L’idée de liberté est-elle compatible avec le concept de l’inconscient ?
Par Raze • 30 Décembre 2017 • 2 892 Mots (12 Pages) • 939 Vues
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De la même façon, Freud accorde aux rêves un sens caché: nos rêveront l’expression déformée d’un désir refoulé. On peut percer leur sens par un effort d’interprétation fondé sur le principe de l’association libre, c’est-à-dire en se demandant à quoi on associe spontanément les éléments constitutifs du rêve.
Il est souvent dit que les rêves sont une forme d’ « échappatoire » permettant aux individus d’extérioriser ce qui est enfoui dans leur inconscient, et de peut être accéder à la solution pour certains de leurs tourments.
C) Le passage de l’inconscient à la liberté
« Si l’on convient d’appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l’acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre. » Bergson. Le philosophe français exprime en cette phrase, comment le libre acte peut être réellement libre de notre inconscient, sans qu’il soit influencé par celui-ci.
Que le moi ne soit plus maître chez lui, voilà une des conclusions que l'on peut tirer d'une théorie de l'inconscient. Mais qui n’a jamais prétendu qu'être libre, c'était être maître chez soi ? Ceux qui, selon l'expression de Lacan, ont fait de la conscience « le sommet des phénomènes » ; ceux qui ont confondu liberté et maîtrise, liberté et libre arbitre. Mais de telles vues ont déjà fait l'objet d'un débat à l'intérieur même de la philosophie. Un auteur comme Nietzsche, notamment, a remis en cause autant le primat de la conscience que la conception religieuse du libre arbitre. On trouverait aussi chez Spinoza la tentative de créer une philosophie dans laquelle la possibilité d'une liberté humaine n'est pas pensée par rapport à la conscience qu'un sujet prend de lui-même. L'âme n'est que l'idée du corps, et l'on ignore ce que peut un corps. Devenir libre a pour condition de mener sa vie sous la conduite de la raison, mais ne rentre pas dans le projet d'une maîtrise organisée autour de la conscience de soi. La maîtrise de soi, de ses passions n'est tout au plus qu'un effet de la connaissance de l'ordre général de la nature, auquel l'homme ne fait nullement exception. L'homme, selon une formule célèbre de Spinoza, « n'est pas un empire dans un empire ».
Mais la liberté n’est jamais définitivement acquise.
En effet, on sait que derrière la formule de « l’intérêt général » se mêlent souci de l’ordre public, considérations économiques, etc… Pourquoi pénaliser la drogue et pas l’alcool, par exemple ? Chaque société essaie de préserver les fondements immatériels du lien social et d’interdire la transgression de certaines valeurs. Il est évident que les limites sont délicates à tracer.
Dès sa naissance, la liberté de l’homme est donc menacée : le fait de vivre en société est la première menace. Viennent ensuite les conditionnements de toutes sortes : famille, école, travail, etc… Toute société exerce donc sur l’individu un « terrorisme naturel ». Comme dans Le Meilleur des mondes de Huxley, la société idéale élimine presque toujours les individualités qui se font trop remarquer. La liberté n’est jamais un acquis mais une libération incessante.
La liberté est une notion complexe, qui suppose l’activité de la raison en alerte. Qu’on pense qu’elle est le propre de l’homme ou pure illusion, voire tromperie, il faut vivre, affronter des choix. Dans notre monde démocratique, vouloir étendre notre liberté est une source d’angoisse. Sartre l’avait déjà souligné : « Nous sommes condamnés à être libres ». Il nous faut assumer cette tragique grandeur.
- Le renoncement à la liberté
Poser la question de la reconnaissance de l’inconscient, c’est donc d’abord traiter de la reconnaissance d’un « fait » psychologique mais c’est ensuite et peut être davantage traiter d’un problème moral puisque ce « moi » profond découvert, me détermine à travers des processus inaccessibles à la conscience et hors de toute prise volontaire. Je renoncerais alors en reconnaissant cet inconscient, à toute exigence morale et à toute idée de liberté. Mon inconscient m’aliène et domine mes pensées même lorsqu’elles ignorent cette domination à laquelle rien n’échappe: c’est l’idée du déterminisme psychique selon lequel l’essentiel en nous, échappe à l’emprise de notre volonté et à notre conscience.
A) Le principe du déterminisme
Le déterminisme psychique se manifesterait clairement dans un certain nombre de comportements, (pas seulement des comportements névrotiques et psychotiques) à partir desquels il apparait que l’inconscient à l’oeuvre est une puissance active susceptible d’engendrer des troubles de toutes sortes contre lesquelles la conscience semble démunie. L’homme ne serait donc plus « le maître dans sa propre maison » comme le dit Freud dans Une difficulté de la psychanalyse. La théorie de l’inconscient psychique introduit l’idée d’une fatalité au sein de la vie de l’esprit qui devient une sorte de destin intérieur et psychologique, et fait de l’homme un être prisonnier de ses fantasmes. Selon Freud, aucun phénomène psychique n’est dépourvu de cause et par suite, de sens. Rien n’est gratuit dans notre esprit et nos conduites, et tout à un sens: il n’y a pas de hasard. Tout acte, tout mot, se trouvent toujours situés dans un contexte déterminé par l’inconscient qui a sa logique propre et qui produit du sens. Dès lors, tout acte peut dissimuler une intention de l’inconscient.
B) La dépossession de soi
C’est surtout dans les manifestations du corps que l’inconscient se dévoile être une totale source d’aliénation de la personne consciente, volontaire et responsable. L’étude des maladies mentales, des névroses et des psychoses sont le signe extrême d’une dépossession de soi. L’homme est parfois en lutte avec des puissances qu’il ne maîtrise pas, sur lesquelles il n’a aucune prise et qui peuvent le conduire à des comportements inhabituels, pathologiques, à une déstructuration de sa personnalité, à la folie. La liberté semble dès lors bien illusoire, comme l’évoque la fameuse phrase de Valéry: « La conscience règne mais ne gouverne pas ». Cette dépossession est d’ailleurs reconnue pénalement par la justice qui admet l’idée de circonstances atténuantes ou d’irresponsabilité pour les fous, les crimes passionnels,
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