… ;
- une gratuité dans la pratique de la vaccination antitétanique (VAT), du dépistage du VIH/SIDA, de la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH/SIDA (en cas d’infection de la mère) ;
- la diffusion des messages de sensibilisation sur les avantages des CPN et des accouchements assistés et à l’occasion des journées spécifiques dites « survie de l’enfant » ;
- la dotation de tous les ASC de vélos pour l’identification et l’accompagnement des parturientes à la maternité ;
- la formation des agents de santé à base communautaires sur le nouveau PMA ;
- la réalisation des supervisions périodiques des activités de SMI par l’ECD ;
- le monitorage de la surveillance de la grossesse ;
- la mobilisation communautaire faite par les relais communautaires , les cellules de santé et les pairs éducateurs ;
- l’application effective des mesures de subvention des SONUB.
Malgré ces efforts, la couverture obstétricale reste insuffisante dans le CSPS de Coalla comme le montrent les indicateurs de la surveillance de la grossesse. En 2009, la proportion des femmes enceintes ayant effectué au moins deux CPN était de 74,75%.Quant à la couverture en accouchements assistés dans l’aire du CSPS, elle était de 39,53% en 2010 contre 46,23% en 2009 selon les statistiques. Aussi les résultats du dépouillement du monitorage du deuxième semestre de la surveillance de la grossesse de l’année 2009 du CSPS de Coalla indiquaient-ils que :
- 23,59% de la population cible a fréquenté les services de CPN sur les 25,02% de la population cible qui pouvaient avoir accès aux soins prénatals.
- 30,75% de celles qui ont fréquenté les services de CPN ont été correctement pris en charge.
- le FAF, le VAT, la SP, étaient disponibles à 71,92% [14].
L’absence de mesures correctrices aurait inéluctablement pour conséquences l’augmentation de la morbidité et de la mortalité maternelles et néonatales. En outre cette situation contribuerait à compromettre l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement au Burkina Faso en matière de réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
Des réflexions novatrices s’imposent donc pour voir dans quelle mesure l’on peut contribuer à l’amélioration de la couverture des soins obstétricaux et néonatals. Sensible à cette situation et pour contribuer à l’atteinte de cet objectif, nous nous proposons d’orienter notre étude sur les facteurs déterminant l’insuffisance du taux de couverture obstétricale dans le CSPS de Coalla au district de Manni.
1.2. Justification
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