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Les registres de langue

Par   •  23 Avril 2018  •  3 833 Mots (16 Pages)  •  840 Vues

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On distingue généralement au moins trois ordres de variations: la variation diatopique (selon la région), diastratique (selon la dimension sociale ou démographique), et diaphasique (stylistique ou situationnel). Ces trois catégories peuvent être à leur tour découpées transversalement par la dimension “diamésique” (cf.Gaetano Berruto 1987, 1993) qui est un axe continu langue écrite-langue parlée dépendant du support de communication employé. Les observateurs de ces variétés de français qualifiées de non standard affirment qu’il est difficile de distinguer entre les niveaux couramment distingués qui sont en général au nombre de trois ou quatre: soutenu (soigné, recherché, élaboré, châtié, cultivé, tenu, contrôlé), standard (standardisé, courant, commun, neutralisé, usuel), familier (relâché, spontané, ordinaire), populaire (vulgaire). En fait les synonymes proposés recouvrent des particularités différentes soumises au jugement subjectif de chacun: c’est en tout cas ce qui ressort à la lecture de certaines entrées dans les dictionnaires: cocu est classé suivant le cas comme populaire (Dictionnaire du Français contemporain), vulgaire (Le Robert), ou familier (Petit Larousse). Les distinctions entre le terme “familier” (“diaphasique” – distingue entre les productions d’un même locuteur) et le terme “populaire” (“diastratique” - distingue entre locuteurs) sont souvent instables ou confuses. De même si l’argot était jusqu’à il y a une trentaine d’années, une variété du français qui se distinguait des autres par un souci cryptique (c’était la langue des voleurs, des bagnards, du “milieu” et des voyous en général), celui-ci s’est “démocratisé” aujourd’hui et peut être rebaptisé comme l’a fait J.P.Goudaillier “le Français Contemporain des Cités” dont la caractéristique principale est d’être beaucoup plus ludique que cryptique. De même la frontière entre l’oral et l’écrit est souvent perméable: un auteur de romans policiers est amené “écrire” la langue orale lorsqu’il transcrit des dialogues qui doivent refléter autant que possible la réalité, un objectif qui n’est jamais tout à fait atteint: difficile en effet d’être fidèle dans une transcription à l’accent des rappeurs de banlieues: les signaux suprasegmentaux (rythmes, prosodie, débit) ne sont pas traduisibles en mots et, en admettant qu’ils le soient, ils seraient illisibles. (Certains linguistes ont noté que la langue non-standard ne recouvre pas la langue orale: on peut écrire la langue non standard et la plupart des productions orales n’ont rien de particulièrement non standard, en dehors des conversations intimes).

Le familier et le populaire pourront être rangés sous la même catégorie. Cette dernière a été rebaptisée par F.Gadet “Français ordinaire” tant on l’assimile à l’usage quotidien. Ce français ordinaire pourra éventuellement être distingué du français contemporain des cités et de l’argot, deux catégories qui forment un continuum et dont la caractéristique principale est la création lexicale puisque “pour une très large part, la phonétique et la grammaire sont celles de la langue commune”

A- LA VARIATION D’ORIGINE GÉOGRAPHIQUE OU VARIATION DIATOPIQUE

Il s’agit d’un élément de différenciation sociolinguistique important: certains mots, certaines expressions, certaines prononciations permettent d’associer tel locuteur avec telle ou telle zone géographique ou à tel ou tel mode d’habitat. Classiquement on distinguait le milieu urbain du milieu rural. En France l’accent parisien est valorisant par rapport à l’accent du midi ou du sud-ouest qui est ressenti comme relâché, voire “avachi”.

• 1) Variation lexicale

Au sein même du français hexagonal, la diversification lexicale est la règle, beaucoup plus sensible évidemment à l’oral qu’à l’écrit, à la campagne qu’à la ville: bon nombre des particularismes lexicaux répertoriés appartiennent spécifiquement à la langue parlée et n’ont souvent d’existence scripturale que dans les productions dites “populaires” (on appelle dans le midi “la pièce” ce qu’à Paris on nomme “serpillière” ; dans le midi : “devenir tout drôle” veut dire “se sentir mal” ; idem pour nommer le pain, les sacs en papier, tel ou tel légume).

• 2)Variation syntaxique

Semble en voie de disparition.

• 3) Variation phonique:

“Si, dans une boutique de Nice, on entend quelqu’un demander du lait ou du poulet en prononçant un [Є] ouvert, on dira qu’il ‘parle pointu’ parce que les gens de la région sont surpris d’entendre un [Є] ouvert là où ils prononceraient un [e] fermé comme dans thé ou épée. Si la même scène se produit dans une boutique parisienne et qu’on entende quelqu’un demander du lait ou du poulet avec un [e] fermé, on dira de celui qui vient de parler qu’il a “l’accent du midi”. Le timbre du e est soumis à variation: dans le nord, il n’y a pas de différence entre [œ] et [ø]: entre “beurre” et « petit ».

Un phonème [est très présent en finale dans le midi vient combler le trou du système (absence de vélaire nasale): [mЄt∂na] = maintenant

La distinction entre [R] standard et le [r] (roulé), considéré comme lié au milieu rural, est en revanche en déclin.

B- LA VARIATION SOCIALE OU VARIATION DIASTRATIQUE

Il s’agit d’une variation socio-culturelle. L’uniformisation des modes de vie a émoussé les différences entre rural et urbain; il faudrait peut-être aujourd’hui y ajouter le milieu “péri-urbain” des cités ou des quartiers dits “défavorisés” ou « difficiles ». Cette variation liée à l’origine sociale des locuteurs est directement en rapport avec leur âge (il est rare de rencontrer de personnes parlant le français des cités après 40 ans). On peut essayer d’opérer une distinction entre français standard et français ordinaire (FO) d’une part et entre français ordinaire et français contemporain des cités.(FCC) d’autre part : cette dernière variété inclut ce qu’on appelle également l’argot)

•1) Variation phonique: prononciation

Le e muet constitue une zone en cours de reconfiguration.

Règle générale: le e muet (sourd, caduc, instable, intermittent): lorsqu’il est suivi

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