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Le suicide chez l'homme

Par   •  28 Juin 2018  •  2 923 Mots (12 Pages)  •  486 Vues

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Pour pousser plus loin, est-ce qu’on pourrait relier l’acceptation du suicide chez l’homme à certaines tendances historiques ? Comme celle dans l’Antiquité où le suicide était commis après une défaite dans une bataille afin d’éviter la capture et les possibles tortures. On pourrait considérer ça aujourd’hui comme après un échec de vie, on mettrait fin à nos jours afin de s’éviter les possibles tortures sociales comme la dérision ou un sentiment d’échec. Dans le Japon médiéval, l’utilisation du Harakiri ou seppuku était une forme de rituel de suicide masculin dans la classe des samouraïs qui était soit lorsqu’un guerrier estimait immoral un ordre de son maître et refusait de l’exécuter ou soit une façon de se repentir d’un péché impardonnable, commis volontairement ou par accident. Aujourd’hui, on pourrait associer cela à une manière exceptionnelle de racheter ses fautes, mais aussi pour se « laver » d’un échec personnel.

Le suicide, une question d’intégration

Selon Durkheim, un manque d’intégration sociale serait à l’origine même des taux de suicide élevés. Le statut d’intégration social est maintenant considéré sur un plan individuel par l’état matrimonial, le statut de parent et de travailleur ainsi que par le mode de vie des individus. L’importance du réseau social, le fait de vivre seul, d’avoir une conjointe, d’avoir un ou des enfants et avoir en emploi font partie des caractéristiques d’une intégration sociale.

Le nombre d’amis dans le réseau social apparaît comme étant crucial. Dans une étude réalisée en Angleterre en 1999[11], des chercheurs ont comparé 84 personnes de moins de 35 ans s’étant suicidés à 64 personnes vivantes comparables au niveau du sexe et de l’âge et trouvent que les sujets décédés par suicide sont significativement plus nombreux à n’avoir aucun ami (22% contre 5%). Une autre étude suédoise[12] qui a suivi pendant 13 ans un échantillon de plus de 50,000 jeunes hommes âgés de 18 à 20 ans qui avaient été évalués lorsqu’il commençait leur service militaire. Au cours de la période suivie, 683 de ces personnes sont décédés dont 247 par suicide. Suite à un questionnaire leur ayant été remis au début de l’étude, on a pu constater que le risque de décès par suicide était de trois fois plus élevé chez ceux ayant rapporté n’avoir aucun ami. Ces deux études nous montre sans aucun l’ombre d’un doute qu’il y a une corrélation entre le nombre d’amis et le suicide. Il y a également un consensus sur le fait que les hommes fréquenteraient aussi moins souvent leur réseau social que les femmes. Une étude de Santé Québec appuie entre autres ce fait.

Vivre seul est aussi un facteur important lorsqu’on parle d’intégration sociale et de suicide. Ceux vivant seuls seraient plus enclins à se suicider selon une étude de Barraclough et Pallis[13]. Cette étude démontre que 42% des personnes dépressives s’étant suicidées vivaient seules au moment de leur décès comparativement à 7% des personnes dépressives du groupe témoin. Plusieurs autres études démontrent en effet qu’une personne vivant seule est plus à risque de commettre un suicide. Est-ce que le fait que la personne vivant seule ne dépendrait que d’elle-même ou qu’il n’y ait personne qui l’attend rendu à la maison mettrait en doute la propre définition de la vie de la personne, sur une absence complète de sens ou de raison pourquoi continuer. Quelques études suggèrent même que les hommes seraient dépendants de leur conjointe pour combler un besoin émotif et pour aider à maintenir un réseau social familial selon Antonucci & Akimaya[14] et Turner[15]. Ce qui ferait pencher la balance encore plus sur le fait que les hommes vivant seuls seraient plus à risque et plus vulnérable. Ceci pourrait expliquer entre autres la corrélation entre le taux de suicide et les taux de divorces dans certains pays selon Lester[16].

Le fait de ne pas avoir d’enfant pourrait aussi accroître le taux de suicide. On pourrait supposer que l’homme ayant un ou des enfants se voit comme un modèle et voit, comparativement au fait de vivre seul, un certain sens à sa vie et une raison de continuer malgré les moments difficiles qui pourrait arriver au cours d’une vie. Les hommes ayant un ou des enfants et qui auraient une difficulté quant au rôle de parent ou une incapacité de jouer ce rôle serait plus enclin de commettre cet acte impardonnable. On pourrait supposer que c’est en lien avec le point de vue historique que nous avons vu ultérieurement, une façon de se cacher des « tortures » de la société et des jugements portés de notre entourage.

Le travail est aussi considéré comme un effet direct sur les taux de suicide. On pourrait supposer qu’un homme ayant un emploi se sentirait plus comblé dans son rôle masculin et sentirait qu’il fait un effort pour faire avancer la communauté ou pour aider à la maison, tout dépendant du travail qu’il fait. Mais le travail ne serait pas au centre même de l’organisation de la vie sociale de l’homme. L’homme préfère aujourd’hui investir plus de temps dans les loisirs que dans le travail. Le temps de travail dans une journée normale n’excèderait pas plus de 4 heures. Quand l’homme ne travaille pas, l’essentiel de son temps serait d’ailleurs consacré plus au loisir qu’au travail, ce qui fait un lien direct avec l’importance du réseau social. Le lien entre le suicide et le travail serait plus relié par un homme ayant des problèmes mentaux, comme l’alcoolisme et la dépression. Lors de mes recherches, je n’ai malheureusement trouvé aucune étude qui établissait si ces troubles mentaux étaient antérieurs ou postérieurs au chômage.

Le suicide, une question de rôle

Notre dernier point se dirige vers le rôle de l’homme dans la société selon ce qu’il est et selon ce que la société attend de lui. Bien sûr nous pouvons utiliser les stéréotypes que l’homme ne doit pas pleurer, ne doit pas partager sa souffrance. Que l’homme soit indépendant et qu’il fait face aux difficultés de la vie comme si ce n’était rien, car c’est lui « l’homme de la maison ». L’homme réussit dans son travail afin de subvenir à sa famille. Un homme est fort et doit défendre sa famille de toutes menaces extérieures… Bien sûr ce ne sont que des stéréotypes, mais qu’arrive-t-il quand tous ces éléments ne font plus partie de l’origine même de la définition du rôle masculin? C’est entre autres ce que Daniel Dagenais essaie d’explorer dans son texte « Le suicide au Québec comme révélateur de la signification

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