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Parce-que je suis un être conscient, suis-je un être libre ?

Par   •  22 Février 2018  •  1 776 Mots (8 Pages)  •  712 Vues

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Etre libre c’est s’appuyer sur son libre-arbitre, sur sa capacité à se déterminer par soi-même, sans que ses décisions aient une autre cause que mes décisions elles-mêmes. Or, pour Freud, comme il l’explique dans La décomposition de la personnalité psychique, ce « sentiment de liberté » est une illusion, puisqu’il n’est réellement présent que lorsque l’on est confronté à un choix insignifiant. La thèse du déterminisme voudrait donc que tous nos choix et actions soient issus d’un enchainement de causes, dont nous n’avons parfois pas conscience. Notre histoire personnelle marque fortement notre inconscient et s’exerce sur nous sans que nous le sachions ou que nous ne puissions contrôler ses effets. Nous faisons en effet tous l’expérience des failles de la conscience, de pensées et actions qui paraissent inexpliquées, avec par exemple certaines réactions émotives, les actes manqués ou encore les lapsus. Si toutes nos pensées et actions sont dictées par des forces qui nous échappent, comment pouvons-nous encore être libres ? Nous ne pouvons plus, alors, baser notre liberté sur notre libre-arbitre, puisque nous admettons que nos choix nous sont dictés, et non décidés en toute connaissance de cause. Cela signifie que la liberté n’est pas naturelle mais constitue plutôt une conquête, mais alors comment pourrions-nous y avoir réellement accès et être certain d’être un être libre ? Toute aliénation peux-t-elle être empêchée ?

La liberté est d’abord celle qu’on conquiert face aux autres hommes. Ainsi dans Réponse à la Question qu’est-ce que les lumières, Kant explique que la majorité des gens sont encore dans la minorité, c’est-à-dire dans un état de tutelle (ces deux concepts traduisant l’allemand « Unmündigkeit »). De même que Sartre parlera de lâcheté quant au refus de l’homme de faire face à sa liberté radicale, pour Kant les causes de l’état de tutelle de l’homme sont « paresse et lâcheté », l’homme reste soumis à ses maîtres (les livres, les directeurs de conscience, les médecins) par facilité. Mais ce qui lui permet de sortir de cet état de tutelle est la raison, qui est très liée à la conscience puisqu’on peut considérer la raison comme la partie rationnelle et réflexive de cette dernière. C’est au prix des embûches de la raison, d’efforts pour l’utiliser, qu’il pourra s’élever. Pour Kant, cette liberté de tous à l’encontre des maîtres naît de la liberté pour les savants (toute personne ayant une connaissance à partager) de s’exprimer sur la place publique. Ainsi, la première des libertés à conquérir est la liberté par rapport aux tuteurs, et on peut y accéder par la raison.

Mais conquérir sa liberté intellectuelle par rapport aux tuteurs ne suffit pas, il faut aussi revenir sur le problème de l’inconscient, des passions... Si nous sommes obligés d’accepter que l’homme est non seulement soumis à une nécessité biologique et physiologique ou encore à certains de ses désirs et aux incohérences de sa conscience, nous ne sommes pas obligé pour autant de nier à l’homme toute liberté. Car on peut affirmer que ce qui fait notre liberté, c’est notre capacité, grâce à notre conscience liée à note volonté, à nous projeter dans le futur et à constamment établir de nouveaux projets d’avenir. Car la liberté ne serait plus liée à une omnipotence idéale, mais à l’inscription de l’homme dans un monde qui lui impose de prendre en considération une situation donnée. Sartre disait ainsi que la liberté « s’engage » toujours dans une situation particulière et souvent imposée, mais à laquelle l’humain donne sens. La liberté est donc autonome et liée à la volonté de maîtriser nos désirs, sentiments ou aversions, alors qu’il s’agit pour l’homme de se mettre en accord avec lui-même mais aussi avec un futur inéluctable. Il ne peut par exemple être libre que s’il accepte pleinement sa finitude.

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Ainsi, la conscience est bien la condition sine qua non de la liberté humaine, mais elle ne suffit pas à rendre l’homme libre, elle le permet seulement. A l’inverse de l’animal ou de la chose, l’homme conscient de lui-même peut se rendre compte des règles, des normes, mais aussi des passions, bref de tout ce qui fait obstacle à sa liberté, et choisir ou non de les embrasser en toute connaissance de cause. La raison permet à l’homme de construire sa pensée sur ce qui l’entoure et de se faire savant à son sujet et à celui de la société, pour ne pas être esclave de ses opinions, donc de ses tuteurs. Cependant on a vu qu’il était impossible d’avoir une conscience en autarcie, libérée entièrement de toutes les influences, de toutes les émotions, de l’inconscient… La solution gît dans le fait de prendre en compte ces paramètres pour tendre toujours vers plus de liberté.

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