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Le don et l'échange

Par   •  3 Avril 2018  •  2 073 Mots (9 Pages)  •  315 Vues

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donner recevoir rendre

On ne peut en effet pas refuser de recevoir un cadeau, décliner une invitation ou même ne pas répondre à un bonjour sans risquer de vexer autrui. De même, un don attend généralement un retour, car il met autrui dans une situation de dette (« je te le revaudrais », « tu m'as aidé, je te rendrais la pareille », etc.).

Fin mot du don = prêt voire prêt à intérêt parce que si l'échange intéressé l'emporte, le don devient paradoxal et dérisoire, comme une tentative de montrer ce que l'on possède, ce serait comme étaler une sorte de « prestige », de « richesse » très bas dans les valeurs morales.

De ce pdv le don est toujours intéressé. Il n'est pas difficile de voir une logique de l'échange dans toutes les formes de don.

Par ex Autrefois, les actes de charité permettaient de « s'acheter » une place au paradis. Aujourd'hui, le don pour les organismes humanitaires (aider les pays sous-développés, les pauvres, etc.) peut être perçu comme un moyen de se donner bonne conscience. Des parents donnent de l'argent à leurs enfants quand ils ont bien travaillé à l'école. Certains de ces parents affirment que le père Nöel ne viendra pas s'ils ne sont pas sage. Mais aussi, le don est une manière de cultiver son image de personne généreuse.

=> généralement pas de don sans contre-don

Le don en tant qu'acte social

Dans une relation marchande, le vendeur et l'acheteur ne se soucient pas des intentions de l'un et de l'autre. A l'inverse, le don, avec son idée de réciprocité, maintient les relations sociales. Le don créé une relation privilégiée entre deux personnes. Pour Mauss, le don fait donc partie de l'échange mais est opposé à l'esprit de commerce.

Marcel Mauss note le caractère paradoxal du don: il est par définition volontaire et, de ce fait, gratuit. Cependant, toutes les sociétés font obligation aux individus de pratiquer l'échange. Le don est à la fois volontaire et obligatoire. Il possède l'une des caractéristiques du fait social tel que le définissait Durkheim : il s’impose à l’individu, il est contraignant. Il ne se fait pas de recevoir sans rien donner en retour, c'est pourquoi même du pdv du receveur le don est perçu comme un échange futur, aussitôt qu'il sera rendu.

III Le don peut-il tout de même garder son aspect idéal et pur ?

Les hommes n'agissent-ils que par intérêt ?

Il faut certes se méfier d’une trop grande naïveté concernant le don, mais l’idéal du don n’en demeure pas moins légitime. Le don reste une valeur quand bien même il est difficile. Certes, le don n’est jamais tout à fait désintéressé et pur, s’il peut même étouffer, voire emprisonner autrui (quand on donne démesurément à l’autre sans se soucier de sa capacité à accepter le don qui lui est fait, lorsqu’on attend et exige trop de lui, et qu’on l’enferme dans son désir). Je peux tenter de donner avec précaution en essayant de ne pas blesser ou humilier l’autre.

intuitions morales communes privilégient le désintéressé à l'intéressé. Ce que je fais par pur devoir vaut mieux que ce que je fais en exigeant mes droits.

Par ex l’amour vaut ainsi mieux que l’argent, une union amoureuse vaut mieux qu’un mariage économique ou arrangé en vue de l’intérêt mutuel. Le dévouement absolu, sans espoir de retour, est sublime.

Mais le désintéressement est-il vraiment possible ? Un acte est désintéressé qd aucun but égoïste ou lorsque l’égoïsme ne suffit pas à l’expliquer. Agir de façon désintéressée = agir sans l’espoir d’une récompense ou sans la crainte d’un châtiment, ni même pour le simple plaisir d’avoir bien agi.

Or si on l’on peut jouir du bien qu’on fait à l’autre, cela ne prouve pas qu’on le fait pour en jouir. Il n’y a aucun mal, de ce point de vue, à se faire plaisir en faisant plaisir, à se faire du bien en faisant du bien ou le bien...

Cependant, il est clair que psychologiquement on peut, lorsqu’on est généreux, espérer quelque chose en retour de cette générosité. Mais cet espoir ne peut se confondre avec un calcul d’intérêt car il s’agit d’une satisfaction symbolique ou spirituelle (qui ne serait donc pas « vile » mais noble) comme la reconnaissance de la personne secourue ou tout simplement le plaisir d’aider autrui.

En ce sens, la générosité comme l’hospitalité ne seraient pas totalement gratuites, mais ces motifs secondaires n’altèrent pas la valeur de l’action vertueuse car le bénéfice n’est pas d’ordre matériel donc quantifiable et calculable. Le plaisir intellectuel ne serait pas « vil » comme le plaisir sensible, mais un plaisir conforme aux exigences de la raison. Nous pouvons nous retrouver sous le «charme» d’une action vertueuse dont justement on ne recueille pas le « fruit », c’est-à-dire l’intérêt personnel calculé.

Ainsi, on peut agir selon une intention purement morale car elle tire de son action une satisfaction spirituelle et non pas vénale. Le don, s’il n’est pas un échange matériel déguisé, est-il cependant un échange d’un autre ordre, un échange symbolique ?

L’amour du Bien

À cette idée que le don serait toujours une forme d’échange (même s’il n’est pas marchand), on peut opposer l’exemple de celui qui fait son testament. Il ne peut de toute évidence rien recevoir en retour, puisqu’il ne sera plus de ce monde et, par conséquent, n’aura même pas la satisfaction d’avoir fait plaisir par sa générosité.

Qu’est-ce qui le motive alors ? Il semblerait que celui qui s’apprête à donner ces richesses soit gouverné par le souci d’opérer un juste partage de ce qui lui appartient entre ses héritiers, autrement dit par l’idée morale de justice. Dès lors la démonstration est faite que, non seulement il peut y avoir des cas de générosité désintéressée mais qu’en plus, seule l’action désintéressée peut être véritablement morale. La vertu ne peut être subordonnée au plaisir sensible et immédiat. En ce sens, le don reste une fin en soi. Et même s’il s’accompagne du plaisir intellectuel de faire le Bien,

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