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Portrait de madame de Chartres (Mme. De la Fayette)

Par   •  7 Juillet 2018  •  1 750 Mots (7 Pages)  •  2 710 Vues

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II. Une éducation irréprochable

1. Eloge de Mme de Chartres chargée de l'éducation de sa fille

Tout d'abord Mme de la Fayette fait un éloge de Mme de Chartres qui s'est chargée de l'éducation de sa fille et lui a transmis ses valeurs. Elle est présentée comme une femme méritante car elle était seule à élever sa fille après le mort de son époux. Elle abandonne toute vie mondaine pour se consacrer entièrement à l'éducation de sa fille comme l'indique l'expression « elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour », faisant ainsi un sacrifice de soi. Elle consacre toute son énergie à l'éducation complète de sa fille comme le montre l'opposition entre les expressions « elle ne travailla pas seulement à » et « elle songea aussi à ». « cultiver » suggère un travail régulier, patient, long et minutieux. Le narrateur insiste par ailleurs sur ses qualités morales. Elle est présentée comme une femme « dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires ». Le narrateur utilise ici un groupe ternaire souvent associé à l'éloge dans la littérature classique. Elle respecte le long deuil après la mort de son mari en s'éloignant longtemps de la cour. Elle est très fière des qualités exceptionnelles de sa fille dont elle est en partie responsable comme l'indique « extrêmement glorieuse ». L'éloge est d'autant plus appuyé que le narrateur utilise des superlatifs tels que l'adjectif qualificatif « extraordinaire » et l'adverbe « extrêmement ». Ce portrait semble suggérer la perfection morale de Mme de Chartres qui est présentée comme irréprochable.

2. Préparation à la vie de cour et aux risques qu'elle comporte

De surcroît, l'éducation de Mme de Chartres est surtout originale par l'enseignement moral qu'elle donne à sa fille. Le narrateur insiste sur la différence entre Mme de Chartres et les autres mères. La phrase « La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner » mentionne l'attitude habituelle des mères qui dissimulent les dangers de la séduction. La phrase longue qui vient après, composée de courts segments séparés de point-virgules déclare au discours narrativisé que Mme de Chartres, au contraire, ne cache rien à sa fille. L'anaphore de « elle lui » insisite sur l'implication de Mme de Chartres dans l'éducation de sa fille. Mme de Chartres oppose deux attitudes : d'une part, l'attitude des « hommes » que le pluriel englobe dans une catégorie générale, ils sont considérés comme des séducteurs dont « leurs tromperies et leur infidélité » traduisent leur « peu de sincérité » ; et d'autre part, l'attitude des femmes qui se laissent abuser par ces séducteurs. Par opposition à ce schéma, Mme de Chartres oppose l'« honnête femme ».

3. Une vision exigeante de l'amour et de l'honnête femme

Mme de Chartres explique à sa fille ce qu'est l'« honnête femme ». Il s'agit d'un singulier phénomène suffisamment rare pour être remarqué et le texte oppose ce singulier au pluriel « les malheurs domestiques » comme pour suggérer que la plupart des femmes de la cour sont entrainées aux « malheurs ».

Pour Mme de Chartres, la condition du bonheur est « aimer son mari et d'en être aimée ». Le mariage semble être le seul aboutissement de la vie d'une « honnête femme » et la réciprocité de l'amour dans le mariage permet le bonheur. L'« honnête femme » est très respectueuse de la vertu, mais Mme de Chartres précise bien qu'il est « difficile de conserver cette vertu », indiquant qu'il s'agit d'un combat permanent. Elle met ainsi en relief la faiblesse des femmes soumises à la tentation du péché et invite sa fille à une « extrême défiance de soi-même ».

Mme de Chartres se consacre ainsi à un enseignement complet et très habile car elle ne cache pas à sa fille les malheurs à être infidèle mais elle ne lui masque pas non plus ce qu'il peut y avoir « d'agréable ». Tout cela pour la « persuader » de choisir la vertu en pesant le bonheur face au malheur.

Conclusion

Ce portrait de Mlle de Chartres laisse présager un destin exceptionnel car il la présente comme l'incarnation de la perfection par sa « beauté parfaite », son appartenance à la haute noblesse reflétant sa noblesse de cœur, sa pureté et sa vertu qui lui viennent de l'éducation irréprochable qu'elle a reçue de sa mère. Sa mère, Mme de Chartres, a donné toute son énergie et sa sagesse pour la préparer à la vie de cour et l'inculquer les valeurs de l'« honnête femme ». Elle est donc appelée à un mariage d'exception. Cependant, son jeune âge, sa fragilité, son manque d'expérience à la vie mondaine et les exigences de l'amour conjugal opposé à l'amour-passion par sa mère annoncent plutôt un destin tragique à l'héroïne. En effet, elle se mariera au prince de Clèves et deviendra princesse mais tombera réellement amoureuse du duc de Nemours. Toutefois, malgré son déchirement la princesse de Clèves ne cèdera jamais à la tentation et restera toujours fidèle à son mari.

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