Travailler plus nous aide-t-il à mieux vivre ?

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vers une transformation et une complexification. Travailler plus impliquerait davantage un progrès sur la vie des Hommes, ainsi que sur l’Homme lui-même. Le travail est indispensable au progrès de la condition humaine, plus l’Homme travaille, plus il se rapproche d’une fin. Une fin matérielle, l’Homme bâti son propre monde pour faire en sorte de rendre la vie des Hommes plus facile, avec moins de contraintes. Une fin spirituelle, l’Homme en travaillant plus, se travaille lui-même, il progresse intellectuellement en faisant travailler sa raison.

L’enjeu serait alors celui de travailler à l’organisation du monde du travail et des conditions de travail pour parvenir à faire en sorte de satisfaire nos besoins, par le travail, tout en contribuant à faire du travail ce qui permettrait à l’homme de s’émanciper à travers lui. C’est pourquoi travailler plus contribuerait à améliorer la vie des Hommes.

Pourquoi cela contribuerait-il à la dégrader ou détériorer ?

Le travail peut être une forme de domination sociale. En effet, les sociétés capitalistes vivent dans l’excès du travail, dans la productivité permanente, où le bénéfice est plus important que les conditions de travail. L’avènement de la société industrielle engendre une aliénation de l’ouvrier au rythme que lui impose la production et les moyens de production, ce qui doit conduire, de façon irréversible, à un conflit entre la bourgeoisie qui détient les moyens de production et le prolétariat qui vend son énergie, sa force de travail. C’est pourquoi aussi, les rapports entre classes sociales et entre les nations se caractérise par l’extension, l’intensification de la puissance de domination et d’exploitation des plus riches sur les plus pauvres si l’on suit la stricte logique d’une quête du profit. Ainsi, travailler plus dans ces conditions où l’exploitation des plus pauvres par les plus riches est courante, c’est contribuer à poursuivre ce système où la vie des Hommes est loin d’être améliorée, au contraire, elle la dégrade. Ce travail n’est qu’un moyen en vue d’un profit extérieur et strictement matérielle, ne contribuant à aucun enrichissement spirituel en chacun, riche comme pauvre.

C’est engager une grande partie de notre humanité et de son histoire, que d’aménager des conditions de travail qui accroissent les inégalités, privent une grande partie des hommes de leur liberté, et permettent seulement à quelques-uns d’entre eux de dominer et d’exploiter tous les autres, sans plus de considération et d’exigence écologique, économique, politique et éthique. C’est ainsi moins la vie des hommes qui doit se mettre au service du travail, et y être asservie, que le monde du travail qui doit être au service d’une vie toujours plus humaine.

Travailler plus, c’est une autre façon de dire consacrer plus de temps à son travail qu’au reste. Comment se convaincre que le travail permet de mieux vivre ? Si l’on consacre une bonne partie de notre vie à travailler, on ne vit plus à côté; le droit à la paresse et aux loisirs est un bien fondamental. Travailler plus c’est se priver de sa liberté, c’est vendre son temps en vue d’un profit, souvent matériel. Seule compte la réussite professionnelle, où la liberté est conçue comme une absence d’attachements, comme une vie affective déserte. L’homme ne devrait pas sacrifier son temps au travail mais plus se consacrer davantage à sa vie sentimentale, en interagissant avec ses enfants par exemple, qui marque l’expérience d’une richesse exceptionnelle. Gagner plus, c’est bien, mais si c’est au prix d’une vie familiale ruinée, d’un sentiment de perte de sens dans le travail ainsi que d’un manque de reconnaissance, on peut douter que ça en vaille vraiment la peine…

Travailler plus c’est contribuer à dégrader la vie des hommes, les détacher de tout sens et de toute valeur sur la vie qu’ils