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La princesse de clèves - Madame de La Fayette.

Par   •  11 Avril 2018  •  1 383 Mots (6 Pages)  •  634 Vues

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et signifie littéralement « être saisi ». De la même manière, le sentiment d’ « étonnement » qui s’empare de tous ceux qui croisent la princesse désigne quant à lui ni plus ni moins que la stupéfaction. Nous sommes bel et bien en présence d’un coup de foudre immédiat et public. Les deux futurs amants ne semblent pas se découvrir mais se reconnaître.

II L’omniprésence de la fatalité

A Une passion irrésistible

Les deux personnages semblent dans l’incapacité de lutter contre leur attirance réciproque. La symétrie des constructions « il était difficile de n’être pas », « mais il était difficile aussi » rend plus flagrant le sentiment de prédestination qui préside à cette entrevue. L’intervention du narrateur omniscient « Le roi et la reine se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître » confirme bien le caractère d’évidence de cet amour naissant. D’abord, l’adjectif « singulier » possède à l’époque un sens plus fort et signifie « inexplicable ». Ensuite, la redondance des tournures négatives « ne s’étaient jamais vus » et « sans se connaître » insiste largement sur le caractère exceptionnel de ce qui se produit. Les deux futurs amants semblent destinés l’un à l’autre. La construction de la scène ne fait qu’amplifier le caractère inéluctable de cette passion. En effet, l’entrée du duc de Nemours est explicitement associée au motif du tonnerre puisqu’il est dit qu’ « il se fit un assez grand bruit » et qu’on apprend plus loin que le duc « passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l’on dansait ». La présence du désordre et du vacarme renvoie à ce que l’on appelait « l’hybris » antique et d’une certaine manière constitue une mise en abyme des bouleversements ultérieurs que cette rencontre occasionnera dans la vie de la princesse.

B Le rôle-clé des témoins

La dimension publique de la scène mérite une considération particulière : la fascination mutuelle s’opère au vu et au su de toute la cour rassemblée à l’occasion du bal des fiançailles. Non seulement la présence de témoins nombreux et illustres confère à la rencontre une tension supplémentaire mais encore, les personnages royaux jouent un rôle essentiel dans le déroulement des événements. Ils interviennent à trois reprises et semblent diriger les opérations. D’abord sous la forme d’un ordre adressé à la princesse dans le premier paragraphe : « le roi lui cria de prendre celui qui arrivait ». On peut donc considérer que la rencontre est en quelque sorte organisée, voire orchestrée par le couple royal, qui fait ainsi figure de metteur en scène. Par voie de conséquence, le duc et la princesse s’en trouvent quelque peu instrumentalisés. Une deuxième intervention apparaît quelques lignes plus loin sous la forme d’un second commandement : « Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler à personne ». Et enfin, le couple royal joue directement les entremetteurs dans toute la seconde moitié du passage. A cet égard, l’analyse du discours direct qui rend compte des paroles échangées entre les différents protagonistes est éclairante : « je ne devine pas si bien que vous pensez » s’oppose terme à terme à la réponse de la Dauphine : « Vous devinez fort bien ». L’antithèse frappe par sa vigueur et le commentaire par son ton tranché, voire acerbe. De surcroît, elle est redoublée par l’insinuation : « je crois qu’elle le sait aussi bien que vous ». Ces multiples interventions du roi et de la reine au cours de cette rencontre permettent au lecteur de mesurer à quel point les personnages ne sont pas libres de leurs faits et gestes, à quel point la passion amoureuse à cette époque et dans ces circonstances est étroitement liée au règne des apparences.

CONCLUSION

A l’occasion de cette rencontre, la vertueuse princesse de Clèves se trouve propulsée au cœur des intrigues galantes de la cour et on peut considérer que le roman commence réellement à ce moment précis, càd celui où l’héroïne est mise en demeure de confronter ses principes moraux et ses idéaux de vertu aux réalités de la passion

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