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"La politique est l'art de se servir des gens" Montherlant

Par   •  23 Août 2018  •  3 497 Mots (14 Pages)  •  708 Vues

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face à celui qui abuse de sa liberté et du pouvoir qui lui a été remis. Ainsi s’était levé le romancier Henry de Montherlant, témoignant de la rancœur citoyenne.

À présent, ont été délimité les différents aspects de notre problématique, à savoir le sentiment d’être manipulé, d’être dupé par de fausses promesses, d’être laissé pour compte une fois les élections terminées, tout cela mêlé à une compréhension parfois approximative des enjeux politiques. À cela on peut ajouter la prédation générale de l’homme sur l’homme dans tout domaine relatif au pouvoir. Mais s’il est bon de comprendre l’étendue du problème, il est encore meilleur d’en appréhender les causes et les origines. C’est pourquoi, toujours selon un schéma analytique, nous allons poursuivre en examinant les causes du malheureux phénomène dont nous avons traité jusqu’ici.

La première partie de cette seconde subdivision de ce travail s’attellera à étudier les origines de la manipulation et du sentiment d’être manipulé qui peuvent se définir comme endémique à la démocratie. En effet, la démocratie reposant sur le débat et la liberté, elle connait aussi les dérives qui en émane.

Premièrement, la démocratie étant basée sur le vote, elle résultera toujours sur la formation de deux groupes opposés. La majorité, qui aura le dernier mot car plus nombreuse par définition, pourra imposer sa vision à la minorité qui aura, dès lors, perdu les élections dans le sens où ses idées et représentants auront été recalés. Ce phénomène, normal et commun à toute démocratie, ne provoque en général aucune suite fâcheuse. Cependant, il arrive que, lorsque l’écart entre majorité et minorité est particulièrement ténu ou lorsque le sujet de votation s’avère particulièrement déterminant, la minorité se rebelle. Et il n’y a aucune raison pour que le peuple dans ses agissements soit plus vertueux que ses dirigeants. Ainsi, majorité et les élus peuvent risquer de se voir discrédités et décrédibilisés par une minorité farouche. Cette dernière, accusant, à raison ou à tort, les élus d’avoir prédominé à l’aide de discours manipulatoire. Ainsi, indépendamment du fait qu’il y ait eu ou non manipulation, il arrive que la minorité, dégoutée et surprise du résultat de votation, ne pouvant comprendre pour quelles raisons leurs concitoyens auraient voté différemment, expliquent le fait par un coup de théâtre du camp politique adverse qui est alors diabolisé. Ainsi, après l‘éléction du très controversé président Donald Trump, des milliers d’américains envahirent les rues et exprimèrent leur colère par le slogan « Not my President ». Ici, il importe peu que Monsieur Trump ait, ou pas, utilisé des arguments fallacieux, ce qu’il faut dénoter c’est la montée du sentiment de s’être fait manipulé à travers un phénomène par nature démocratique.

Deuxièmement, comme l’histoire de la guerre froide nous l’enseigne, un système politique démocratique opte majoritairement pour un système d’économie du marché. Ainsi il est faux d’affirmer absolument que la démocratie est le système où le peuple est monarque. Car tout le système repose en fait sur la stabilité de cette économie capitaliste. Même protégé par une structure forte, un état n’est jamais totalement à l’abri d’une crise majeure. On peut ainsi affirmer que le réel dirigeant en démocratie c’est le marché et par là il s’agit d’entendre l’argent et ceux qui le détiennent. Or ce pouvoir se traduit et s’exerce ouvertement, à la barbe du citoyen. C’est ce qu’on appelle le Lobbying. Car il est véritablement utopique d’imaginer que le politicien n’a pas de compte à rendre à qui a financé sa campagne. Pour en venir au fait, il importe peu des intentions ou du discours d’un élu car en foi au pouvoir celui-ci n’a guère le choix que de respecter ses engagements auprès des gigantesques multinationales. De même, il vaudrait mieux pour lui qu’il reste attentif aux demandes de ces dernières, leur pouvoir économique immense leur permettant d’impacter considérablement sur les enjeux de l’état. En somme, en dépit des attentes des citoyens la liberté de l’économie et les intérêts de ceux qui la contrôlent priment parfois sur ceux des honnêtes électeurs. Encore une fois c’est par le système démocratique que nait cette manipulation.

Troisièmement, la démocratie c’est aussi l’opinion publique. Nous avons parlé auparavant de cote de popularité, nous retrouvons à présent un concept similaire. Or l’opinion publique, il s’agit avant tout pour le politicien de la ranger de son côté et en ce sens il est possible de faire un parallèle entre la tentative de convaincre l’électeur et une forme de séduction. En effet lorsqu’on porte un intérêt sentimental envers une personne et qu’on entre dans un rapport de séduction, il s’agit rarement de convaincre purement et rationnellement l’autre que l’on incarne un bon parti. Au contraire, le jeu se fait tout en finesse et l’affaire tourne souvent autour de détails pourtant apparemment anodins. D’ailleurs il est rare aussi lors d’un rapport de séduction d’apparaitre à l’autre tel qu’on est vraiment au premier abord. Les femmes se maquillent, les hommes usent de petits mensonges et la relation s’installe intrinsèquement à travers une sorte de flou qui se dissipe lorsque des liens de confiances et d’intimité se créent. De même le politicien va user de tous ses atouts pour s’attirer les faveurs de l’électeur ou de l’opinion. Par exemple, sans exposé de cas concret, il est plus aisé d’affirmer qu’il est du devoir des pays libres de détruire le terrorisme à sa souche que d’expliquer à l’opinion l’importance de sécuriser certaines gisements pétroliers au prix de la vie des citoyens à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux. En conclusion, c’est une fois de plus dans la nature de la démocratie que se dessine la manipulation, car comme nous l’avons vu la tromperie est par nature liée à la séduction, qui elle-même est liée à ce besoin de tout mettre en œuvre pour convaincre. Convaincre étant l’un des piliers fondamentaux du processus démocratique.

Sans perdre un instant, glissons vers la seconde subdivision de cet axe qui statuera cette fois du rôle du peuple en lui-même dans un phénomène de manipulation.

Premièrement, de la même façon qu’on pourrait dénoncer la sournoiserie des politiques, on peut pointer du doigt la bêtise populaire. Jean-Paul Sartre, lorsqu’il philosophait sur la conscience et la liberté de l’homme était radical. Il affirmait que l’homme est toujours libre, qu’il est même condamné à assumer cette liberté

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