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De l'esclavage des nègres de Montesquieu

Par   •  1 Novembre 2018  •  1 823 Mots (8 Pages)  •  447 Vues

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qui gouvernent et qui ne font pas de loi contre l’esclavage, ce qui rend l’esclavage légal et admis par le plus grand nombre.

Nous venons de voir les différentes manières qu’ont les esclavagistes de justifier leurs actes par la bouche de Montesquieu qui fait comme s’il était l’un des leurs. Mais par le procédé de l’ironie par antiphrase, on peut interpréter le discours de Montesquieu au second degré. Ce second degré condamne l’esclavage grâce à l’ironie : Montesquieu rend les arguments scandaleux et insupportables dans le but de choquer le lecteur et de lui faire partager son point de vue contre l’esclavage.

II – Lecture du texte au second degré : le point de vue de Montesquieu

Montesquieu remet en cause la politique en dénonçant les conséquences du colonialisme et la légalisation de l’esclavage.

• Là où es esclavagistes donnent des justifications historiques à l’esclavage par la colonisation, Montesquieu dénonce le colonialisme et les intrusions violentes faites sur les territoires à l’époque des grandes découvertes, où des populations entières ont été décimées pour leur prendre leurs terres et leurs richesses (les conquistadors par exemple). Ligne 3 « ayant exterminé » est ironique. Cela dénonce la barbarie de la politique colonialiste.

• Dans le dernier paragraphe, l’argument politique est exprimé par antiphrase : « les petits esprits », c’est une périphrase péjorative qu’il faut prendre avec ironie pour désigner les philosophes des Lumières comme Montesquieu lui-même, décriés par les esclavagistes et qui sont en réalité de « grands esprits » puisqu’ils sont les seuls à oser dénoncer le sort des esclaves.

• L’ironie dénonce aussi les esclavagistes qui se réfugient derrière la loi, car l’esclavage est légal et aucune loi ne protège les noirs de l’esclavage. Montesquieu dénonce les « princes d’Europe » en se moquant de leurs « conventions inutiles » c’est-à-dire faire des lois qui ne servent à rien. On remarque l’ironie du vocabulaire choisi, à connotation volontairement religieuse : « miséricorde » et « pitié ». Ces mots dénoncent mieux les gouvernements et les esclavagistes dont le comportement n’est pas celui de chrétiens. Leur seul objectif est l’enrichissement personnel.

Montesquieu remet en cause le système économique qui repose sur des prétextes et sur l’égocentrisme européen.

• Montesquieu exprime son ironie concernant les arguments économiques : Montesquieu montre que l’européen est égocentrique, mesquin et malhonnête : faire baisser le prix du sucre est ridicule, puisque c’est une denrée de luxe destinée seulement aux riches, donc à une certaine élite comme les nobles et les bourgeois, qui veulent ainsi encore des avantages supplémentaires alors que les classes pauvres ne mangeront jamais de sucre.

• De même, les européens se croient supérieurs car seules leurs références dominent en matière monétaire par exemple : ils se moquent des africains qui admirent les babioles et la verroterie, comme s’ils leur reprochaient leur absence de cupidité, ce qui est un comble, mais qui , en attendant, profitent du fait que cela ne leur coûte rien. On remarque dans le texte l’antithèse entre « nègres » et « nations policées » c’est-à-dire « civilisées ».

Montesquieu remet en cause les croyances religieuses chrétiennes qui renient leurs principes en acceptant l’esclavage

• En rapport avec l’intolérance et l’égocentrisme des esclavagistes, Montesquieu dénonce aussi le racisme par les arguments ad hominem qu’il utilise, critiquant le physique des noirs, justifiant qu’on les rende esclaves. Les remarques sont méprisantes : « nez si écrasé qu’il est impossible de les plaindre », et puériles « noirs depuis les pieds jusqu’à la tête », comme si on pouvait l’être à moitié !...

• L’homme blanc est incapable d’accepter la différence et Montesquieu dénonce ce racisme entretenu par les croyances de l’Eglise au moyen de syllogismes d’une parfaite mauvaise foi : les préjugés religieux reposent sur des croyances manichéennes qui disent que le blanc est la couleur du bien et le noir la couleur du mal. Donc, le syllogisme donne bonne conscience aux esclavagistes : Dieu n’a pas pu mettre une âme bonne dans un corps noir et second raisonnement en chaîne : si les noirs n’ont pas d’âme alors ils peuvent être maltraités sans qu’on reproche aux chrétiens d’enfreindre le commandement « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Le syllogisme donne bonne conscience aux esclavagistes chrétiens.

• De même, la référence historique aux égyptiens tend à minimiser le recours à l’esclavage, moins sévère que de tuer les roux et pour tant Montesquieu veut nous faire sentir que c’est tout aussi intolérable et de plus contradictoires, car les égyptiens, considérés par les esclavagistes comme « les plus grands philosophes du monde » sont eux aussi des africains, mais ils sont d’Afrique du nord, leur peau n’est pas noire, donc peu différente de celle des européens, ce qui prouve que l’esclavagiste est intolérant et ne supporte pas la différence, il ne supporte que ce qui lui ressemble.

Conclusion

Par le biais de l’ironie par antiphrase, Montesquieu a voulu persuader le lecteur de l’injustice et de l’inhumanité de l’esclavage en mettant en relief par des sous-entendus, tout ce que l’argumentation des esclavagistes a d’inacceptable. L’esclavage est une injustice et une inégalité dont seuls les philosophes des Lumières semblent se rendre compte. Voltaire le dénonce également lorsqu’il fait apparaître le personnage du nègre de Surinam dans Candide. Cela dénonce la cruauté, la cupidité, l’intolérance, le racisme et le fanatisme religieux qui sont un obstacle au progrès et au bonheur de l’humanité que souhaitent les philosophes.

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