La poésie est un art, un jeu du langage

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Si la poésie peut être étroitement liée aux sentiments du poète, donc du lecteur, elle peut aussi totalement s’en détacher dans certaines de ses formes.

Le Parnasse, apparu au XIXème siècle, est un mouvement qui s’oppose au romantisme. C’est « L’art pour l’art » d’après Théophile Gautier qui théorise le mouvement dans son roman L’art. Les parnassiens veulent une poésie objective et non plus personnelle, ils refusent tout engagement politique ou social et cherchent avant tout à créer de la beauté. Théophile Gautier dit même « Tout ce qui est utile est laid ». La seule chose qui doit préoccuper les poètes est donc la forme du poème. Les sentiments personnels sont réduit à néant et le pronom «je » n’est pas utilisé. Le « père » de ce mouvement est Leconte de Lisle. Dans son poème Juin, il décrit simplement l’évolution de la nature lorsque l’été arrive. Les poèmes parnassiens sont très descriptifs, parfois historique ou archéologique, comme Les conquérants de Hérédia dans lequel est raconté l’histoire des conquistadores.

Le calligramme est un poème dont la disposition graphique forme un dessin en rapport avec le texte. Cette forme de poème renforce l’idée esthétique de la poésie et prouve que pour certains poètes, la beauté prime effectivement. C’est le cas pour Apollinaire (qui a inventé le mot) dans son recueil Caligrammes avec par exemple le poème La colombe poignardée et le jet d’eau. Ce poème représente une colombe au dessus d’une fontaine.

Si le parnasse rejette les sentiments personnels du poète, pour la poésie didactique , qui est une des fonctions de la poésie les plus anciennes, l’absence de lyrisme n’est pas dû à un rejet. Elle veut simplement transmettre un savoir, peu importe qu’il soit scientifique, religieux, philosophique ou encore littéraire. C’est le cas pour les fables de La Fontaine qui souhaite instruire son lecteur en lui transmettant un savoir moral. Par exemple dans son poème L’avantage de la science, la morale est « Laissez dire les sots ; le savoir a son prix. », il veut donc nous transmettre que le savoir vaut mieux que la richesse.

Il existe également une forme de poésie particulière appelée épopée, qui consiste à raconter les exploits historiques ou mythiques d’une civilisation ou d’un héros parfois mélangés à des évènements fictifs. Il n’est alors pas question de sentiments mais seulement de narration d’actions ou de faits. Par exemple Voltaire, écrit La Henriade, épopée de dix chants en l’honneur de Henri IV.

En conclusion, si la poésie est le plus souvent utilisée comme moyen de transmettre des sentiments et de faire ressentir ces émotions par le registre du lyrisme et différents procédés, ou de canaliser ses émotions en un poème pour toucher les lecteurs et les rassembler autour d’un point de vue ou d’une idée, elle est aussi vue de manière très différentes par de nombreux poètes comme les parnassiens ou les poètes didactiques qui préfèrent séparer leur vie personnelle et leur état d’esprit de leur travail. La déclaration de du Bellay s’avère donc vraie pour définir la poésie mais elle reste incomplète et totalement subjective.