En quoi le réalisme est un véritable mouvement artistique ?

...

Quelques exemples de tableaux réalistes :

[pic 1]

L'Après-dînée à Ornans, Gustave Courbet, 1849

Le tableau représente le violoniste Alphonse Promayet jouant pour Régis Courbet, le père du peintre, et deux amis de Courbet, Auguste Marlet (de dos, qui allume sa pipe) et Urbain Cuenot.

En représentant une scène de la vie courante dans un tableau aux dimensions habituellement réservées à la peinture d'histoire, on suppose que Courbet, républicain, veut montrer que tout le monde a sa place dans ce type d'œuvre.

Les casseurs de pierres, Gustave Courbet, 1849[pic 2]

Deux hommes en plein travail sont représentés en grandeur nature. En haillons et le corps brisé, ils tournent le dos au spectateur, absorbés par leur tâche. Voici la description que l’artiste en fait à Champfleury (écrivain, critique d’art, romancier et dramaturge du mouvement réaliste) dans une lettre.

« C'est un tableau de Casseurs de pierres qui se compose de deux personnages très à plaindre ; l'un est un vieillard, vieille machine raidie par le service et l'âge ; la tête basanée et recouverte d'un chapeau de paille noire ; par la poussière et la pluie. Ses bras qui paraissent à ressort, sont vêtus d'une chemise de grosse toile ; puis, dans son gilet à raies rouges se voit une tabatière en corne cerclée de cuivre ; à son genou posé sur une torche de paille, son pantalon de droguet qui se tiendrait debout tout seul à une large pièce, ses bas bleus usés laissent voir ses talons dans des sabots fêlés. Celui qui est derrière lui un jeune homme d'une quinzaine d'années ayant la teigne ; des lambeaux de toile sale lui servent de chemise et laissent voir ses bras et ses flancs : son pantalon est retenu par une bretelle en cuir, et il a aux pieds les vieux souliers de son père qui depuis bien longtemps rient par bien des côtés. »

Cette œuvre est considéré comme fondatrice du mouvement artistique réaliste en peinture car le peintre représente exactement ce qu’il voit, sans omettre la misère et la forme véritable des corps qui sont loin des corps idéalisés du Romantisme. Jules Vallès dit de ce tableau :

« Ce tableau teinté de gris, avec ses deux hommes aux mains calleuses, au cou halé, était comme un miroir où se reflétait la vie terne et pénible des pauvres. »

Conclusion : En forçant un peu le trait on peut dire que l'opinion majoritaire en matière d'art à l'époque jugeait de la qualité d'une œuvre selon les critères académiques célébrant « le beau idéal » ; la réalité devait être sublimée, sans défaut. Dès lors les tableaux et les œuvres littéraires qui se veulent réalistes sont à l'opposé des critères esthétiques et ne pouvaient que susciter le rejet. Le réalisme du 19ème siècle a été à son tour une réaction au romantisme, et pour cette raison, il est aussi communément péjorativement désigné comme traditionnel ou «réalisme bourgeois». Cependant, tous les écrivains de la littérature victorienne a produit des œuvres du réalisme. Les rigidités, les conventions et autres limitations du réalisme ont incité à leur tour la révolte qui mènera au modernisme. À partir de 1900, le but de la littérature moderniste était la critique du 19ème siècle bourgeois, de l’ordre social et de la vision du monde, qui a été avec un programme anti rationaliste, anti réaliste et anti-bourgeois.