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Madame de la Fayette, " La Princesse de Clèves "

Par   •  27 Avril 2018  •  2 429 Mots (10 Pages)  •  516 Vues

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l’expression « elle était de la même maison que le vidame de Chartres ». Cette idée est reprise avec : « cette héritière était alors un des plus grands partis qu’il y eût en France ». Le nom « héritière » souligne la richesse mais aussi sa jeunesse et sa nubilité. Tout cela préfigure un mariage d’exception.

3. L’importance du portrait moral

-> En outre, le narrateur s’attache davantage à construire le portrait moral du personnage, ce qui fait entrer l’œuvre dans la catégorie du roman psychologique. En effet, pour aider le lecteur à saisir le personnage, Mme de la Fayette effectue une analepse : le passé de Mlle de Chartres nous permet de comprendre sa personnalité.

Elle a été élevée par sa mère dans un milieu féminin étant donné que « son père était mort jeune ». Elle a passé son enfance éloignée de la vie de cour et des aventures galantes comme suggère l’expression « elle avait passé plusieurs année sans revenir à la cour ». Mme de Chartres a entièrement dédié cette absence à l’éducation de sa fille, éducation non seulement consacrée à cultiver son esprit mais aussi sa vertu pour la préparer à la vie de cour comme nous le montrent les expressions « à cultiver son esprit et sa beauté » et « elle songea aussi à lui donner de la vertu et à lui rendre aimable ». Tout cela permet d’expliquer l’admiration et la surprise des personnes de la cour devant Mlle de Chartres et permet au lecteur de saisir sa personnalité.

-> Ainsi, Mme de la Fayette fait de son héroïne une incarnation de la perfection en lui dotant d’une beauté exceptionnelle propre aux héroïnes de roman héroïque, en soulignant son appartenance à la haute noblesse et en insistant sur sa vertu. Comme dans la logique du roman d’analyse, elle s’efforce de remonter aux origines de la perfection morale de son héroïne en insistant sur l’éducation que lui a transmise sa mère afin de la préparer à la vie mondaine et de lui enseigner les valeurs de l’« honnête femme ».

II. Une éducation irréprochable

1. Eloge de Mme de Chartres chargée de l’éducation de sa fille

Tout d’abord Mme de la Fayette fait un éloge de Mme de Chartres qui s’est chargée de l’éducation de sa fille et lui a transmis ses valeurs. Elle est présentée comme une femme méritante car elle était seule à élever sa fille après le mort de son époux. Elle abandonne toute vie mondaine pour se consacrer entièrement à l’éducation de sa fille comme l’indique l’expression « elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour », faisant ainsi un sacrifice de soi. Elle consacre toute son énergie à l’éducation complète de sa fille comme le montre l’opposition entre les expressions « elle ne travailla pas seulement à » et « elle songea aussi à ». « cultiver » suggère un travail régulier, patient, long et minutieux. Le narrateur insiste par ailleurs sur ses qualités morales. Elle est présentée comme une femme « dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires ». Le narrateur utilise ici un groupe ternaire souvent associé à l’éloge dans la littérature classique. Elle respecte le long deuil après la mort de son mari en s’éloignant longtemps de la cour. Elle est très fière des qualités exceptionnelles de sa fille dont elle est en partie responsable comme l’indique « extrêmement glorieuse ». L’éloge est d’autant plus appuyé que le narrateur utilise des superlatifs tels que l’adjectif qualificatif « extraordinaire » et l’adverbe « extrêmement ». Ce portrait semble suggérer la perfection morale de Mme de Chartres qui est présentée comme irréprochable.

2. Préparation à la vie de cour et aux risques qu’elle comporte

De surcroît, l’éducation de Mme de Chartres est surtout originale par l’enseignement moral qu’elle donne à sa fille. Le narrateur insiste sur la différence entre Mme de Chartres et les autres mères. La phrase « La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner » mentionne l’attitude habituelle des mères qui dissimulent les dangers de la séduction. La phrase longue qui vient après, composée de courts segments séparés de point-virgules déclare au discours narrativisé que Mme de Chartres, au contraire, ne cache rien à sa fille. L’anaphore de « elle lui » insisite sur l’implication de Mme de Chartres dans l’éducation de sa fille. Mme de Chartres oppose deux attitudes : d’une part, l’attitude des « hommes » que le pluriel englobe dans une catégorie générale, ils sont considérés comme des séducteurs dont « leurs tromperies et leur infidélité » traduisent leur « peu de sincérité » ; et d’autre part, l’attitude des femmes qui se laissent abuser par ces séducteurs. Par opposition à ce schéma, Mme de Chartres oppose l’« honnête femme ».

3. Une vision exigeante de l’amour et de l’honnête femme

Mme de Chartres explique à sa fille ce qu’est l’« honnête femme ». Il s’agit d’un singulier phénomène suffisamment rare pour être remarqué et le texte oppose ce singulier au pluriel « les malheurs domestiques » comme pour suggérer que la plupart des femmes de la cour sont entrainées aux « malheurs ».

Pour Mme de Chartres, la condition du bonheur est « aimer son mari et d’en être aimée ». Le mariage semble être le seul aboutissement de la vie d’une « honnête femme » et la réciprocité de l’amour dans le mariage permet le bonheur. L’« honnête femme » est très respectueuse de la vertu, mais Mme de Chartres précise bien qu’il est « difficile de conserver cette vertu », indiquant qu’il s’agit d’un combat permanent. Elle met ainsi en relief la faiblesse des femmes soumises à la tentation du péché et invite sa fille à une « extrême défiance de soi-même ».

Mme de Chartres se consacre ainsi à un enseignement complet et très habile car elle ne cache pas à sa fille les malheurs à être infidèle mais elle ne lui masque pas non plus ce qu’il peut y avoir « d’agréable ». Tout cela pour la « persuader » de choisir la vertu en pesant le bonheur face au malheur.

III. Un portrait annonciateur d’un destin tragique

En dépit de cette perfection qu’incarne Mlle de Chartres, son portrait annonce un destin tragique.

1. Une

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