Communication Interculturelle et Rapports de pouvoirs
Par Ackbar • 24 Avril 2021 • Commentaire de texte • 879 Mots (4 Pages) • 816 Vues
Communication Interculturelle et rapports de pouvoir
Introduction
Le document étudié relate les propos de Paul Molga, un journaliste des Echos, à l’encontre des soignants africains d’un hôpital de Marseille: « vous savez à Marseille et à l’IHU, la moitié de la population est africaine et la moitié des soignants est africaine donc la rumeur court vite ». Ces propos, basés sur le stéréotype, ont fait polémique car ont été jugés racistes, aussi bien par Bruce Toussaint que par les internautes, et le principal intéressé a tenté de se rattraper du mieux qu’il a pu. Ce genre de discours amène à se poser la question suivante: en quoi des propos stéréotypés sont-ils constitutifs d’un discours raciste?
Le stéréotype: une arme au service de la discrimination
Tout d’abord, il convient d’expliquer en quoi ce discours repose sur un stéréotype. En effet, dire qu’une rumeur « court vite » parce que la plupart des individus en capacité de la propager sont africains revient au stéréotype suivant: « les africains se connaissent tous entre eux ». Ce propos n’est qu’un cliché parmi tant d’autres, qui circulent encore fréquemment dans la société et consolident un peu plus les perceptions racistes de certains individus. À titre personnel, étant d’origine béninoise et de couleur noire, j’ai eu droit à des propos similaires au cours de mon enfance, notamment à l’école; certains de mes camarades me demandaient régulièrement si je connaissais tel ou tel autre enfant noir de l’école, voire même si nous étions frère et soeur ou cousin et cousine. Là encore, poser ce genre de questions revient à considérer que, de par mes origines africaines, je suis censé connaitre les autres africains. Tous ces propos entrent dans la catégorie de ce qu’on appelle la discrimination indirecte, décrite dans l’article 1 de la loi du 27 mai 2008 comme étant: « une disposition, un critère ou une pratique neutre en apparence, mais susceptible d'entraîner, pour l'un des motifs mentionnés au premier alinéa, un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d'autres personnes, à moins que cette disposition, ce critère ou cette pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et que les moyens pour réaliser ce but ne soient nécessaires et appropriés ». En d’autres termes, cette forme de discrimination n’a pas pour
but d’offenser volontairement la ou les personnes visée(s), mais c’est son caractère dévalorisant qui fait d’elle une discrimination. De ce fait, les propos de Paul Molga à l’encontre des soignants africains restent discriminatoires, bien que cette discrimination ne soit pas forcément intentionnelle.
Le stéréotype: l’expression d’un racisme culturaliste
On peut donner plusieurs définitions au racisme.
Selon l’Encyclopédie Larousse, le racisme est: « 1. une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains » et « 2. une attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes ».
Selon universalis.fr: « le racisme est la valorisation généralisée ou définitive de différences biologiques, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier une agression ».
Au vu de ces diverses définitions, on se rend compte que la notion de racisme se situe à plusieurs niveaux; un racisme en tant qu’idéologie nourrie par des théories et des perceptions, et un racisme qui se matérialise dans l’action et la violence, tant verbale que physique.
Les propos tenus par Paul Molga, quant à eux, ne sont pas proférés dans le but d’une quelconque agression ou d’un dénigrement physique des soignants africains; ils se rapportent plutôt à la culture en elle-même. En effet, ce discours ne discrimine pas la couleur de peau ou les traits physiques des soignants africains, il ne s’attaque pas non plus aux individus en eux-mêmes. Alors, que fait-il? Il dénigre totalement la diversité culturelle de l’Afrique. Chaque pays du continent africain a sa culture, ses spécificités, ses coutumes, ses langues, et par conséquent, considérer que tous les africains se connaissent et interagissent entre eux comme une seule « communauté » est absurde.
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