Suis-je ce que le passé à fait de moi ?

...

Enfin, dans une certaine mesure nous pouvons dire que le passé a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui car il peut avoir des répercussions sur notre présent. Outre le fait qu'un accident comme évoqué précédemment fait partie de l'histoire personnelle et a des conséquences sur notre identité, le passé peut avoir des répercussions également psychologiques comme le montre les névroses dont sont victimes les malades d'hystéries par exemple. Le psychanalyste Freud a réalisé tout au long de sa vie un travail qui explique les effets incontrôlables de l'inconscient se traduisant par des symptômes. En effet, la névrose est la conséquence du refoulement de désirs, de pulsions qui se traduisent par des symptômes tels que des rêves où des hallucinations. Ces symptômes doivent être analysés par un thérapeute afin de soigner l'individu comme c'est le cas dans le film A Dangerous Method qui met en scène le psychanalyste Jung et une patiente victime de crises d'hystérie à cause d'un traumatisme vécu dans son enfance. Le thérapeute la soigne en lui posant des questions, l'aidant ainsi à découvrir d'elle-même l'origine et la source de la névrose. Nous pouvons donc dire que ces personnes sont aussi ce que le passé à fait d'elles et plus particulièrement des actes, des événements ayant eu lieu dans le passé.

Je suis ce que mon passé a fait de moi car sans mémoire, sans passé, pas d'identité. Lorsque je dis que je suis moi, aujourd'hui, cela signifie : que je suis la même personne que j'ai toujours été. C'est la continuité dans le temps qui nous permet d'accéder à notre identité. Toutefois, je me constitue jour après jour dans le temps qui me fait être et me retiens prisonnier de mon passé qui m'apprend à ne plus faire les mêmes erreurs. Je suis un lien, un entre deux entre mon passé, ce que j'ai été et mon présent ce que je suis devenu grâce à mes expériences passées. Je suis évolutif dans le temps qui me constitue et je peux donc changer. Je reste un être libre au-delà de l'importance de mon passé sur ma vie.

Certes, si mon passé a fait ce que je suis, à l'instant où je décide pour moi de faire ou de ne pas faire, d'agir ou de ne pas agir, je me détermine en fonction de mes expériences d'hier pour me réorienter de nouveau de manière perfectible vers ce qui est le mieux pour moi. Je suis à chaque instant un peu de ce que j'étais hier mais toutefois je me recrée jour après jour sur la base d'une histoire, de mon histoire qui se continue. Ainsi chaque jour est une nouvelle page de ma vie qui s'écrit. Tout reste possible et le futur est pour moi ce que le présent sera dans le moment où j'exercerai ma liberté. C'est à moi de décider la place que je veux donner à mon passé dans ma vie présente et future. Le passé doit me servir de guide mais il a la signification que je lui donne et je peux dès lors lui accorder l'importance que je juge bonne dans l'instant. Mon présent se libère en fonction de mes choix de ce que j'étais dans le passé si telle est ma volonté. Je suis ce que je veux être et tout est en mon pouvoir car j'interprète mes expériences passées selon ce que j'estime important. Le passé n'a sur moi, mon présent et mon avenir que le pouvoir que je lui donne à travers la signification qu'il a pour moi. Ainsi, c'est le rapport que j'entretiens avec mon histoire qui me permet de construire mon identité et non réellement mon passé. Nous pourrions aussi dire que nous ne sommes pas ce que le passé à fait de nous mais ce que nous faisons de notre passé.

Comme nous venons de le dire, nous pouvons choisir l'importance de notre passé sur notre vie ainsi nous pouvons décider de ce que nous voulons faire de notre présent et de notre future car si le passé est irréversible, le futur quant-à-lui est à écrire, il est tel une page blanche à remplir. Le passé ne détermine pas l'ensemble de notre existence car nous pouvons décider à chaque instant de ce que l'on veut faire de notre vie. Nous sommes ce que nous sommes dans le présent. Nous n'existons que dans le présent car le passé n'est plus et nous ne savons pas si le futur sera. Notre liberté est totale, elle n'est pas déterminée. Elle se joue dans le présent et le passé n'influence en rien notre être et notre engagement dans la vie bien que nous pourrons toujours trouver dans notre passé de quoi expliquer ce que nous sommes ou serons, au présent nous gardons la capacité à agir de manière totalement inédite et originale, autrement dit sans rapport avec ce qui précède. C'est une idée qui s'oppose à celle que délivre la théorie philosophique du déterminisme selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents.

Il semblerait que nous ne sommes pas ce que notre passé fait ou a fait de nous car nous restons libres. Il l n'y a donc pas de déterminisme dans le sens où nous serions nécessairement conduits à être tels ou tels par notre histoire. Ce que nous sommes aujourd'hui n'est pas nécessairement le reflet de ce que nous étions hier. Nous pouvons nous libérer de notre passé afin de faire nos propres choix. L'Homme possède le libre-arbitre. Ainsi, la détermination sociale ou personnelle ne détruit pas ce qui fait de nous des êtres humains, à savoir notre liberté. Nous restons libres malgré des déterminismes qui pèsent sur nous, nous ne sommes pas enfermés dans un monde clos comme le sont les animaux par exemple car à chaque instant nous sommes capable de dire « non » et de nous élever contre le déterminisme. Mon existence, qui renvoie au fait d’être et de faire partie de la réalité et ainsi d’être en ce sens un individu particulier qui possède sous une certaine forme les caractères de son espèce, précède mon essence qui peut être défini comme l’ensemble des caractères généraux qui définissent une espèce. Je décide de mon essence et peux devenir avocat même si je suis issu d'une famille d'ouvriers. Sartre pense que l'homme est totalement et absolument libre, c'est ce qu'il écrit dans L'Être et le néant : « La liberté qui est ma liberté demeure totale et infinie ; non que la mort ne la limite pas, mais parce que la liberté ne rencontre jamais cette limite, la mort n’est aucunement un obstacle à mes projets ; elle est seulement un destin ailleurs de ces projets». Pour lui, il n'est pas prisonnier du passé comme il l'écrit dans L'Existentialisme est un Humanisme. En effet il écrit que « nous sommes condamnés