Approche antropologique: femme et développement rural
Par Plum05 • 18 Avril 2018 • 6 195 Mots (25 Pages) • 627 Vues
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Le contexte socio-économique : Madagascar reste toujours parmi les pays où la taille de population s’accroît rapidement. La population double en vingt ans. Le revenu estimé des hommes est 2 fois plus élevé que celui des femmes. Le total des femmes non instruites est dénombré supérieur à celui des hommes. Or, ce sont chez les femmes au foyer « pauvres » et chez les foyers dont les revenus sont insignifiants, que l’on trouve un contrôle exclusif de l’homme sur les revenus de ménage. L'homme est « le chef de famille qui nourrit», qui délègue à la femme le rôle de gestionnaire de ressources. «C’est toujours l’homme qui décide, cela est «normal» car c’est celui qui travaille. Il ne fait que rapporter son salaire et la femme doit gérer les revenus insuffisants.
Le contexte de santé : la pauvreté touche encore la majorité de la population. La faiblesse des revenus face aux dépenses alimentaires importantes affecte le budget des ménages et limite de ce fait la part accordée à la santé, à l’éducation des enfants et à l’investissement.
Le contexte scolaire : l’analphabétisme est élevé à Madagascar. Plus de 50% des femmes sont analphabètes tandis que le taux est moins de 40% chez les hommes. En milieu rural, le nombre des femmes qui n’avaient jamais été à l’école est supérieur à celui des hommes. Ainsi, pour la société, les filles ont moins besoin d’éducation que les garçons. De plus, la tradition est encore très vivace, surtout dans les milieux ruraux: savoir lire, écrire et compter sont suffisants.
Le contexte culturel: à Madagascar, une part importante du travail des femmes n’est encore ni reconnue, ni valorisée. Cela se répercute sur leur statut au sein de la société et leurs possibilités de participation à la vie de la collectivité. Le temps que les femmes consacrent aux activités domestiques (ramassage de bois, recherche d’eau, préparation des repas, nettoyage et ménage) est supérieur au temps qu’elles consacrent aux activités économiques (activité en dehors des tâches domestiques et rémunérée). Traditionnellement, dans la vie politique et publique, la prise de parole et de décision ne sont pas de ressort des femmes. Les pratiques politiques privilégient les hommes et éliminent généralement les femmes.
Les mythes : les femmes restent encore bien tributaires de la tradition et des règles édictées par la société. La soumission et la subordination de la femme sont inscrites dans la culture malgache. Le rôle de la femme est marginalisé dans certains secteurs d’activités.
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Problématique :
La contribution réelle des femmes dans le développement reste très peu connue et peu documentée. Elle n’est pas, ou pas suffisamment, prise en compte dans les programmes et projets et, souvent, les femmes y jouent un rôle marginal et en tirent peu de bénéfices. Or, comprendre les rôles respectifs des hommes et des femmes dans le développement assure l’efficacité de la réalisation des objectifs. Leur adhésion et active participation sont les garants de la réussite. Les hommes et les femmes ont des connaissances spécifiques et complémentaires à considérer pour un réel développement dans les zones rurales. Ils ont, l’un et l’autre, acquis des compétences particulières et des savoir-faire qu’il faut exploiter et développer, tout en leur offrant des conditions de vie et de travail acceptables. Pour cela, il faut s’assurer d’un accès équitable aux ressources, à l’emploi et aux bénéfices du développement, à travers une législation appropriée, des infrastructures et des appuis adéquats. Alors, quelles sont les voies et moyens à mettre en œuvre pour rendre effectif l’impact souhaité des relations harmonieuses entre les hommes et les femmes pour le développement rural? La question de l'amélioration et de la reconnaissance de la participation des femmes au développement s'impose comme un préalable à la mise en place et à la pérennisation du développement rural.
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REVUE DE LA LITTERATURE
- Isabelle DROY
- Raphaël COCHE
- Marie RAKOTOMAMONJY
- Nicole-Claude MATHIEU
- David W. BROKENSHA, Michael M. HOROWITZ, Thayer SCUDDER
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DROY Isabelle
"Femmes et développement Rural",
Editions Karthala 22-24, boulevard Argo 75013, Paris, 1995.
182p.
Sous l'« Africain moyen » se cachent des disparités régionales et sociales : disparités entre milieu rural et urbain, inégalités à l'intérieur de la paysannerie, vulnérabilité différente au sein d'un même groupe familial entre hommes, femmes et enfants. L'année 1985, marquée par la famine en Afrique, a été la fin de la décennie de la femme « égalité, développement, paix », couronnée par la conférence de Nairobi. En partant de l'idée que "l'oubli" des femmes dans certains programmes de développement rural peut‑être une des raisons de leur échec, l'auteur va analyser les transformations vécues par la paysannerie. Cette analyse sera centrée sur le groupe des femmes productrices agricoles et s'appuie sur cinq monographies de projets étudiés en Afrique, trois au Sénégal et deux autres au Bénin et au Zaïre.
Les deux premiers chapitres de "Femmes et développement rural" sont consacrés au rôle socio‑économique des femmes dans les sociétés rurales. Le problème des femmes est complexe : le statut spécifique des femmes et des hommes est moins en cause que leurs relations et la manière dont celles-ci se définissent symboliquement et « pratiquement ». On doit le considérer sous ses divers aspects. Le rôle des femmes dans la sphère domestique et dans la sphère marchande, le statut social et matrimonial, la division sexuelle du travail, sont autant de facteurs expliquant les pratiques économiques des femmes. L'auteur rappelle ici les recherches en cours sur le thème "femmes et développement". Le sujet du travail est replacé dans le débat anthropologique actuel. L'accent est mis sur l'importance des mutations
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